Coup de tonnerre dans le procès d’Avigdor Liberman. Le chef d’Israël Beiteinou est jugé pour fraude, abus de confiance et corruption. Alors que les audiences ont repris la semaine dernière, le principal témoin à charge a soudain fait volte-face. Ce sont les déclarations de l’exambassadeur en Biélorussie, Zeev Ben Aryeh, qui avaient permis d’inculper Liberman dans un premier temps. Mais l’ancien diplomate a soudain semblé se désister, cherchant à torpiller le procès. Mercredi 25 avril, les mains fermement appuyées sur la barre des témoins au tribunal de Jérusalem, il s’est écrié : « Je ne lui ai jamais rien dit ! ».
Rappel des faits. En 2008, alors ambassadeur israélien en Biélorussie, Ben Aryeh reçoit une demande confidentielle de la part du ministère de la Justice, sollicitant l’aide des autorités biélorusses pour enquêter sur d’éventuelles activités de blanchiment d’argent par Liberman auprès, notamment, de certaines banques locales. L’un des trois magistrats en charge du procès Liberman a condamné Ben Aryeh, en octobre 2012, à 4 mois de travaux d’intérêt général pour avoir transmis à l’ancien ministre des Affaires étrangères lesdits documents confidentiels lors d’une visite de celui-ci en Biélorussie, en 2008. Dans son témoignage initial, Ben Aryeh avait même avoué avoir passé plusieurs minutes à expliquer à Liberman les détails de l’enquête.
La stratégie de défense de l’ancien chef de la diplomatie israélienne a été de plaider coupable. A savoir, admettre qu’il avait reçu les documents, mais en minimiser l’importance en affirmant n’avoir pas sollicité les confidences de son subalterne et n’avoir rien appris de nouveau concernant l’enquête le visant. Un argument qu’il serait très facile de réfuter en prouvant que Ben Aryeh a bien passé plusieurs minutes à lui dévoiler les détails de l’investigation.
Le procureur d’Etat espérait donc que ce dernier confirmerait ses déclarations antécédentes contre Liberman, et en faisait son principal témoin à charge.
Mais voilà que Ben Aryeh a présenté une version complètement différente et s’est montré très peu coopératif avec l’accusation, répétant sans cesse « j’ai oublié », en réponse aux questions de son interrogatoire.
Et de sembler retrouver la mémoire lors de son contre-interrogatoire par la défense… En fin de compte, l’ex-ambassadeur a donné à croire qu’il avait simplement transmis un bout de papier à Liberman et que celuici l’avait immédiatement jeté. Il n’aurait pas évoqué l’enquête de vive voix avec l’ancien ministre, car il aurait craint d’être enregistré par les autorités biélorusses.
Enfin, il a prétendu avoir fait ses déclarations antécédentes « sous la pression et la menace ». Perdant patience, le procureur a rappelé à son témoin qu’il avait lui-même relu, corrigé et signé ses déclarations signées. Mais en vain.
Les audiences devaient reprendre mardi 30 avril. L’accusation devait appeler à la barre plusieurs hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, ainsi que l’ancien ministre adjoint de Liberman, Danny Ayalon, jeudi 2 mai.
Source JerusalemPost