Jabhat al-Nusra, le groupe djihadiste opérant en Syrie, classé comme organisation terroriste par plusieurs pays dont les Canada et les USA, vient d'annoncer sa fusion avec Al Qaïda en Irak, la branche irakienne d'Al Qaïda. Une déclaration qui a le mérité de clarifier la situation, mais aussi de jeter une ombre sur l'opposition syrienne qui admet collaborer sur le terrain avec Jabhat al-Nusra.
Jabhat al-Nusra joue un rôle de plus en plus important dans les affrontements de la guerre civile syrienne, combattant dans les batailles clés, mais menant aussi des attaques suicides meurtrières d'envergure.
Si le groupe n'avait pas fait mystère de ses liens avec le djihad mondial et notamment irakien, c'est la première fois qu'il se déclare officiellement comme une composante d'Al Qaïda.
Selon le leader d'Al qaïda en Irak, a fusion a donné naissance à un mouvement plus vaste, "l'état islamique d'Irak et du Levant".
Le groupe irakien a, à cette occasion, révélé qu'il a affecté la moitié de ses ressources financière au conflit syrien.
L'annonce va probablement semer le trouble chez les pays qui soutiennent l'opposition syrienne et notamment parmi les états – France en tête, Grande Bretagne et USA – qui souhaitaient livrer des armes aux rebelles syriens.
D'autant que l'opposition syrienne n'a jamais caché qu'elle respectait Jabhat al-Nusra en raison de son implication dans les combats.
Il va donc être difficile de "faire le tri", contrairement à ce que laissait entendre Philippe Lalliot, porte parole du Quai d'Orsay, tant les combattants sont mélés sur le terrain, et leurs intérêts convergents.
La France, qui a armé les rebelles libyens opposés à Kadhafi, a, sans surprises, retrouvés ces armes braquées sur les soldats français au Mali.
Jabhat al-Nusra a émergé au début de l'année 2012, comme une excroissance de la branche irakienne d'Al Qaïda; le groupe était alors une petite composante du patchwork qu'est l'opposition syrienne.
Jabhat al-Nusra a gagné rapidement en importance, jusqu'à réaliser des actions remarquées sur le champ de bataille; au cours de la dernière en date, près de 50 soldats syriens ont été tués dans une embuscade sur la frontière irakienne ou ils avaient trouvé refuge, une zone frontière où al Qaïda opère librement, notamment en Irak.
En terme de nombre de combattants, Jabhat al-Nusra représenterait plus du quart des combattants engagés contre les troupes de Bashar Al Assad.
Mais on peut sous estimer le nombre de "combattants "étrangers", en clair de djihadistes venus du monde entier combattre le régime syrien – on estime leur nombre à 5000 – dont l'essentiel se retrouve dans les rangs de Jabhat al-Nusra .
Dans un éditorial publié mardi par le Washington Post, le Premier ministre irakien estimait qu'une "Syrie contrôlée même partiellement par Al Qaïda sera plus dangereuse pour les pays de a région que tout ce que nous avons connu".
Les groupes djihadistes irakiens et syriens partageraient trois centres d'entrainement mais également la logistique et l'armement, particulièrement autour de la frontière syro-irakienne qui constitue désormais la base arrière de Jabhat al-Nusra.
L'Irak a d'ailleurs demandé aux Etats-Unis de pouvoir utiliser des drones dans cette zone, à la fois pour surveiller et mener des opérations militaires ciblées.
En mars dernier, le chef d'Etat Major israélien, Benny Gantz, estimait que le danger le plus crédible pour Israël, en provenance de la Syrie était la montée en puissance des groupes liés à Al Qaïda, leur potentialité à s'armer et à faire face à l'état hébreu, ou à mener des attaques suicides ou attentats depuis des portions de territoires syriens qu'ils contrôleraient.
Source Israel Infos