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mercredi 10 avril 2013

Après un nouvel échec des pourparlers, les options envisageables pour faire plier Téhéran diminuent à vue d’oeil.



Nouvel échec des négociations entre le groupe 5+1 et l’Iran, ce week-end. Prévisible, grommellent certainement les Israéliens. Les 6 puissances (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne) ne s’avouent pas pour autant officiellement vaincues.

Mais il est vrai que la coercition exercée sur Téhéran semble peu à peu s’éroder. Côté américain, plusieurs experts politiques expliquent l’absence d’engagement du président Obama dans la guerre civile en Syrie par la volonté de se garder une marge de manoeuvre face à la République islamiste. Une stratégie bien évidemment officieuse, mais qui laisse craindre que Washington se sente de moins en moins apte à faire plier les Iraniens.
Côté britannique, le député Jack Straw, ancien ministre des Affaires étrangères, a récemment signé une tribune dans le Telegraph dans laquelle il s’interroge sur la valeur de la menace militaire brandie par les puissances occidentales. Titre de l’article : « Même si l’Iran obtient la bombe, une entrée en guerre ne serait pas justifiée ». De tels arguments ne sont sûrement pas isolés dans les couloirs du pouvoir britannique.
Mais reste à savoir si les leaders occidentaux sont eux-mêmes en train de glisser vers une approche plus laxiste. Pour le professeur Barry Rubin, expert en terrorisme et en affaires du Proche Orient, la tribune de Straw prouve avant tout que « l’Occident faiblit » dans les négociations face à Téhéran.
« Obama continuera de répéter que toutes les options sont envisageables jusqu’à ce que l’Iran se dote de l’arme nucléaire », prédit-il. Et d’ajouter que le président américain voudrait idéalement que le régime iranien demeure à la limite entre l’obtention de l’arme et sa non-obtention, ce qui éviterait une offensive militaire aux Etats-Unis.
 


« Les Iraniens sont moins bêtes que leurs adversaires »


Téhéran semble s’accommoder de ce jeu de dupes puisque son programme nucléaire ne dépasse pas, pour le moment, les limites fixées par Israël.
En septembre 2012, face à l’Assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre Binyamin Netanyahou a exigé que l’Iran ne dépasse pas les 20 % d’uranium enrichi. Alors que les négociations avec les puissances occidentales sont entamées depuis longtemps, cette demande prouve que la stratégie iranienne, à savoir traîner des pieds, commence à influencer l’état d’esprit des leaders occidentaux. Mais de leur côté, ontils réussi à influencer la République islamique par les menaces répétées d’une offensive militaire ? Téhéran semble avoir procédé à des ajustements mineurs dans sa tactique. Mais, à tout prendre, le régime continue sa course à l’armement nucléaire tandis que l’Occident hésite entre frappes préventives, d’avantages de sanctions ou une stratégie de confinement.
Pour le professeur Zeev Magen, directeur du département des études du Proche-Orient à l’université de Bar-Ilan, « les Iraniens sont trop malins pour avaler » les spéculations américaines et israéliennes sur une attaque imminente.
Et de blâmer la vison à court terme occidentale, en citant l’échec des renseignements américains à prévoir, dès 2007, que l’Iran se visait la bombe atomique.
Des lacunes qui inquiètent aujourd’hui Israël, tout comme les musulmans sunnites, ennemis historiques de l’Iran. « Téhéran sait voir à long terme, et de façon moins superficielle. En d’autres termes : ils sont moins bêtes que leurs adversaires », tacle l’expert. « Ils savent que l’apparition ou la disparition d’une information dans les médias occidentaux ne fait pas tout. Ils sont concentrés sur leurs objectifs tout en étant prêts au pire. Nous devrions en prendre de la graine ».


Source JerusalemPost