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mardi 12 mars 2013

Menachem Froman, la disparition d'un homme paradoxal



Des milliers de personnes ont assisté la semaine dernière aux funérailles du rabbin Menachem Froman à Tekoa, une implantation juive dans le désert de Judée. Tous ont rappelé le rabbin mystique et militant qu'il était, un personnage paradoxal unique dans le paysage religieux et politique d'Israël.

Le rabbin Menahem Froman ,est décédé d'un cancer à l'âge de 68 ans, croyait que la religion et l'amour de la terre pourraient rassembler les juifs et les musulmans au lieu de les diviser.
Sa vision n'était pas sans contradictions - il cherchait un partenariat avec les Palestiniens sur un pied d'égalite, tout en vivant lui-même dans une implantation à la fondation de laquelle il avait participé.
Ses idées ont suscité de l'intérêt mais peu de disciples.
Nombreux étaient ceux attirés par sa nature attachante et décalée, par sa volonté de faire fi de la critique, et de poursuivre une voie originale ; enfin l'intensité de sa foi ne laissait personne indifférent.

Ainsi, Ziad Sabatin, un Palestinien de la ville de Hussan, militant à Terre de Paix, un de ces groupes inspirés de la philosophie du rav Froman, explique que pour lui le rabbin, "notre maître", dit-il respectueusement,"n'était pas un colon, c'était une personnalité particulière ".
Il se souvient particulièrement de ces réunions que le rabbin tenait avec les dirigeants palestiniens du Fatah et du Hamas.

Dans une interview au quotidien Haaretz en 2012, Menahem Froman présentait la Judée-Samarie comme étant "l'endroit où le vrai contact s'établit entre les cultures juive et musulmane".
Dans sa vision du monde, les implantations juives n'étaient pas un obstacle à un accord de paix mais une occasion de se rencontrer :
"les doigts de la main tendus pour la paix".
Les Juifs doivent y rester, prônait-il, même si Israël cède les territoires car ils sont l'expression d'une connexion juive éternelle à la terre d'Israël qui transcende la politique.

Cette volonté affirmée de rester habiter à Tekoa sous contrôle palestinien si une solution devait être trouvée, lui valait l'opprobre d'autres habitants des implantations.
Yehuda Liebes, professeur de pensée juive à l'Université hébraïque et partenaire d'étude du rabbin Froman pendant de longues années, raconte pour sa part que lors d'une interview dans laquelle on lui demandait ce qu'il ferait si Tekoa devait être évacué, il n'avait su que répondre, d'une voix étranglée :"j'en mourrai".
"Ce que je veux pour moi, je le veux aussi pour les autres, avait-il coutume de dire. Je veux un État juif, je veux qu'il y ait aussi un État arabe. J'aime Jérusalem, je veux qu'ils aient Jérusalem aussi".
On peut peut-être le considérer comme un "rêveur", concède un de ses élèves, Shaul Judelman, mais "on doit reconnaitre qu'il avait le sens de l'histoire juive.

Nous, nous sommes englués dans nos propres vies, pour les dix, vingt ou trente prochaines années. Lui savait regarder les choses au delà."
Malgré ses efforts, les contacts qu'il arrivait à créer entre Israéliens des implantations et Palestiniens, n'étaient pas des plus naturels quand ils arrivaient à exister.
Le rabbin Menahem Froman pensait néanmoins que les êtres humains, au lieu de se haïr et de se méfier, devraient plutôt regarder l'étincelle divine qui est dans l'autre. Et c'est ce que lui voyait.


Source Israel Infos