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mardi 8 janvier 2013

Le «Printemps palestinien» vu par Marwan Barghouti


C'est l'agence de presse palestinienne Maan News cette fois qui rapporte une interview peu banale de Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah très populaire pour avoir été le cerveau de la seconde Intifada en 2000 après avoir joué un rôle notable dans la première Intifada également. Il a d'ailleurs été réélu au Conseil Législatif palestinien alors qu'il était en prison.

Condamné à la prison à vie – cinq termes de prison à vie – par Israël,  il accorde des interviews reprises par nombre de médias. Ainsi annonçait-il fin décembre sur une chaîne de télévision israélienne et depuis sa cellule « une troisième Intifada si l'occupation israélienne se poursuivait ». Ce qui avait été repris localement par les trois quotidiens palestiniens et les médias israéliens.

Aujourd'hui « son bureau politique distribue » - on notera au passage la manière privilégiée dont est traité ce prisonnier palestinien responsable de la mort de centaines de personnes - une nouvelle interview dans laquelle il incite les Palestiniens à organiser « des protestations populaires de masse pour forcer les dirigeants politiques de son parti et ceux du Hamas à se réconcilier ». Manifestations qui seraient un « Printemps palestinien » nécessaire destiné à « mettre un terme à une division de cinq ans entre des gouvernements distincts en Cisjordanie et à Gaza ».

Précision apportée par ce dirigeant du Fatah : « des jeunes de toutes les opinions en Cisjordanie, à Gaza et en  Diaspora devraient tenir des sit-in devant les quartiers généraux de ces partis jusqu'à ce que cesse cette division ».

Une grève de la faim des prisonniers envisagée pour forcer Fatah et Hamas à s'unir

Estimant que ce qui manque est la volonté politique pour y parvenir Marwan Barghouti notait qu'il y a actuellement des discussions entre les prisonniers pour examiner quelles mesures seraient possibles pour ce faire, y compris une grève de la faim ». Il déclarait : « ni l'histoire, ni le peuple, ni les martyrs, ou les prisonniers appartenant à tous les partis ne pardonneront à aucun dirigeant de faire obstacle à la réconciliation nationale ».

Il insistait par ailleurs sur ce point : «  l'Autorité palestinienne ne doit pas être dissoute à cause de l'absence de négociations, mais elle devrait plutôt redéfinir son programme politique pour s'assurer qu'il est pleinement dans l'intérêt national et non pas pour protéger Israël et son entreprise de colonisation ».

L'un des signataires du « Document des Prisonniers » flirtant avec les thèses du Hamas

En 2005 Marwan Barghouti avait été candidat indépendant à la présidence palestinienne et était arrivé second, loin derrière Mahmoud Abbas, alors qu'il était pratiquement à égalité dans les sondages. Et Maan News rappelle « qu'il avait été l'un des signataires du « Document des Prisonniers » de 200e dans lequel les dirigeants emprisonnés appartenant à différents partis définissaient un programme commun pour l'indépendance nationale ». Toutefois Israël considérait que ce Document n'avait pour but que de résoudre les problèmes inter-palestiniens et qu'il « tournait résolument le dos à toute possibilité de paix avec Israël ». Entre autres, s'alignant sur les positions du Hamas, il ne reconnaissait pas l'existence de l’État hébreu, insistait sur sur « le droit au retour  de tous les réfugiés palestiniens chez eux », à l'intérieur d'Israël y compris, déclarait légitime « le droit à la résistance par tous les moyens, attaques contre des civils comprises. 

On notera que dans cette interview Marwan Barghouti vient appuyer ce qui semble être une demande populaire de réconciliation telle qu'elle s'est manifestée en Judée Samarie comme à Gaza dernièrement lors des célébrations des anniversaires respectifs du Fatah et du Hamas. Ce qui pose, bien entendu, le problème de ce que serait le programme commun dès lors que l'un des partenaires appelle à la destruction pure et simple d'Israël et aussi de savoir quel parti l'emporterait sur l'autre. Mahmoud Abbas ne manquant pas une occasion de rappeler que le seul représentant légitime du peuple palestinien est l'OLP. Organisation à laquelle le mouvement terroriste qu'est le Hamas n'appartient pas pour l'heure.
Or, clairement, Marwan Barghouti a tendance à flirter avec les thèses du mouvement qui règne dans la Bande de Gaza.


Source Crif