Beit Shemesh est située à 30 km de Jérusalem. Depuis les années 1990, la ville est peu à peu devenue une annexe de la capitale, et ce particulièrement pour la communauté religieuse.
Dans les années 1990, le ministère de la Construction et du Logement décide de faire de la localité le havre de la population débordante de la capitale. Beaucoup de familles pratiquantes, ultra-orthodoxes en tête, ne peuvent se permettre d’honorer les exigences du marché locatif de la capitale. Tout naturellement, Beit Shemesh va ainsi constituer une alternative financièrement intéressante.
A l’époque, deux autres décisions importantes sont également prises par le gouvernement, qui vont affecter la ville et son parc immobilier, jusqu’à aujourd’hui. Mais créer des maisons pour les religieux et les haredim de Jérusalem restait la tendance dominante.
Aujourd’hui, plus de 50 % de la population de Beit Shemesh, dirigée par Moshé Aboutboul (Shas), est pratiquante. Et avec la construction massive de nouveaux immeubles, la tendance va certainement s’accroître encore davantage. La ville est en outre la destination préférée des nouveaux immigrants religieux originaires de France ou des pays anglophones.
Beit Shemesh a vu le jour au début des années 1950. Comme la plupart des villes fondées au cours de la décennie qui suit la création de l’État d’Israël, elle affiche deux fonctions principales : assurer des logements pour les vagues d’immigrants et créer une présence israélienne dans ce qui n’était qu’un terrain vague autour de Jérusalem. Elle a réellement pris vie en 1950, quand le camp de transit pour nouveaux immigrants de Har-Touv est établi dans la région.
Les résidents permanents vont commencer à s’installer à Beit Shemesh en 1952.
Ville-type de développement
Aujourd’hui, la ville jouit d’une population de 100 000 habitants, incluant la banlieue de Ramat Beit Shemesh.
Celle-ci a été construite sur les ruines du village arabe de Beit Natif, qui avait lui-même été érigé sur une ancienne ville de Judée.
Les vestiges historiques de la ville sont toujours en évidence, tels que certains sols en mosaïque.
Jusque dans les années 1990, Beit Shemesh est perçue comme la ville-type de développement. Avec une population de moins de 30 000 habitants, les emplois sont plutôt rares, les systèmes d’éducation relativement faible et la population compte essentiellement des familles sans le sou principalement originaires d’Afrique du Nord.
Puis tout va commencer à changer au début des années 1990, avec un important afflux de nouveaux immigrants venus d’URSS. Ils sont alors quelque 8 000 à constituer la première vague, très différents des habitants déjà établis. La population d’origine était jusque-là orientale, et religieuse, au contraire de ces nouveaux arrivants séculaires et dotés d’un bien meilleur niveau d’éducation.
Très vite, les tensions apparaissent. On trouve ici et là des boucheries non casher qui vendent du porc, parmi d’autres mutations. Et un parc industriel voit le jour, pour attirer industries modernes et autres compagnies de high-tech. Car il fallait bien proposer des emplois à ces Russes diplômés.
Les premiers habitants de Beit Shemesh redoutent alors de voir leur mode de vie traditionnel et religieux par trop bousculé. Et tel sera le cas. Non pas à cause des nouveaux immigrants d’Europe de l’Est, mais en raison des centaines de familles ultra-orthodoxes qui vont arriver plus tard, en s’installant en priorité à Ramat Beit Shemesh Bet.
Quand les nouveaux immigrants d’URSS posent leurs valises à Beit Shemesh, le gouvernement est confiant : il a bon espoir de les voir se mêler aux populations déjà sur place.
Mais l’arrivée des haredim va modifier l’ordre des choses, puisque le ministère de la Construction et du Logement décide alors de créer un quartier séparé, doté de ses propres infrastructures. Il sera construit dans les environs de la localité, sur une montagne qui domine la région : Ramat Beit Shemesh était né.
Beit Shemesh dispose d’une autorité gouvernementale locale qui administre les deux villes. Même si la distinction est claire : l’ancienne localité a gardé un mélange de population séculaire et traditionaliste, alors que le quartier de Ramat Beit Shemesh est presque exclusivement religieux.
Conséquence : de réelles différences sur le plan immobilier entre les deux quartiers.
Quant à Guivat Sharret, il est situé sur l’un des plus hauts points de Beit Shemesh, et sa population est plus séculaire.
Sheinfeld – un quartier de Guivat Sharret – compte une forte concentration d’anglophones. A tel point que quand Yifat Hashemesh Ltd., vaste société de développement, a commencé à construire la zone, elle a engagé une forte main-d’oeuvre anglophone. Aujourd’hui, le secteur a pris de la valeur.
Selon Shelly Levine, directrice d’une agence immobilière : « Tout a commencé dans les années 1990, quand l’endroit est devenu prisé. Jusque-là, Beit Shemesh n’était qu’une petite bourgade dormante, au milieu de nulle part – ni vraiment Jérusalem, ni vraiment Tel-Aviv, mais proche des deux ».
Toujours est-il que les choses ont changé de manière drastique. La culture des oranges a disparu peu à peu, au profit des compagnies de high-tech et d’informatique.
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes couples qui peuplent le quartier occupent deux emplois, un à Tel Aviv ou à Ramat Gan et un autre à Jérusalem. Leur installation doit aussi beaucoup à l’organisme qui encourage à l’aliya des anglophones, Nefesh B’Nefesh.
C’est ce climat de changement qui a poussé Shelly Levine à cibler le marché anglophone. Un succès. A ce jour, la communauté ne cesse de s’épanouir dans des logements de haute qualité. A Sheinfeld, l’accent est mis sur la construction de grands appartements. Mais il existe aussi des maisons jumelées.
Pour autant, la situation immobilière à Guivat Sharret, y compris le quartier de Sheinfeld, est actuellement sur une mauvaise pente. Le secteur de l’immobilier dans l’ensemble du pays stagne. Et Beit Shemesh n’échappe pas à la règle.
Selon un spécialiste du marché : « L’offre est aujourd’hui supérieure à la demande. Ce qui a un effet direct sur les prix d’une part, et sur la quantité de transactions d’autre part ».
Source JerusalemPost