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jeudi 27 décembre 2012

L'énigme juive ...



Que sont les Juifs? Qu’entendons-nous par « être juif »?
C'est une question qui parait être toute simple et pourtant… (Essayez donc d’y répondre pour voir!).

Les gens répondent généralement de trois manières différentes mais chacune de ces réponses se révèle problématique:

1.   Nous sommes une religion. Tout comme il existe des Chrétiens, des Musulmans et des Bouddhistes, il existe aussi des Juifs.
Problème: L’«appartenance» à une religion s’établit par le respect de ses croyances et de ses pratiques, du moins pour toutes les autres religions du monde. En effet, vous ne pouvez pas rejeter la croyance en la divinité de Jésus et continuer à vous faire appeler Chrétien. Et de même avec le Bouddhisme, l'Hindouisme, etc. Pourtant, un Juif peut se dire athée, peut totalement rejeter toutes les valeurs juives, croyances et pratiques, et être malgré tout 100% Juif. Ce n’est donc pas une religion.

2.   Nous sommes une race. Ce serait donc comme être latino, noir ou asiatique. Si vous êtes né ainsi, vous en faites partie. Cela n'a rien à voir avec ce en quoi vous croyez. C’est simplement dans votre sang.
Problème: Tout d'abord, il y a des Juifs de toutes races ; des Juifs orientaux, des Juifs éthiopiens, des Juifs iraniens, des Juifs occidentaux... marchez simplement dans les rues en Israël et vous verrez – cela ressemble à une assemblée de l’O.N.U. De plus, nous savons que d'être juif n'est pas une race puisque tout le monde peut nous rejoindre. Il est possible de se convertir et devenir juif. Mais vous ne pouvez pas devenir chinois. Vous pouvez aller habiter en Chine, y apprendre la langue, devenir citoyen du pays, manger chinois mais vous ne pouvez modifier votre race. Etre juif n'a donc rien à voir avec une race.

3.   Nous sommes une nation. Il existe des Français, des Allemands, des Italiens et aussi des Juifs. Vous n'avez pas besoin d'être né ainsi ni d’être obligé de respecter des pratiques ou croyances.
Problème: La définition classique d’une nation passe par une terre commune, une langue commune, une histoire et une culture communes. Les Français vivent en France. Ils parlent le Français. Il existe une histoire et une culture françaises que les Français ont en commun. Et il en va de même pour les Italiens, les Japonais, les Allemands, etc.

Le peuple juif a t-il une terre commune? Eh bien, oui, enfin si on veut car c’est une terre commune dans laquelle ne vivent pas la plupart des Juifs!
Avons-nous un langage commun? Kamma Mechem medabrim ivrit? (Si vous dites "heeein?" vous venez d’apporter de l’eau à mon moulin).

Avons-nous une culture et une histoire communes? On peut dire que tous les Juifs - séfarades, ashkénazes, yéménites, éthiopiens, iraniens avaient une histoire commune il y a 2.000 ans, lorsque nous vivions tous en Terre d’Israël. Mais maintenant? La plupart d'entre nous ont beaucoup plus en commun culturellement avec nos voisins non-juifs qu’avec un Juif du Yémen ou d’Ethiopie.
Cette question me préoccupa pendant des années jusqu'à ce que mon ami et mentor, le rabbin Shalom Schwartz, découvrit la réponse étonnamment simple du rabbin Adin Steinsaltz qui tient en deux mots.
Le rabbin Steinsaltz souligne que la référence la plus courante pour le peuple juif dans la Torah est le terme de "Bnei Yisrael", littéralement les enfants d'Israël. Pourquoi? Parce que nous sommes tous les enfants de notre ancêtre Jacob, dont le nom fut changé en Israël.
Ainsi, chaque Juif qu’il vous a été donné de rencontrer jusqu'à ce jour est un enfant de Jacob. Alors que sommes-nous finalement?

Une grande famille !

Cette réalisation nous permet de créer un lien immédiat avec les Juifs du monde entier: Juifs face à l'antisémitisme en France, Juifs «assimilés» aux Etats-Unis, Hassidim, Éthiopiens, soldats, Juifs dans des abris de Sdérot, Juifs fiers et Juifs désinvoltes, convertis (ceux adoptés par notre famille), gauchistes et tendance dure ... nous sommes tous une seule et même famille!
Et nous avons une maison! Beaucoup d'entre nous du moins le ressentent ainsi lorsque notre avion atterrit en Israël. Nous n'avons peut-être pas les plus belles plages du monde, ni les musées ou cafés les plus en vogue ou les tout derniers spectacles mais quoi! C'est chez nous. Et rien ne peut se comparer à notre « chez nous ».

Et oui, aussi, nous sommes parfois une famille dysfonctionnelle dont les membres ont des opinions, des coutumes et des pratiques différentes, tout cela sous un même toit. Mais dans toute famille saine, les gens s’aiment qu’importe s’ils ne pensent pas tous de la même façon. (Croyez-moi, je sais de quoi je parle... J'ai des ados chez moi). Vous les aimez, même si vous pensez qu'ils sont fous (rappelez-vous…mes ados…).
Cette prise de conscience de n’être qu’une grande famille élargit nos frontières. Comment pouvons-nous voir notre famille à Sdérot sous les bombes et penser que c'est «leur problème»? Comment les Juifs en Occident peuvent-ils considérer la menace nucléaire iranienne comme étant uniquement le problème d'Israël? Comment peut-on regarder des Juifs perdus, à la dérive, incapables de retrouver leur chemin, et penser que "pourquoi pas, tant qu'ils sont heureux»?

En plus d'être appelés les enfants d'Israël, la Torah nous appelle aussi Am Yisrael, la Nation d'Israël. Cela ajoute une autre dimension : celle d’être une famille unique, car chargée d’une mission dans le monde. Nous sommes une nation qui doit avoir un impact sur les autres nations. Leur donner l’exemple. Leur montrer ce que sont la bonté, la justice, la responsabilité, et être ainsi une "lumière pour les nations." Mais être une lumière ne signifie pas devenir missionnaire. Cela signifie prêcher par l'exemple.
Avant que ne fut inventée l’électricité, la construction des maisons se faisait en prévoyant des fenêtres souvent étroites à l'extérieur et plus large vers l'intérieur, afin de laisser entrer plus de lumière. Les Sages du Talmud posent la question: Pourquoi les fenêtres dans le Saint Temple étaient-elles faites à l’inverse - plus étroites à l'intérieur et plus larges à l'extérieur ? Ils répondent ainsi: leur but n’était pas de laisser entrer la lumière naturelle du dehors dans le Temple mais de projeter au contraire la lumière spirituelle de la Menorah vers l’extérieur. Ainsi, en allumant les bougies de Hanoucca, visibles de l’extérieur, nous avons perçu la puissance et le potentiel du peuple juif. Plus la lumière générée par notre famille juive est forte – en amour, justice, compassion, sagesse, valeurs sociales, plus les autres peuvent bénéficier de la clarté qu’elle dispense.
Si nous parvenons à construire nos familles et nos communautés, tendre une main vers l’Autre, véritablement montrer ce que signifie avoir des rapports de frères et sœurs, alors, nous générons une lumière qui peut sincèrement être source d’inspiration et guérir le monde autour de nous, la lumière d’une humanité fraternelle.


Source Aish.fr