mercredi 26 janvier 2022

À l’Opéra de Lille, “Like Flesh” de l'israélienne Sivan Eldar flirte avec l’écoféminisme


La création de Sivan Eldar fait son miel des nouvelles technologies dans un conte politique questionnant au féminin les désordres créés par l’Anthropocène. Premier opéra de la compositrice israélienne Sivan Eldar sur un livret de l’Anglaise Cordelia Lynn, Like Flesh s’empare des débats d’aujourd’hui pour porter sur la scène lyrique les questions du genre et les préoccupations de l’écologie face aux dérèglements climatiques......Détails & Video.....

L’argument de l’œuvre prend source dans Les Métamorphoses d’Ovide, en revisitant le récit où Daphné se transforme en laurier pour échapper au harcèlement sexuel d’Apollon. 
“Il y a deux thèmes enchevêtrés dans cet opéra, explique Sivan Eldar. D’une part, la destruction de l’environnement, avec un triangle amoureux comme métaphore. De l’autre, notre relation à l’amour et à l’être aimé, en utilisant la destruction de l’environnement comme métaphore.”
Une boucle thématique où l’intime et le sociétal se mêlent pour s’accorder à une partition musicale se déployant par strates : “Sur scène, le monde mélodique, un trio vocal et un chœur amplifiés, dans la fosse, un espace instrumental acoustique et dans la salle, un espace instrumental électroacoustique.” 
L’opportunité de composer avec les effets d’une musique immersive a été rendue possible par les technologies de l’Ircam et la réalisation informatique d’Augustin Muller.
Sous la direction du chef français Maxime Pascal, l’œuvre rutile de cette modernité hybride face à laquelle la mise en scène de l’Italienne Silvia Costa se devait de ne pas être en reste. Puisqu’il s’agit d’un opéra de chambre, Silvia Costa révèle l’action dans une vaste boîte pareille à la chambre noire des appareils photographiques. 
Chacune des parois de la construction s’ouvre en vitrail sur des paysages dont les métamorphoses aléatoires ont été déléguées aux algorithmes d’une intelligence artificielle.
Nous voici projeté·es dans un futur où l’on ne peut plus observer le monde qu’enfermé·es dans le huis clos d’un vaste caisson de survie. L’endroit, propice aux rêves, met en présence une forêt (incarnée par le chœur) et un couple de forestiers âgés (William Dazeley et Helena Rasker) qui ne savent plus ce qu’aimer veut dire. L’arrivée d’une jeune étudiante (Juliette Allen) réveille des désirs d’union. 
Quittant son mari pour la nouvelle venue, la femme du bûcheron se transforme en arbre à son contact. L’énigme d’un conte contemporain, pour rappeler à ceux qui ne sont plus des enfants qu’il serait temps d’aimer une nature qu’il s’agit de protéger toute affaire cessante si l’on veut garder espoir en l’avenir.

Like Flesh, opéra de chambre de Sivan Eldar, livret Cordelia Lynn, direction musicale Maxime Pascal, mise en scène et scénographie Silvia Costa. Jusqu’au 29 janvier, création mondiale en anglais surtitré en français, Opéra de Lille. Les 10, 11 et 13 février, Opéra Orchestre national de Montpellier. Les 28 et 30 septembre et le 2 octobre, Opéra national de Lorraine, Nancy.


Source Les Inrocks & Koide9enisrael

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