« Signé Eric Todenne. En réalité un pseudo qui masque l’identité de deux auteurs, un homme et une femme. Ce qui n’est peut-être pas tout à fait sans lien avec l’histoire qu’ils ont décidé de nous raconter. »
Une enquête donc, que l’obstiné Andreani reprend en découvrant que l’affaire avait été enterrée sous la pression de politiques locaux.
Et ce caprice, il se l’offre alors même que sa hiérarchie avait enjoint le personnel à ne pas trop faire de vagues. Au moins le temps que l’IGPN mène sa propre enquête suite au suicide d’un lieutenant.
« Ce qui, par un triste hasard, fait d’ailleurs écho avec l’actualité du commissariat », note le libraire en référence au suicide d’un policier le 2 juillet dernier à l’hôtel de police nancéien.
Joies de la spoliation…
Andreani s’intéresse donc à la mort d’un notaire dans l’incendie de sa maison. Accidentel, a conclu le rapport d’expertise. A moins que… La victime, sans famille et menant vie pieuse et discrète, pourrait avoir dissimulé sa véritable identité.
En réalité, c’est non de Rémi Fournier qu’il s’agit, mais d’un dénommé Silberman. « Ce qui nous propulse plusieurs générations en arrière, dans la Moselle occupée post-1870 », poursuit le libraire. « Chez une famille juive, propriétaire autrefois de pas mal de terres. » Jusqu’à ce que les spoliations commencent à l’en priver…
« Or l’inspecteur remarque que dans l’histoire de la famille, ce n’est pas la première fois qu’un mystérieux incendie met fin à une vie. Le propre père du notaire déjà avait ainsi trouvé la mort, alors que dans les années 50 il tentait de récupérer les biens dont il avait été spolié sous l’occupation. »
Des précédents qui attisent d’autant plus la suspicion d’Andreani…
Couverture trompeuse
« Tout ça est bien mené et vivant », applaudit Rémi Didier. « Et nous donne le plaisir, à nous, Nancéiens, de baguenauder au fil des pages dans des endroits qui nous sont familiers. » Dont le cinéma Caméo, le restaurant Grand Sérieux. Dommage d’ailleurs que la couverture de l’ouvrage évoque plus sûrement le far west américain que le grand Est lorrain…
« L’intérêt surtout de ce polar, c’est qu’il nous confronte au passé de notre région. À mesure qu’avance l’enquête d’Andreani, c’est un peu de l’histoire lorraine qui se révèle en effet. Dans ce qu’elle a de plus sombre et de plus nauséabond. »
Le tout est donc de savoir si l’inspecteur originaire des terres de vendetta saura faire la lumière sur ces obscures histoires, où jalousies, haines et rancœurs font feu de tout bois !
Terres Brûlées, d’Eric Todenne, chez Viviane Hamy, 312 p ; 19 €.
Source L'Est Républicain
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