jeudi 12 mars 2020

À l’affiche : Frédéric Moulin, mène l’enquête sur M. Morgenstern


Avec À rendre à M. Morgenstern en cas de demande, sa nouvelle pièce en forme d’enquête historique, Frédéric Moulin cherche à faire la lumière autour de l’histoire vraie d’une famille juive passée par Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale et qui aurait été mystérieusement liée à son grand-père.......Détails........



Tiré d’une histoire vraie

« L’histoire est tellement parfaite, que parfois je me demande moi-même si elle est vraie ». 
L’histoire en question débute pour Frédéric Moulin en janvier 2018. 
Alors qu’il est à la recherche d’archives familiales, il découvre au fond d’une boîte en carton ayant appartenu à son grand-père, imprimeur à Lyon, un dossier portant la mention : 
« À rendre à M. Morgenstern en cas de demande ».
À l’intérieur, une centaine de documents racontent en pointillé le parcours de Léopold Morgenstern, juif autrichien ayant fui le régime nazi, et qui s’est retrouvé à Lyon entre 1939 et 1942 avec sa famille. 
N’importe qui d’autre aurait sûrement refermé le dossier sans plus s’en soucier. Mais Frédéric est comédien et metteur en scène, les nombreux papiers administratifs témoignant de la persécution dont étaient victimes les juifs le touchent et l’envie d’en faire une pièce germe rapidement. 
« L’étiquette même du dossier m’a tout de suite donné l’idée du titre. Elle sonnait comme un cadeau ».

Enquête historique

Pendant plusieurs mois, le Lyonnais, fraîchement de retour dans la capitale des Gaules après avoir tourné pour le cinéma et la télé à Paris, se lance dans une enquête historique à la recherche de documents, passant du CHRD au mémorial de la Shoa. 
Il finit par regrouper 400 documents et s’entoure d’historiens, notamment du réseau Mémorha, pour valider chaque information et bâtir des hypothèses : « La pièce a même son comité d’experts scientifiques ! ».
En chemin, il découvre le visage de la France à la veille de la guerre, avec un gouvernement xénophobe qui fichait les étrangers, mais aussi le courage de certains Lyonnais. 
« On n’était pas sûr du rôle des médecins lyonnais pendant l’Occupation. Grâce aux documents que j’ai récoltés, on sait que certains ont aidé les juifs, comme c’est arrivé à M. Morgenstern. »

Du côté de Perec et Lewis Carroll

Pour raconter cette fiction inspirée de faits réels et qui, en plus, le touche intimement, Frédéric Moulin a dû mettre son histoire à distance. « Elle était trop romanesque, trop parfaite pour sembler vraie ». 
Sur scène, son double, interprété par Sabine Moindrot, mène l’enquête sous les yeux du spectateur, en se construisant une méthode carrée « jusqu’à devenir quasi obsessionnelle ».
En plus de l’aspect scientifique et d’un vrai suspens quant au sort de M. Morgenstern et de sa famille, le metteur en scène convoque l’univers de Lewis Carroll — « Alice est tombée dans un terrier, moi dans une boîte » — et le dispositif narratif de Perec dans W ou le souvenir d’enfance.

Hypothèses

« Aujourd’hui, les questions restent entières. Je ne connais toujours pas quel est le lien entre Léopold et mon grand-père ». 
Si la pièce est construite sur des hypothèses, une certitude commence à se faire jour dans l’esprit du metteur en scène : « Les historiens savent que les imprimeurs lyonnais ont joué un rôle dans la Résistance en fabriquant des faux papiers. 
Une experte m’a confirmé que si un juif avait laissé des informations à mon grand-père, ce n’était pas un hasard ».

Travail de mémoire

Derrière l’injonction « à rendre », il y a l’idée d’un devoir. « Mais pour moi, ce n’est pas un devoir de mémoire mais un travail de mémoire. Le devoir de mémoire peut être récupéré par l’extrême droite. 
Alors que dans la pièce, le spectateur voit le personnage principal en train de reconstituer une mémoire à son endroit de l’Histoire », souligne le metteur en scène habitué à travailler autour des questions de l’identité et de la négation de l’identité.
S’il compte reprendre ses recherches pour retrouver les descendants de M. Morgenstern, il a déjà l’idée d’une suite à sa pièce autour de la dialectique entre histoire et mémoire.
Quant à la suite des aventures de M. Morgenstern et de sa famille, il ne vous reste plus qu’à aller voir la pièce pour découvrir le fin mot de l’histoire.

À rendre à M. Morgenstern en cas de demande, de Frédéric Moulin
Jusqu’au dimanche 15 mars 
à l’Espace 44, Lyon 1er. 
Jeudi à 19 h 30, vendredi et samedi à 20 h 30 et dimanche à 16 h. 
De 12 à 17,50 €. 
espace44.com

Source Tribune de Lyon
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