dimanche 16 février 2020

Oise : les noms des détenus et leur histoire à jamais inscrits dans la mémoire de la déportation


Le Mémorial de l’internement à Compiègne a ajouté 4700 noms sur le mur dédié aux prisonniers qui ont transité par le camp de Royallieu pendant la guerre de 39-45. Une reconnaissance pour leurs descendants.......Détails........


« François Schwartz 25-03-1922. » C'est avec émotion que Philippe désigne le nom de son père, désormais inscrit sur le monument du Mémorial de l'internement et de la déportation, à Compiègne. À son ouverture, en 2008, 43 533 patronymes avaient été gravés sur ces plaques en verre. Elles en comptent depuis peu 4700 de plus.
Un ajout majeur célébré ce vendredi, à proximité des trois baraquements du site, derniers vestiges du camp de Royallieu où ont souffert des résistants, des prisonniers politiques et des juifs, tous catalogués « Ennemis du IIIe Reich ».

«Nous avons espoir d'en trouver encore»

« C'est le fruit d'un travail complexe qui a duré un an et demi, signale Aurélien Gnat, le directeur du Mémorial. Les dates de naissance ont été jointes en cas d'homonymie. Ce qui porte notre mur à 48 233 noms. » Sur un total de 53 000 si l'on en croit la stèle commémorative installée non loin de là.
« Il restera toujours des inconnus, tous ne sont pas dans les archives, déplore Aurélien Gnat. Mais nous avons espoir d'en trouver encore et de faire vivre la mémoire du lieu. » Pour l'Histoire, mais aussi pour les familles des personnes déportées.
Car c'est bien le désarroi d'une partie d'entre elles, convaincues qu'un de leurs aïeux a séjourné à Royallieu, qui a poussé Aurélien Gnat, le directeur, à missionner des chercheurs pour exhumer les noms des oubliés. Il a pu compter sur l'aide de Philippe Schwartz, qui a fondé en 2013 l'association Trans'Mission.

Des registres conservés à Caen, dans les archives du ministère de la Défense

En partenariat avec la Fondation pour la mémoire de la déportation, structure nationale, ils obtiennent 20 000 euros de subvention de la SNCF. Des chercheurs sont alors envoyés pour explorer les archives du ministère de la Défense, à Caen (Calvados).
Sept registres de 200 pages y sont conservés, qui recensent les personnes internées de 1941 à 1944, avec leur matricule. 
Désormais, ceux de Royallieu « sont répertoriés dans notre base de données, indique le directeur. On y trouve leurs dates et naissance et de décès, les camps où ils ont transité avant et après Compiègne, leur métier, leur matricule, où ils ont été arrêtés et pourquoi. »

«Voir ces deux noms, ça me bouleverse»

Un travail titanesque qui, 76 ans après la libération du camp, permet à ces noms de resurgir du passé, apportant des histoires familiales par milliers. Comme celle d'Odile, venue de région parisienne pour l'inauguration. Chancelante, appuyée sur sa canne, elle cherche les noms de son père et de son grand-père.
« Ils ont été arrêtés tous les deux à Flers, en Normandie. Mon grand-père était venu pour la naissance de mon petit frère. Comme il était général, il a pu bénéficier d'un régime de faveur et a été déporté à Baden-Baden et il s'en est sorti, relate-t-elle. 
Mon père, lui, n'a pas eu la même chance. Il a été transféré dans le camp de concentration de Neuengamme, où il est décédé. Voir ces deux noms, ça me bouleverse. J'ai l'impression qu'ils sont présents près de moi. »
Un témoignage qui fait écho à celui de Philippe Schwartz, qui conte l'histoire de son père, François. 
Ou plutôt, celle de Varela Schwartz, le vrai nom de son aïeul. « Mon père a été arrêté car il avait des faux papiers. François sonnait moins juif, plus français. On a finalement décidé de laisser son prénom de guerre sur le mur. »
Alors âgé de 20 ans, François est déporté à Compiègne d'octobre 1942 à février 1943, transféré après une tentative d'évasion de la prison de Rennes (Ille-et-Vilaine). « Ma mère, Andrée, a aimé un juif à la pire période. 
Elle a tout fait pour lui faire parvenir de la nourriture, des colis. Elle a pu compter sur l'aide de La Croix-Rouge et des habitants qui, eux aussi, ont mis leur vie en danger. »

«Si tu es dans un train vers l'est, enfuis-toi»

Le père de Philippe est ensuite conduit à Drancy (Seine-Saint-Denis), avant qu'on ne l'oblige à monter dans le wagon du convoi 47 en direction d'Auschwitz. « Il savait que les nazis voulaient en finir avec les juifs mais pas ce qui l'attendait. »
Un message du frère de François, évadé d'un convoi, lui parvient alors. « Si tu es dans un train vers l'est, enfuis-toi. » « Et c'est qu'il a fait avec deux de ses camarades, poursuit Philippe. 
Ils avaient caché une vrille et des couteaux pour creuser le bois du wagon et sauter avant de passer la frontière, en Moselle. »
Onze personnes les aideront à se cacher, le temps que la France soit libérée. François a donc survécu, transmettant son histoire à Philippe, qui la raconte maintenant devant le mur des noms du Mémorial de Compiègne. Ainsi se perpétue le devoir de mémoire.

Mémorial de l'internement et de la déportation
2 bis avenue des-Martyrs-de-la-Liberté
Ouvert les mardi, samedi et dimanche (10 à 18 heures) 
et les mercredi, jeudi et vendredi (14 à 18 heures). 
Renseignements au 03.44.96.37.00 ou 
www.memorial-compiegne.fr

Source Le Parisien
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