lundi 9 décembre 2019

Le vieil homme a demandé : « As-tu quelque chose à voir avec le fait que je ne sois pas mort à Auschwitz ? »


Si vous ne deviez lire qu’une chose, ce lundi 9 décembre, c’est cet article du New York Times : « Amants d’Auschwitz, réunis 72 ans plus tard. Il avait une question ». Dans ce grand format, dont les photos sont magnifiques, la journaliste américaine Keren Blankfeld raconte l’histoire d’amour de David Wisnia et Helen Spitzer (dite « Zippi »), deux déportés juifs qui occupaient une position privilégiée dans le camp.......Détails........


Amateur d’opéra, rêvant de chanter dans les plus grandes salles, il chantait pour distraire les Allemands et ramassait les suicidés, elle était graphiste et dessinait des plans.
Ces deux-là ont survécu deux ans dans un lieu où plus d’un million de personnes sont mortes. Il avait 17 ans, elle en avait 25. Ils se rencontraient chaque mois dans une cachette aménagée, sur des vêtements de déportés. David Wisnia a tout appris avec elle. « Elle m’avait choisi », se souvient-il.
En 1944, ils ont dû fuir chacun de leur côté. 
Ils avaient prévu de se retrouver à Varsovie, mais David Wisnia, grisé entre-temps par sa rencontre avec des soldats américains, voulant oublier l’Europe, n’est jamais venu. Ils se sont mariés avec d’autres. 
Lui a fait sa vie en Pennsylvanie. D’abord à Philadelphie, où il fut responsable des ventes dans un groupe commercialisant des encyclopédies. Puis, il s’est installé à Levittown. Elle est arrivée à New York en 1967 où son mari est devenu professeur à l’université.
En août 2016, après une tentative ratée des années plus tôt, ils se sont revus à Manhattan : Helen Spitzer, qui avait fait sa vie dans l’humanitaire, était seule. Elle n’avait pas eu d’enfant. 
Son mari était mort en 1996. Elle était malade, sur un lit d’hôpital. A moitié sourde et entourée de livres. 
David Wisnia est arrivé. Ils ont gardé le silence un moment. Puis un flot de parole est sorti. Il lui a raconté son expérience dans l’armée américaine, ses quatre enfants et ses six petits enfants.
« Tu as dit à ta femme ce que nous avions fait ? », a demandé Zippi. 
« Je l’ai dit, oui ! » La rencontre a duré plus deux heures. 
A la fin, David Wisnia a posé la question qui lui tenait à cœur. Avait-elle quelque chose à voir avec le fait qu’il n’était pas mort dans les camps ?
Oui, par cinq fois, en manipulant des documents, elle lui avait évité la mort.
Elle lui a dit doucement qu’elle l’avait attendu et aimé. Il lui a dit que lui aussi l’avait aimée. 
Il a pris sa main et lui a chanté une chanson hongroise qu’elle lui avait apprise à Auschwitz (photo ci-dessus). 
Il voulait lui montrer qu’il avait gardé tous les mots en mémoire. Helen Spitzer est morte l’année dernière à l’âge de 100 ans.

Source Le Nouvel Obs
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