mercredi 27 novembre 2019

« Le négationnisme est partout » selon Hubert Haddad


Auteur d’un roman sur le ghetto juif polonais de Lodz, Hubert Haddad rend justice à ceux qui résistèrent en s’accrochant à des bribes d’humanité.......Interview.......


Comment est né le projet de votre roman, « Un monstre et un chaos » ?
C’est rare que le sujet d’un roman arrive comme cela. Ça m’est arrivé une ou deux fois, mais pour des romans de pure fiction. Là, non. Au départ, j’avais en tête deux jumeaux dans la guerre. 
Je ne pensais pas qu’ils allaient subir cela, que l’un allait être sacrifié. C’est quand on se met à écrire que, on ne sait d’où, il y a une histoire qui se met en place. 
Je savais que ce serait en Pologne et le ghetto de Lodz, qui me hante depuis longtemps, s’est imposé.

Avez-vous mené beaucoup de recherches sur ce ghetto de Lodz ?
Je connaissais davantage de choses sur le ghetto de Varsovie, qui était beaucoup plus poreux. Par les caves, par les souterrains, on pouvait communiquer, faire entrer des armes. Pas à Lodz, où la résistance était d’ordre artistique, culturelle. 
Dès que quelqu’un était dans la protestation, il était arrêté et déporté. Je voulais un vrai roman pour essayer de rendre compte de la réalité que vivaient tous ces gens à travers des personnages auxquels on peut s’identifier.

Quel est votre regard sur Chaïm Rumkowsky, obséquieux vis-à-vis de l’occupant, mais aussi qui veut sauver un maximum de juifs…
Nous sommes dans ce que Primo Levi appelait la zone grise. Il y a cette terreur absolue et ce Chaïm Rumkowsky qui va voir le chef de la hiérarchie nazie et qui dit : « je vais faire du ghetto un centre industriel au service de l’économie allemande ». 
Chaïm a réussi à contraindre tous les adultes de 12 à plus de 60 ans à aller au travail dix heures par jour, avec la famine, le typhus, le choléra… 
Le résultat, c’est qu’il aura fait tenir en vie, même la vie la plus misérable, un an et demi de plus qu’ailleurs. Car le seul objectif final, c’était l’extermination.

Une rescapée de Birkenau, Ginette Kolinka, continue inlassablement, à 94 ans, à témoigner dans les écoles. N’avez-vous pas peur du moment où il n’y aura plus que des historiens et des romanciers pour continuer le devoir de mémoire ?
Avec le nazisme, il y a eu cette industrialisation de la tuerie d’un peuple. Le nazisme est la dernière phase de cet impérialisme colonialiste qui prend l’Europe comme colonie de peuplement, avec une dimension hygiéniste : Il faut se débarrasser du virus, et le virus, ce sont les juifs. 
On est là dans la monstruosité. Aujourd’hui, le négationnisme est partout. C’est aussi pour ça qu’on écrit. Ce devoir de mémoire passe aussi par la littérature, la poésie, la musique.

Pratique
« Un monstre et un chaos », de Hubert Haddad (Zulma éd.). Rencontre-dédicace ce mercredi, à 18 h, à la librairie « Mots et Images » à Guingamp.

Source Le Telegramme
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