lundi 18 novembre 2019

Il était une fois Ralph Lauren.....


Gamin du Bronx devenu milliardaire, le créateur de confession juive Ralph Lauren (ci-dessus, avec sa femme Ricky) incarne le rêve américain et habille tout le pays de ses blousons en jean et de ses chinos colorés. « Very Ralph », premier documentaire à lui être consacré, est diffusé sur OCS le 16 novembre........Portrait et Vidéo........


C’est l’histoire d’un mec qui, du haut de son mètre soixante-huit, a réussi à incarner la quintessence stylistique de toute une nation – américaine, en l’occurrence… 
Le documentaire diffusé sur OCS le 16 novembre retrace le parcours de Ralph Lauren, minot du Bronx, fils d’immigrés juifs de Russie, qui a commencé par vendre ses cravates extralarges (alors que la mode était aux slim ties) chez Bloomingdale’s, l’un des grands magasins mythiques de New York. 
Au même moment, à la fin des années 1960, il lance aussi sa marque, baptisée Polo, sport qu’il ne pratiquait absolument pas, mais qu’il trouvait plus chic que le base-ball.
Depuis, le gamin sympathique et ambitieux est devenu un octogénaire milliardaire et respecté, voire idolâtré. Businessman redoutable au look et au goût affirmés, il a certes signé les costumes du film Gatsby le magnifique (1974) mais aussi, et surtout, les vêtements de millions d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde. 
Des clients souvent fidèles, auxquels il a vendu avec une sincérité certaine un peu du rêve américain et beaucoup du lifestyle qui l’accompagne.
Ralph Lauren – acteur majeur de l’industrie de la mode américaine, passé maître dans l’art de plaire aux WASP comme à la classe ouvrière, champion du monde toutes catégories des outlets qu’on traque aux Etats-Unis avec la même ferveur qu’un billet pour Broadway ou une vieille Chevrolet – méritait bien un documentaire.

Un style, assorti d’un imaginaire

Il se trouve qu’en matière de VIP et autres légendes la réalisatrice de Very Ralph, premier film du genre consacré au styliste, n’est pas une débutante. Susan Lacy a notamment à son actif la création et la production de la série American Masters, somme de biographies filmées consacrées aux « plus grands artistes, nés américains ou adoptés par les Etats-Unis ». 
Depuis 1986, elle en a « vu » passer du beau monde… De Maya Angelou à Andy Warhol, de Richard Avedon à James Dean, de Jane Fonda à Steven Spielberg, la recette est archi-éprouvée : photos d’archives, voix off, personnalités et amis qui témoignent face caméra. 
Ici, pour Ralph Lauren, rien de moins que Calvin Klein, Woody Allen ou Robin Givhan (rédactrice de mode au Washington Post et, accessoirement, Prix Pulitzer).
Qu’on porte avec dévotion ses chinos et chemises ou qu’on reste insensible au charme pourtant évident du monsieur, qu’importe. 
Comme le souligne le documentaire : ce n’est pas rien quand ton nom devient un adjectif. 
On dit en effet d’un vêtement ou d’un look qu’il est « très Ralph Lauren » (d’où le titre, Very Ralph). Comprendre comment ce phénomène peut se produire en remontant le fil d’une histoire personnelle et professionnelle n’est jamais inintéressant. 
Même pour les gens de la mode qui pensent tout savoir sur le sujet…
Pour Hepburn, évoquer le style Ralph Lauren, c’est convoquer « le pays, les matins brumeux, les chevaux, les champs de maïs ».
Ralph Lauren, himself, dit que ce film constitue « une étape importante dans la vaste entreprise qui consiste à raconter qui je suis et ce que j’ai fait ».
Il aide à mieux comprendre à quel point le vestiaire RL est, comme peu d’autres finalement, chargé d’un imaginaire puissant qui parle au plus grand nombre.
Il y a de la gouaille yankee dans ses surchemises à carreaux et boots de cow-boy, et le son des glaçons qui tintent contre un verre de bourbon dans ses vestes blanches de smoking. 
Du Bogart dans ses trenchs et du Woody Allen dans ses tweeds. Audrey Hepburn le dit très joliment dans le documentaire : évoquer le style Ralph Lauren, c’est convoquer « le pays, les matins brumeux, les chevaux, les champs de maïs ». 
Cela fonctionne plutôt bien depuis 1967 mais, ces dernières années, le plus frappant pour un observateur français, concernant le pape américain du sportswear, pourrait se résumer à un paradoxe.

Des classiques toujours dans l’air du temps

La presse économique s’est pas mal répandue sur le déclin de l’empire « laurenien » : en septembre 2016, le magazine Capital expliquait par le menu « pourquoi Ralph Lauren est tombé de son piédestal », s’appuyant notamment sur des profits divisés par deux et une difficulté à rivaliser avec des griffes émergentes auprès d’un public plus jeune. 
Dans le même temps, les branchés parisiens se sont mis à ne jurer que par les classiques de la marque.
« On reconnaît du Ralph au fait que ça semble vintage ou chiné, mais que c’est trop parfait pour être vieux. » Gauthier Borsarello, journaliste
« Parce qu’il travaille sur la nostalgie, Ralph Lauren est rassurant et naturellement attirant », soutient Gauthier Borsarello, qui a travaillé cinq ans pour le label américain en tant que spécialiste du vintage et est aujourd’hui rédacteur en chef du magazine de mode masculine L’Etiquette. 
« Il retravaille tous les dix ans les mêmes pièces éprouvées par le temps, comme le blouson en jean, le chino, le trench, le blazer… et les adapte à l’air du temps. 
Il n’est pas un designer qui dessine, coupe et coud comme les autres. C’est un directeur artistique qui fouille dans une grande friperie imaginaire et ajuste les proportions, les matières ou les couleurs à l’époque. 
Il rend accessible à tous la fripe rêvée : celle que vous avez en tête et ne trouvez jamais. On reconnaît du Ralph au fait que ça semble vintage ou chiné, mais que c’est trop parfait pour être vieux. »
Les puristes choisiront leurs basiques dans la ligne Polo ou chineront des pièces auréolées d’un made in USA garant de l’excellente qualité des débuts de la marque. 
A moins qu’ils n’optent pour un costume noir à veste croisée comme celui que portait le maître, le 8 novembre, à l’Elysée. 
Quand Emmanuel Macron – neuf ans après que Nicolas Sarkozy l’a fait chevalier – a élevé le plus Ricain des designers au grade d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur.

        

Source Le Monde
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