mardi 19 novembre 2019

« 1940-1944 : les années noires du Palais Bourbon »


Tournage d’un film contre la franc-maçonnerie, procès à grand spectacle de 7 résistants… Ce documentaire diffusé sur LCP retrace les heures les plus sombres de l’occupation au prisme d’un lieu symbolique : l’Assemblée nationale.......Détails et Vidéo........


En juillet 1940, les Allemands s’emparent de l’Assemblée nationale, accrochent à son fronton le V de la victoire et posent le buste d’Hitler sur le perchoir. « C’est la France violée », constate Serge Klarsfeld dans ce documentaire inédit et fouillé où des historiens battent en brèche quelques idées reçues. 
Tandis qu’en toile de fond, défilent l’invalidation des députés communistes, le vote des pleins pouvoirs à Pétain, la bataille de Stalingrad ou des images de la Libération, le film, malgré une construction parfois un peu « bazar », ressuscite les heures les plus sombres de l’occupation au prisme de ce lieu emblématique du pouvoir politique.
Dans l’hémicycle déserté par les députés français, s’installent une partie de l’état-major de l’aviation allemande, l’administration de la zone de Paris et plusieurs services chargés de « la question juive ». 
C’est là que les dignitaires nazis se réunissent pour écouter à la radio un discours du Führer. 
Là que, sous le pseudonyme de Paul Riche, le réalisateur Jean Mamy tourne en 1942 « Forces occultes », un film de propagande contre cette franc-maçonnerie dont il a fait partie où les parlementaires poussent des cris d’animaux. Là, enfin, que se tient la même année, le procès à grand spectacle, dit du Palais Bourbon : 7 résistants issus des Bataillons de la jeunesse vont y répondre d’un crime qu’ils n’ont pas commis.
Convaincus de lutte armée contre l’occupant, ces jeunes communistes se nomment Robert Peltier, Christian Rizo, Acher Semahya, Roger Hanlet, Tony Bloncourt, Pierre Milan et Fernand Zalkinov. Ils ont entre 17 et 26 ans, sont en majorité ouvriers et – pour deux d’entre eux – juifs. 
Certains membres de leurs familles savent – avec des mots très simples – toucher le spectateur : 
« Mon père a été fusillé le 9 mars 1942, rappelle la fille de Robert Peltier, je suis née le 3. Nous n’avons été ensemble que six jours sur terre. »

Entrer en résistance

« 1940-1944 Les années noires du Palais Bourbon » décrit très bien le contexte qui conduit ces jeunes gens à s’engager au sein des Bataillons de la jeunesse. Après le pacte germano-soviétique, un décret-loi d’août 1939 dissout le PCF et les organisations qui lui sont liées. 
Robert Peltier, dont les parents fréquentent la cellule du parti à Goussainville, dans le Val-d’Oise, se met à imprimer et distribuer des tracts pour dénoncer « les fauteurs de guerre ». 
Il rencontre, aussi, ses compagnons d’infortune.
En juin 41, l’Allemagne envahit l’URSS. Pour les communistes français, l’heure est enfin venue d’entrer en résistance, même si certains, parmi eux, y répugnent : « On risquait de tuer un ouvrier sous l’uniforme allemand », explique un historien. Les communistes acceptent néanmoins de rallier les Bataillons de la jeunesse et, parmi eux, les 7 accusés du procès du Palais Bourbon. 
L’affaire de Nantes va décider de leur sort. Le 21 octobre 1941, un commando de 3 hommes abat Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation dans la région.
Hitler réclame 100 otages : 48 d’entre eux, pour la plupart communistes ou responsables syndicaux dont Guy Môquet, 17 ans, sont passés par les armes. Ca ne suffit pas : les autorités allemandes sélectionnent, alors, 50 autres otages. « La police allemande a besoin d’accusés, la police française a besoin d’en livrer », résume de manière lapidaire un historien. Dans le viseur de cette dernière, Robert Peltier et ses camarades, qui n’ont en aucune façon participé à l’opération nantaise. 
Arrêtés, ils sont torturés et emprisonnés à la Santé.
Il s’agit alors de faire peur aux Français et de rassurer Berlin. C’est tout le sens du procès qui s’ouvre le 4 mars 1942. Deux jours plus tard, le verdict tombe. « Quand tu recevras cette lettre, je serai mort courageusement », écrit Christian Rizo à sa mère. 
Le 9 au soir, la concierge apporte son avis de décès : dans l’après-midi, les condamnés ont été conduits devant un peloton d’exécution au Mont Valérien. A la fin du documentaire, la fille de Robert Peltier et le frère de Christian Rizo se retrouvent au Mémorial de la France combattante. Ils descendent le raidillon jadis emprunté par leurs proches. 
« A quoi pensaient-ils alors, à leurs convictions, à leur famille ? A leurs convictions, j’espère. » 
Les 7 fusillés seront décorés à titre posthume. Mais cette distinction laisse un goût amer. Pour savoir pourquoi, il faudra voir jusqu’au bout de cet émouvant documentaire.


Source L'Obs
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