lundi 16 septembre 2019

Cachées au couvent d'Aubazine (Corrèze), deux cousines juives reviennent sur les traces de leur enfance


Jeanne Szartsztejn et Annette Staman sont revenues, samedi 14 septembre sur les traces de leur enfance au couvent d'Aubazine, là où les deux fillettes juives ont mené une scolarité « ordinaire » pendant la Seconde Guerre mondiale.........Détails........



« Jeanne, regarde par là ! Ça ne te rappelle rien ? - Si, tu ne te souviens pas ?! C’est par ce portail qu’on sortait en promenade. Il y avait aussi des gens du voyage qui venaient toquer à la porte - Ah oui, ça me disait bien quelque chose ! »
De leur passage à l'Abbaye d'Aubazine, Jeanne et Annette n'ont emporté que des souvenirs. « Nous n'étions que des fillettes, bien trop petites pour comprendre les menaces qui nous entouraient. »

"Personne ne touchera un cheveu de ces filles"

En septembre 1943, les cousines Jeanne Szarfstejn et Annette Staman sont confiées à la mère supérieure du couvent d'Aubazine, Marie Gonzague. « Personne ne touchera un cheveu de ces filles », avait-elle dit à leur arrivée.
Les deux cousines sont restées une année à l'abbaye.
Deux fillettes de 4 et 5 ans, juives. Elles savaient qu'elles ne pouvaient plus vivre avec leur mère. 
Elles savaient, surtout, qu'elles ne devaient pas dire qu'elles étaient juives. La peur ne les a jamais gagné. Car jamais elles n'ont eu le sentiment d'être réfugiées, cachées.
On était juste dans un pensionnat avec d'autres filles, mais on aurait préféré rester avec nos mamans.

De Larche à Aubazine en vélo

Leurs familles, originaires de Paris, s'étaient installées à Larche, en zone libre. « Nos mères venaient nous voir à vélo. 
La mienne me racontait d'ailleurs qu'elle faisait une bonne partie du trajet en le poussant, sourit Jeanne. 
Donc, ce n'était pas souvent. Et puis, elle venait quand ce n'était pas trop dangereux, sûrement. Elle apportait un supplément de nourriture au couvent, comme des oeufs. »
Leur enfance est comme « brouillée ». Annette regrette de « ne pas avoir posé assez de questions à [sa] mère ». 

Des souvenirs plein la tête

Jeanne se souvient des grands dortoirs, des chansons, des cours, des disputes, du cache-cache dans les niches de l'abbaye, des travaux manuels avec du raphia. Annette, d'une main fraîche posée sur son front lorsqu'elle était malade et d'un visage d'une immense beauté. 
« On s'est aussi rappelées qu'on détestait toutes les deux le 1er avril. A l'époque, d'autres petites filles nous avaient dit d'aller au parloir, que nos parents là. C'était faux. »

Un retour à la maison tragique

Anecdote merveilleuse, plutôt que cruelle. Car « c'est ça la beauté de notre enfance. Cette petite histoire est révélatrice de la vie normale que nous menions, raconte Annette. Elle était celle de simples fillettes à l'école, avec son lot de farces et disputes. Nous étions extrêmement protégées, pas seulement physiquement. »
Une année scolaire s'écoule. Les deux fillettes rejoignent leurs familles à Larche. Cet événement heureux entre en collision avec un autre, plus tragique. À la maison, une personne manque à l'appel. 
« Quinze jours après notre retour, on a appris que mon père avait été assassiné à Limoges. Ça a tout chamboulé, confie Jeanne d'une voix tremblante. Cette perte a été comme un tremblement de terre. » 

Une transmission familiale

Ce n'est que bien plus tard qu'elles reviendront sur les traces de leur enfance. Il leur fallait du temps : « quand on était adolescentes, on voulait sortir, s'amuser... Comme les autres filles ». 
Pour la mère supérieure Marie-Gonzague et pour tous ces gens qui savaient, mais n'ont jamais dénoncé.
Et puis, le déclic. La maternité, peut-être. « En devenant adulte, on a compris qu'il y avait quelque chose à transmettre à nos enfants, nos petits-enfants. Pour tous ces gens qui nous ont aidés. La mère Marie Gonzague d'abord, et son courage exemplaire. Pour tous les habitants du village, qui savaient, mais n'ont jamais dénonce ». 
Car ce lieu, 75 ans après, Annette et Jeanne ne pourront l'oublier. « Jamais il ne sortira de notre esprit, c'est une évidence », terminent les deux cousines, jamais loin l'une de l'autre. À Aubazine, en 1943, comme à Paris, en 2019. 

Source La Montagne
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