jeudi 26 septembre 2019

Ariel Doron, l’artiste face à sa main


Mardi et mercredi les festivaliers de Charleville ont eu l’opportunité de voir, en première française (européenne?) un spectacle qu’il sera difficile de voir ailleurs, puisqu’il s’agit de la nouvelle création d’Ariel Doron, marionnettiste israélien.......Détails........ 



Grâce au Bateau des Fous, l’artiste présente Boxed à 21h30, un spectacle clownesque qui emprunte les techniques de la marionnette....sans employer de marionnette puisqu’il s’agit de confronter le personnage à une main nue ! 
Une forme courte, à l’économie, qui offre un concentré de savoir-faire, une énorme quantité d’humour bien déjanté, pour un beau moment de plaisir.
Sur la petite scène du Bateau des Fous, un homme arrive, sans musique ni effets de lumière. 
Un type bizarre, vieille barbe, cheveux longs, survêtement rouge recouvert d’un peignoir rouge, des sandalettes aux pieds. Sous son bras est coincée une boîte (box en anglais, d’où le titre du spectacle).
A part quelques accessoires (un rouleau de scotch, une paire de ciseaux…) il n’y aura pas grand-chose de plus à voir que ce bonhomme, et la main que contient cette boîte. 
Tout le spectacle ne sera que l’histoire de la découverte mutuelle des deux personnages, de la construction puis de la destruction de leur relation… mais quelle histoire ! 
Sans aucune parole, c’est un théâtre de geste, uniquement visuel, où on reconnaît immédiatement une dimension clownesque, mais qui emprunte très largement aux techniques de la marionnette.
Car tout le spectacle repose sur le dédoublement entre Ariel Doron et sa main, puisque l’on sait pertinemment que c’est le bras du marionnettiste lui-même qui est passé dans le fond de la boîte…
En même temps qu’on l’oublie la plupart du temps, car la magie de la dissociation marionnettique permet de croire, dans l’espace imaginaire du spectacle, que cet homme, le personnage innommé, est réellement confronté à une main autonome et vivante, qui sort d’une boîte.
Sous des dehors déjantés, le spectacle est très soigneusement construit. Il y a toute une grammaire de mouvements de plus en plus complexes mise en œuvre, un crescendo très maîtrisé dans l’écriture des émotions suscitées par le récit visuel mis en place. 
Les signes sont limpides, les personnages donnent suffisamment à voir de leur état intérieur pour que la machine à rêver se mette en marche et que le spectateur puisse rentrer dans l’univers qu’on lui propose.
Dans le public, on joue à croire et à s’émouvoir, et puis on en ressort pour y replonger aussitôt. 
Quand Ariel Doron passe dans le public en exigeant des spectateurs qu’ils lui montrent leur main, tout le monde a peur, mais tout le monde obtempère tout de même.
C’est un spectacle juste assez fin dans la technique, juste assez gros dans l’humour, qui a l’élégance de sa modestie et de son dénuement. Une très belle proposition, inattendue, rafraîchissante même.
Bref : il faut découvrir ce travail ! Une jolie découverte de la programmatrice du Bateau…

Ce mercredi à 21h30 au Bateau des Fous, et ainsi de suite jusqu’à samedi. Après, il faudra aller le 25 octobre à Dresden en Allemagne !
Distribution
De, par, avec Ariel Doron
Dramaturgie: Tobias Tönjes
Consultation artistique: Shahar Marom , Florian Feisel, Roni Nelken Mosenson

Source Toute la culture
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