dimanche 16 juin 2019

« How to Dance the Waltz » : la photographe israélienne Michal Chelbin dans les internats militaires ukrainiens (photos)


Il ne faut pas s’y tromper : Michal Chelbin a certes posé ses valises dans un pays en guerre, l’Ukraine, pour y tirer le portrait d’adolescents en uniforme, mais ce n’est pas de guerre dont il est question ici. Avec cette série, « How to Dance the Waltz », exposée à Vichy à partir du 14 juin, fruit de quatre ans de pérégrinations, la photographe israélienne raconte plutôt un monde où le temps est arrêté.......Détails et photos.........



Un monde où, depuis plusieurs siècles, les âges de la vie et les heures de la journée se définissent par l’uniforme que l’on porte. La tradition des internats militaires remonte à l’époque tsariste, avec ses fameux cadets, et s’est perpétuée en Union soviétique. 
Longtemps associé à l’élite, ou en tout cas à l’espoir d’une ascension sociale, le système a périclité dans les années 1990. Il renaît aujourd’hui, que ce soit en Ukraine ou dans les anciennes républiques soviétiques, Russie en tête.
Internats ou écoles ouvertes, des dizaines d’institutions dépendant des différents corps d’armée proposent de suivre l’intégralité du cursus scolaire, depuis le primaire jusqu’au lycée. 
Les enfants y portent l’uniforme en permanence – militaire pour les garçons, civil pour les filles –, et les journées se partagent entre école « traditionnelle », sport, activités paramilitaires et cérémonials divers. 
A l’âge adulte, tous les anciens ne rejoignent pas l’armée, et les parents choisissent l’internat militaire plutôt pour la bonne qualité de l’enseignement ou le cadre de vie strict qu’il offre. 
A l’époque soviétique déjà, le système était devenu le refuge des enfants des couches les plus défavorisées de la société.
En Russie, l’ambiance est au retour triomphal du militarisme, et l’essor des internats militaires accompagne naturellement cette tendance. Les groupes, souvent politisés, qui proposent aux jeunes des formations militaires y sont légion. 
Le cas de l’Ukraine est plus surprenant s’agissant d’un pays qui glisse lentement hors de l’orbite russe et cherche à se défaire de son héritage soviétique. Mais le mouvement d’affirmation nationale qui y a cours, sur fond de guerre dans l’est du pays, rend à l’institution militaire sa place centrale.
« On attend des garçons qu’ils remplissent leur rôle de guerriers, pendant que les filles sont cantonnées à celui de décors. » Michal Chelbin
Ce n’est pas à ces sujets que s’intéresse la photographe israélienne, mais bien à ces adolescents au visage indéchiffrable dont elle fait le portrait et, à travers eux, « à des questions universelles, comme les difficultés de la jeunesse, la soif de gloire ou le rôle des adolescents dans la société », explique-t-elle. 
Difficile toutefois de ne pas voir combien certains des uniformes portés par les enfants ressemblent à ceux de leurs aînés déployés sur le front du Donbass, où les forces gouvernementales ukrainiennes font face aux séparatistes russophones. 
La similitude renforce encore l’impression étrange que crée le décalage entre le regard quasi absent des jeunes – soldats miniatures comme mini-épouses modèles – et la solennité de leur attirail.
Cette conception très genrée de l’éducation se trouve, elle aussi, au centre du travail de Michal Chelbin. 
« On attend des garçons qu’ils remplissent leur rôle de guerriers, pendant que les filles sont cantonnées à celui de décors », explique la photographe. 
Outre les différences d’habillement et d’activités existant entre les deux groupes, la photographe cite ces cours de danse où l’on prépare le grand bal de fin d’année, apogée selon elle de ce « jeu de rôle » issu du fond des âges.









Source Le Monde
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