mardi 16 avril 2019

« Working Woman », le nouveau film de l'israélienne Michal Aviad, surfe sur la vague #meetoo....


Filmant dans la vague #metoo, l’Israélienne Michal Aviad réalise un film d’une sécheresse et d’une trivialité bienvenues qui montre, au quotidien, comment la vie d’une jeune femme peut être affectée par un comportement de prédation sexuelle montant sournoisement en puissance sous les dehors d’une demande d’efficience et de complicité professionnelles.......Détails et Vidéo........


Interprété par Liron Ben-Shlush – qu’on avait déjà trouvée très convaincante dans Chelli (2014), d’Asaf Corman – le personnage d’Orna trouve, au début du film, un travail inespéré comme assistante dans une agence immobilière spécialisée dans les produits de luxe. 
Une aubaine, alors que son mari, Ofer, qui se lance au même moment dans la restauration à son propre compte, peine à trouver ses marques et que la famille tire le diable par la queue.
Face à Orna parade Benny (Menashe Noy), le patron de la société immobilière qui vient de l’embaucher. Père de famille, mais homme de pouvoir et séducteur incoercible, le quinquagénaire utilise une gamme de comportements assez subtile pour parvenir à ses fins. 
Autoritaire et serviable. Amical et prédateur. Il ne recule que pour mieux revenir à la charge. Et fait feu de tout bois. Promotion rapide, prolongement des journées de travail, voyages à l’étranger, tête-à-tête de plus en plus fréquents, coup de main donné à l’occasion au mari dans sa carrière naissante… 

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Autant d’éléments qui, tant en vertu de la reconnaissance que du témoignage de loyauté professionnelle qu’ils engagent, œuvrent à un rapprochement insidieux entre le patron et son employée.
Bientôt nommée directrice des ventes pour la clientèle française, Orna, seul pôle de stabilité financière du foyer, résiste en silence. 
Le mutisme stoïque dans lequel elle s’emmure, tour à tour flattée et choquée, va l’empêcher de prévoir et de désamorcer la montée en puissance du désir de son patron, qui le conduira à transgresser toutes les règles.
Centré sur le couple, filmé en longs plans-séquences, le film laisse en jachère, par la force des choses, les autres personnages, comme le mari ou la mère d’Orna, qui ignorent de quoi il retourne. 
Encore que l’aveuglement auquel est cantonné le mari, et sa réaction de machiste obtus sur le tard, puisse être perçu comme une sorte de connivence inconsciente, et donc être mis au débit du genre masculin dans son ensemble, qui sort du film en très piteux état. 
Working Woman établit en revanche une liaison plus subtile entre le libéralisme prédateur qui vend à l’encan le littoral du pays à de riches étrangers et l’outrage à la libre disposition de leur corps dont sont victimes les femmes.


Source Le Monde

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