mercredi 20 mars 2019

Aix : au Camp des Milles, la haine est un mécanisme à démonter


Ils ont tourné au coin de la gare, dont le parvis sert de boulodrome aux hommes du village. Après le petit rond-point, l'impressionnante façade orange semble manger tout le ciel. Chaque jour, de toute la France, de 400 à 600 jeunes, venus avec leur classe, leur centre social, visitent ce musée unique au monde, parcouru par 118 000 personnes chaque année depuis 2012.......Détails........



Un lieu qui raconte, in situ, comment, entre 1939 et 1942, 10.000 personnes  ont été internées dans cette ancienne tuilerie près d'Aix-en-Provence ; comment 2000 juifs furent déportés, à partir de la même petite gare que les gamins de 2019 ont croisée tout à l'heure. 
C'est qu'entre le camp d'internement des Milles et Auschwitz, "il n'y avait qu'un train", rappelle Alain Chouraqui, président fondateur de la Fondation du camp des Milles. 
Toucher l'Histoire, près de chez soi, de la plate normalité de son quotidien : voilà l'expérience frappante proposée par le site mémorial. Ce qu'Alain Chouraqui appelle "le choc de la vérité concrète". 
Au camp des Milles, la Semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme, qui se poursuivra jusqu'au 24 mars en France, dure peu ou prou 365 jours par an.
Son président le sait, pour les jeunes, qui arrivent parfois ici "assis sur le frein", réticents a priori sur ces "histoires de juifs", la claque est rapide. "Ils restent curieux. 
Et au bout de dix minutes de visite, les visages changent. L'huître est ouverte. Dans le bus du retour, ceux qui ne parlent jamais parlent enfin. Et ceux qui disaient des énormités se taisent." 
Un jeune boxeur varois, José "Pepe" Gomez, champion de France des mi-moyens, qui avait lui aussi fait la visite à reculons, est devenu médiateur pour le site. 
Désormais sa tchatche aide à transmettre la mémoire de la Shoah et des autres génocides du XXe siècle auprès de ces mômes en doudounes et baskets. "Parce que je le sais, dans nos quartiers, le racisme est à double tranchant : qui le subit, le fait subir", avait-il confié à La Provence.
Et aussi Un accord historique entre Auschwitz et le Camp des Milles
"Entre le camp des Milles et Auschwitz, il n'y avait qu'un train" 
C'est toute l'ambition du musée : faire comprendre au grand public que ces "mécanismes fondamentaux" qui amènent au pire sont toujours présents. 
"Le rapport au groupe, la soumission aveugle à l'autorité", la passivité ou le conditionnement progressif à la violence, nourris d'extrémismes identitaires (idéologiques, religieux) peuvent toujours mener aux "plus grandes tragédies". Bienveillant, et volubile, malgré une rhinite qui l'assomme, Alain Chouraqui, également directeur de rechercher au CNRS, n'en demeure pas moins un homme inquiet : 
"Aujourd'hui, nous sommes, en France et en Europe, au milieu d'un processus qui mène de l'intolérance 'ordinaire' aux crimes de masse", estime-t-il gravement. Éprouvée par une perte de repères, une réponse politique insuffisante, "une société peut basculer", une démocratie s'affaisser. Où l'on peut voir "la raison nécessaire au dialogue déstabilisée au profit de passions identitaires". 
Le président du lieu voit les vigies de la Shoah disparaître les unes après les autres: son propre père, Sidney Chouraqui, avocat, grand résistant, cofondateur de la Licra, qui prit part à la prise du "Nid d'aigle" d'Hitler à Berchtesgaden, le 8 mai 1945, est lui-même décédé l'an dernier. Le camp des Milles continue de porter sa voix, leur cri d'alerte.
"Lorsque l'antisémitisme apparaît ou réapparaît, c'est toujours l'indicateur d'une société en danger", rappelle Alain Chouraqui. 
"Après les attentats de 2015, la réponse des Français, comme celle des politiques, avait été claire et ferme. Oui, la résistance paye. Et quand l'Histoire hésite, et elle le fait aujourd'hui, tout battement d'aile de papillon compte. Chacun, de sa place, peut résister."

Informations pratiques : http://www.campdesmilles.org

Source La Provence
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