jeudi 14 mars 2019

À Berlin, le quotidien émaillé d'antisémitisme d'un restaurateur israélien


Selon Yorai Feinberg, qui tient un restaurant de spécialités à Berlin, « la grande majorité des insultes antisémites est le fait des musulmans ». Le restaurant Feinberg's, situé dans la Fügerstrasse, au cœur du quartier gay de Berlin, est plein à craquer tous les soirs. Sur la carte : baba-ganousch, humus Jérusalem, kebab, salade israélienne........Détails.........



Sur les murs : des tableaux abstraits représentant l'étoile de David. Feinberg's fut l'un des premiers restaurants de spécialités israéliennes à Berlin. Depuis que les jeunes Israéliens affluent dans la capitale la plus branchée d'Europe, ils sont une vingtaine à avoir ouvert leurs portes.
Yorai Feinberg, 37 ans, le propriétaire du Feinberg's, a installé son bureau dans la cave de son restaurant. Sur une étagère, le drapeau israélien enlace le drapeau allemand. 
Des seaux de moutarde sont empilés le long du mur. Yorai Feinberg est rivé à son ordinateur. Chaque jour, il lit les insultes qui déferlent sur son écran : « Il y a les insultes classiques et directes : Va te faire enculer, sale juif ! Retourne d'où tu viens ! 
Mais aussi tous ces gens qui postent des commentaires ultra-négatifs sur TripAdvisor et autres plateformes touristiques. 
La semaine dernière, quelqu'un a prétendu s'être trompé de porte en voulant aller aux toilettes. 
Il raconte qu'il est entré dans la cuisine et qu'il a vu deux rats s'enfuir. Ce n'est pas bon pour le business, ça c'est sûr. »

Nouvelle génération

Yorai Feinberg n'avait pas du tout l'intention d'ouvrir un restaurant quand il est arrivé en Allemagne à l'âge de 19 ans. 
S'il a quitté Israël, c'était pour aller suivre des cours dans l'école de danse renommée de Stuttgart auprès du professeur russe Petr Antonovich Pestov. « Mes parents n'étaient pas très chauds pour que je parte pour l'Allemagne. Mon père est d'origine lituanienne. 
Il a survécu à l'Holocauste grâce à des paysans lituaniens qui l'ont caché pendant toute la guerre. Ma mère est d'origine polonaise. Mais ils trouvaient ça formidable que j'étudie avec ce maître-là. Ils m'ont laissé partir. » Yorai Feinberg se fait tout de suite des amis allemands. 
« J'ai réalisé que les Allemands ne sont pas aussi terribles qu'on les décrivait dans ma famille. C'est une nouvelle génération. Ils ont changé. »
Le restaurateur est même persuadé qu'en ce qui concerne l'antisémitisme, « la situation est bien moins pire en Allemagne qu'ailleurs, en particulier en France, en Belgique ou en Europe de l'Est. C'est incomparable. 
En France surtout, c'est bien pire. Nous n'en sommes pas là ici, même si l'antisémitisme s'est intensifié au cours des dernières années. Ici la grande majorité est du bon côté. 
Chez les Allemands, il y a peu d'antisémitisme brutal, simplement les préjugés habituels : les Juifs dominent les médias et le monde de la finance. La grande majorité des insultes antisémites sont le fait des musulmans, les immigrés en particulier. »

Une table réservée au nom d'Adolf Hitler

La plupart des messages de haine lui arrivent par e-mail, mais certains appellent aussi anonymement pour proférer des menaces ou déverser un torrent d'insultes.
D'autres réservent une table au nom d'Adolf Hitler. Yorai Feinberg pourrait énumérer pendant des heures les provocations et agressions dont il est la cible : « Il y a un homme qui m'envoie régulièrement des mails de plusieurs pages. 66 pages au total. 
Mais ça, c'est un cinglé et la police ne peut rien faire contre lui. Il n'est pas représentatif. Un soir, un groupe d'Arabes a lancé des pétards sur la terrasse de mon restaurant. Elle était pleine de monde. Tout s'est passé tellement vite. On n'a pas réussi à les identifier. 
Chaque fois que je porte plainte, la police prétend ne rien pouvoir faire et clôt le dossier. Pourtant, sur Facebook, les gens écrivent avec leur nom et leur photo. »
Les délits antisémites ont en effet augmenté de 10 % en 2018 par rapport à l'année précédente. Une hausse qui inquiète la communauté juive en Allemagne et les autorités allemandes. 
Félix Klein, responsable de la lutte contre l'antisémitisme au sein du gouvernement allemand, se bat pour une directive européenne destinée à limiter la haine antisémite sur Internet. 
Une mesure qui imposerait par exemple la fermeture dans les 24 heures des plateformes ayant diffusé des propos antisémites.
Il y a des quartiers à Berlin où Yorai Feinberg n'irait pas se promener. Neukölln, par exemple, le quartier à forte population arabe. 
Quand il dit ça dans une interview, il est violemment remis en place par une conseillère municipale de Die Linke, le parti à la gauche du SPD. Elle l'accuse d'être un provocateur, un raciste. 
« Les Allemands d'extrême gauche sont tout autant antisémites que ceux d'extrême droite. Ce n'est pas l'amour des Palestiniens qui les motive, mais la haine des Juifs. Je ne les comprends pas. 
Ils sont du côté de ceux qui, précisément, ne respectent pas les droits de l'homme qu'ils défendent avec tant de virulence : liberté de parole, tolérance vis-à-vis des homosexuels. 
Comment peuvent-ils soutenir la Charia ? Avec la vague de réfugiés accueillis en 2015 par Angela Merkel sont arrivés aussi beaucoup de gens endoctrinés et antisémites. Cela a contribué à détériorer la situation pour les Juifs en Allemagne. »
Est-ce qu'il a songé à fermer boutique pour rentrer en Israël ? « Non, jamais. J'ai beaucoup d'amis ici, mon restau marche bien. Pourquoi devrais-je renoncer à tout cela et céder face à ces menaces , » Aujourd'hui, en Israël, les parents de Yorai Feinberg s'inquiètent.

Source Le Point
Vous nous aimez, prouvez-le....


Suivez-nous sur FaceBook ici:
Suivez nous sur Facebook... 
Sommaire
 Vous avez un business ?