mardi 12 février 2019

L'écrivaine, qui présidera ce mardi soir le prix national Ilan Halimi, appelle à une mobilisation générale contre le poison de l'antisémitisme....


En l'espace de vingt-quatre heures, nous avons vu des « juden », « truie juive », « Macron la putain de la youtrerie universelle » et autres ignominies antisémites fleurir sur les murs de Paris ; le beau visage de Simone Veil peint par l'artiste Christian Guémy, alias C215, sur des boîtes aux lettres a été défiguré par des croix gammées ; le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, nous a appris que l'antisémitisme avait progressé de 74 % en 2018 ; et à Sainte-Geneviève-des-Bois, là même où Ilan Halimi fut retrouvé agonisant le long d'une voie de chemin de fer, les arbres plantés en sa mémoire ont été tranchés à la base, profanés.......Analyse........



C'est dans ce contexte dramatique, et après que des enfants juifs ont été tués à bout portant dans leur école, des clients fusillés dans leur supermarché cacher et des grands-mères juives assassinées chez elles, qu'il m'appartiendra de présider ce soir le prix national Ilan Halimi contre le racisme et l'antisémitisme, et je sais que je ne pourrai m'empêcher de penser à ce passage au début de 24 jours, le récit du calvaire d'Ilan que j'ai écrit avec sa maman, et dans lequel Ruth explique qu'un an après l'enterrement de son fils, elle est venue exhumer son corps du cimetière de Pantin parce qu'un jour, « ses bourreaux seraient libres et qu'ils pourraient venir cracher sur sa tombe ». 
Je serai alors mortifiée de penser que l'avenir lui aura donné raison, comme je le suis chaque fois qu'une stèle au nom d'Ilan est saccagée, et j'aurais sans doute la tentation du découragement, le réflexe humain de penser, comme beaucoup, que le combat est si peu utile, mais aussitôt je verrai ces jeunes venus des quatre coins de la France avec leurs professeurs, je les entendrai présenter leur projet, je percevrai leur enthousiasme et leur engagement, et je me souviendrai que si Ruth a choisi d'exiler la dépouille de son fils parce que les morts ne peuvent pas se défendre, les vivants, eux, doivent se battre.
Nous n'avons de toute façon pas d'autre choix ni d'autre pari à faire que celui de l'éducation et de la culture si nous voulons réellement venir à bout de cette haine rampante, car aucun dispositif législatif n'obligera jamais à aimer son prochain. 
Il faut, bien sûr, continuer de poursuivre et punir les actes antisémites, racistes, sexistes et homophobes ; il faut ne rien laisser passer de l'incitation à la haine partout où elle se manifeste, en particulier sur les réseaux sociaux et même quand elle se réclame d'un humour qui n'en est pas un ; et il faut inlassablement faire appliquer la loi Gayssot chaque fois qu'un petit malin se rendra coupable de négationnisme. 
Mais au regard des chiffres, ce combat sur le terrain du droit ne suffit plus. Il doit être désormais accompagné d'un combat culturel, de fond et de fourmi, et c'est dans cet esprit qu'Édouard Philippe a voulu rendre national le prix Ilan Halimi crée en 2014 par le conseil général de l'Essonne, et que j'en ai accepté la présidence.
Pour cette première édition, nous avons reçu une centaine de candidatures, des projets aussi divers que passionnants, et je m'en réjouis beaucoup, car c'est là la preuve d'une jeunesse prête à s'engager, pourvu qu'on l'y accompagne. Mais je pense que ce n'est pas encore assez, car si réellement « quand on touche à un juif, c'est toute la République qu'on atteint », ce que j'entends depuis quinze ans dans la bouche de tous les politiques, alors il nous faut mettre en place un dispositif à l'échelle de toute la nation, et bien sûr, les moyens financiers qui vont avec. 
Hier soir, le président de l'Union des étudiants juifs de France, Sacha Ghozlan, a réclamé au gouvernement de décréter l'état d'urgence de l'antisémitisme. Si nous voulons passer des belles paroles et des belles intentions à des résultats concrets, je ne vois pas d'autre solution.

Source Le Point
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