mardi 8 janvier 2019

BD: "Violette Morris, à abattre par tous les moyens"


Choisissez votre camp, camarade ! Celui du bien ou du mal ! Celui du héros ou du pestiféré ! Celui du résistant ou celui du collabo ! Ou alors ! Ni l’un, ni l’autre, c’est plus pratique pour passer entre les doutes.......Détails.......



Sachez qu’ici-bas, quelques gaillards (Kris, Betrand Galic et Javi Rey), curieux et la tête bien pleine, ont décidé de vous ériger une statue de papiers. “Violette Morris” écrit sur la couverture de ce premier volet qui en comptera quatre. Car votre vie vaut bien une collection. Ne rougissez pas Violette, vous le méritez, sans doute.
Vous adoriez le sport, qui au début du 20e siècle, se conjuguait essentiellement au masculin. D’ailleurs, à ce que l’on dit, vous le pratiquiez de forts belles manières et vous avez glané des trophées, en natation, en sport automobile…vous cherchiez la performance à tout prix “ce qu’un homme fait, Violette peut le faire !” disiez-vous.
Vous avez vécu avec panache. Brûlé la vie par les deux bouts. Vous avez fait volé en éclats, les préjugés et les bonnes mœurs de la société sportive de ce début de siècle. 
Aux quatre coins de Paris qu’on les a retrouvées les bonnes manières, éparpillées par petits bouts, façon puzzle !
Et parce que cela ne suffisait pas, vous avez même pratiqué, sur ce corps d’athlète, une double mastectomie, pour être plus à l’aise au volant des véhicules de course. Je le disais, vous avez vécu avec panache !
Mais cet ouvrage est autre chose qu’une suite de bulles à lire, tendrement, au coin de la cheminée. 
C’est une bande dessinée d’investigation ! Car nos passionnés érudits ont l’histoire officielle qui les grattouille, qui les gêne aux entournures. Ils se posent des questions, chère Violette. 
Comment une femme, comme vous, sportive aguerrie et accomplie, ambulancière en 14, se retrouve-t-elle, aux heures sombres d’un conflit mondial, au bras des sbires gestapistes ? 
Comment une femme comme vous, au sang libre, aux passions ravageuses, à la volonté sans commune mesure, se retrouve-t-elle à fricoter avec les larbins de Satan rue de Saussaies ?
Pour aller plus loin, nos vieux briscards de la plume et du crayon de bois vous ont inventé une amie d’enfance, Lucie. Ancienne avocate du barreau, radiée parce que juive et devenue enquêtrice privée. 
Et qui, pour la cause, cherche la vérité à une période d’après-guerre, où l’on fusille et l’on tond pour un oui ou pour un non.
Et si, en fait, vous n’étiez pas celle que l’on a bien voulu décrire dans les livres d’histoire ? Et si vous étiez tout simplement, au mauvais endroit au mauvais moment ? 
La résistance vous a lancé une fatwa, le groupe Surcouf l’exécute en pleine cambrousse en 44. Pourquoi ? Aux ordres de qui ?
Tant de questions, si peu de réponses…pour le moment !
Nos trois compères ont de la chance que nous ne sommes plus à cette époque de justice expéditive car, je les aurais bien écartelés avec des chevaux de traie ! Désormais, il nous faut attendre de longs mois avant de connaître la suite. La frustration est un supplice ! 
Je vous l’accorde moins pénible que les flagellations et autres bûchers aux hérétiques, place de Grève.
Ha, j’oubliais, chère Violette, sachez qu’à notre période, les femmes ont le droit de courir plus de 800 mètres en compétition officielle ! Qu’elles pratiquent toutes les disciplines sportives, comme les hommes ! Et qu’elles ont même un magazine : “Les sportives” ! Vous en seriez fière !
Il y avait, à votre époque, quelques femmes aimées de ces messieurs, parce que bien corsetées, bien éduquées, bien à leur place et il y avait, vous, Violette Morris, détestée de ces messieurs, parce que libre ! Choisissez votre camp, camarade !

Par Sébastien Beaujault

Source Le Temps
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