jeudi 14 juin 2018

Interview: Jeanne Manson évoque ses origines juives....


En évoquant la disparition de sa maman, la chanteuse de jazz et peintre Chris Stevens, le 29 mars dernier à New York, à l’âge de 92 ans, Jeane n’a pu contenir ses larmes. Une peine consolée par la joie de marier sa fille Marianne, le 21 juin, à Paris.....Interview.......



France Dimanche : Votre mère est décédée il y a peu. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Jeane Manson : J’ai encore du mal à faire mon deuil. Je l’admirais tant ! Ces derniers temps, elle n’allait vraiment pas bien. Elle avait des problèmes cardiaques. 
On lui avait placé des stents dans ses artères il y a huit ans, mais au bout d’un moment ça n’avait plus l’effet escompté. Ses pieds n’étaient plus irrigués et devenaient tout noirs. 
C’était très douloureux, elle ne pouvait quasiment plus marcher. Ce n’est pas évident d’accompagner un être proche en fin de vie. Surtout quand il souffre. Je me suis posé beaucoup de questions à ce sujet. 
C’est terrible ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Il faut être très riche pour mourir dans des conditions décentes. Surtout depuis que Donald Trump est au pouvoir. 
Voilà pourquoi ma mère est morte chez elle. Obtenir un lit dans un hôpital est devenu hors de prix ! C’est une honte ! 
Le pire, c’est que même dans les hôpitaux, les malades ne sont pas toujours bien traités. Avant qu’on ne décide de la ramener à la maison, elle était mise de côté. Le personnel ne s’en souciait guère. 
En deux semaines, aucun médecin n’était venu la voir pour prendre de ses nouvelles. Les derniers moments ont été difficiles. Elle ne mangeait presque plus, mais elle avait encore toute sa tête. Nous chantions tous les jours une chanson ensemble, jusqu’à la fin. 
Je n’étais hélas pas à son côté lorsqu’elle a rendu son dernier soupir. J’avais dû retourner quelques jours en France pour un gala. Elle repose désormais au cimetière de Hurley (NY) juste à côté d’une de ses sœurs et son frère.

FD : Vous aviez en commun avec votre mère l’amour de la musique…

JM : Oui, c’était une grande chanteuse. J’ai retrouvé récemment chez elle des enregistrements magnifiques que j’ai numérisés, ils sont accessibles sur Internet. Elle a, entre autres, été choriste dans le groupe de Louis Prima [l’interprète de Just a gigolo, ndlr]. 
Elle a aussi chanté pour les troupes américaines et les a même suivies en Allemagne et en France, notamment au Havre où elle a rencontré mon père. C’est peut-être de là que je tiens cet amour pour votre pays. 
Quand nous vivions au Mexique, elle passait chaque semaine à la télévision. Après ça, elle a voulu tenter sa chance à Hollywood, mais elle a eu plus de mal à persévérer. 
Elle reste néanmoins une grande chanteuse, qui a dû continuer à exercer son métier dans les bars et les restaurants. J’ai donc baigné dans cet univers depuis toujours. 
À 13 ans, je savais déjà ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais être comme ma maman ! 
Mais je ne serai jamais aussi bonne qu’elle en peinture. C’était une grande artiste, de style impressionniste. 
Ses œuvres ont été exposées un peu partout. Savez-vous qu’un de ses tableaux est à l’Assemblée nationale ?

FD : Que retiendrez-vous d’elle ?

JM : Son histoire est incroyable. Ma mère a grandi dans une famille très pauvre. Ses parents ont quitté la Pologne en 1909, pour échapper aux pogroms de l’Europe de l’Est, et trouvé refuge à New York. 
Je ne les connaissais pas bien, parce que nous sommes partis vivre au Mexique quand j’étais petite. 
Et ce n’est que récemment, alors que maman était sur son lit de mort, que j’ai découvert que le nom de famille de sa mère était Barouk. Un nom juif ! 
J’ai aussitôt appelé ma fille qui vit en Israël pour le lui annoncer. C’était d’autant plus incroyable que nous avons toujours eu une éducation chrétienne ! Mais, à cause de la guerre, mes grands-parents ont dû cacher qu’ils étaient juifs et ont gardé ce secret toute leur vie. 
C’est dingue que je l’apprenne moi-même seulement maintenant ! Le plus étrange, c’est que mes deux filles vivent aujourd’hui en Israël. Et que je me sois mise à l’hébreu…

FD : La foi est-elle à ce point importante dans votre vie ?

JM : Je suis très croyante. Ce n’est pas un hasard si j’habite dans un cloître à Peralada, en Catalogne, et si je prends beaucoup de plaisir à chanter dans les églises. 
Je m’y suis produite plus de six cents fois en dix-huit ans. Et je suis actuellement en tournée en France et en Espagne avec le groupe Gospel for all*. Chanter dans de tels endroits me procure encore plus d’émotion depuis la disparition de maman. 
J’essaie de retenir mes larmes quand je chante. Je dédie d’ailleurs mon spectacle à sa mémoire.

FD : Un autre événement, heureux cette fois-ci, vous attend très prochainement…

JM : Oui, je vais bientôt être grand-mère pour la troisième fois ! Ma fille Shirel, âgée de 40 ans, s’est remariée en novembre dernier et attend son troisième enfant [après Liam, 11 ans, et Luna, 9 ans, ndlr]. 
Elle vit aujourd’hui près de son papa en Israël. Pour l’anecdote, elle s’est convertie au judaïsme sans savoir qu’elle était juive par sa grand-mère. Sa sœur Marianne [son autre fille âgée de 29 ans qu’elle a eue avec Allain Bougrain Dubourg, ndlr] l’a récemment rejointe là-bas. 
Elle travaille avec son compagnon pour la chaîne de télévision i24. Je me réjouis qu’ils officialisent à leur tour leur union dans quelques jours. Ils vont si bien ensemble…

Source France Dimanche
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