lundi 14 mai 2018

70 ans d’Israël : ces défis qui jalonnent l’avenir de l’Etat hébreu

 
Il y a 70 ans jour pour jour, le 14 mai 1948, l'Etat d’Israël proclamait son l'indépendance. Sept décennies plus tard, où en est le pays sur le plan régional et international ?.....Analyse.......


Sur la scène internationale quels problèmes doit encore surmonter Israël ?
D’abord, il faut bien reconnaître qu’en 70 ans d’existence, et ce en dépit des fortes tensions actuelles, la situation internationale et surtout régionale n’a jamais été aussi bonne pour l’Etat hébreu.
Les sept ans de bouleversements faisant suite aux révoltes arabes, et surtout la montée en puissance d’un groupe tel que Daech, les crises, les affrontements interarabes et inter-religieux chez leurs proches voisins ont d’abord pu présenter un certain avantage (bien fragile) pour les Israéliens.
Ce chaos a eu au moins le mérite de changer la donne géopolitique de la région et, donc, de consolider certaines alliances pour Israël ou d’en faire apparaître d’autres.
Mais elle a fait naître également de nouvelles menaces.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, pour certains pays occidentaux, ou du moins pour les plus éclairés et les plus pragmatiques, au premier rang desquels les pays européens victimes du terrorisme islamiste (ou simplement confrontés, comme les pays du centre et de l’est de Europe - Autriche, Hongrie, la République tchèque, Roumanie… -, à une déferlante migratoire à majorité musulmane), la coopération avec l’Etat hébreu redevient d’actualité.

Chypre et la Grèce ont d’ailleurs déjà signé avec Israël de nombreux accords commerciaux, énergétiques mais aussi et surtout, militaires… Face au même danger de l’islamisme radical, qui peut se permettre sérieusement de se passer de l’expérience et du savoir-faire israélien dans la lutte contre le terrorisme ?
Israël a su tisser et consolider sa coopération sécuritaire mais aussi ses liens d’amitiés et surtout commerciaux avec de grandes puissances comme l’Inde ou encore la Chine.

Quant aux rapports entre l’Etat hébreu et la Russie, le nouveau Juge de paix de la région depuis son intervention en Syrie, ils sont excellents et ne sont plus à démontrer. Mais j’y reviendrai plus loin…
Enfin, nous l’avons vu ces derniers mois et ces dernières semaines, avec les Etats-Unis de Donald Trump, Jérusalem n’a jamais connu un tel soutien venant de son principal et plus puissant allié, et qui est encore, rappelons le, et que cela nous plaise ou non, la seule puissance globale de la planète.
Au niveau strictement régional, là aussi, nous assistons à une évolution positive pour Israël.
Ainsi, depuis ces dernières années, les relations commerciales mais aussi la collaboration sécuritaire, spécialement dans le domaine du renseignement, se sont formidablement intensifiées entre Israël, la Jordanie et la grande Egypte de Sissi (les deux seuls pays arabes à avoir déjà signé une paix officielle avec Jérusalem).
Même les Etats du Golfe dont le plus grand d’entre eux, l’Arabie saoudite, le pays « des deux mosquées sacrées » (notamment du fait de l’hégémonie grandissante de l’adversaire commun dans la région, l’Iran) se sont depuis paradoxalement et fortement rapprochés de l’Etat juif pourtant si honni par le passé.
Ces nouvelles inflexions vont peut-être mettre fin à cette hypocrisie historique et diplomatique qui a toujours caractérisé, depuis des décennies,  les relations entre Israël et ses voisins arabes qui loin du catastrophisme des médias ou des communiqués officiels et enflammés de part et d’autre, ont toujours discuté ou commercé en coulisses…
Alors, s’il faut retenir un seul défi ou une menace cruciale pour Israël dans la région, et comme le montrent les tensions de ces derniers jours, nous devons évoquer l’Iran.
Là encore, même si certains jouent à se faire peur et qu’il est vrai que manipuler des allumettes sur une caisse d’explosifs est toujours dangereux, il faut savoir raison garder et sortir du sensationnalisme ambiant pour prendre un peu de recul.
En Syrie, les Israéliens ne veulent absolument pas voir s’installer un « Iran Land » à ses frontières et fera tout pour que cela ne se produise pas.
C’est la raison pour laquelle, Tsahal cible quasi quotidiennement, depuis des mois et toujours avec le blanc-seing russe, les positions et les déplacements d’armes iraniennes comme dans la nuit du 10 mai où, en réponse à vingt tirs de missiles contre le territoire israélien, plus d'une cinquantaine de cibles ont été durement touchées.
De toute évidence, même si certains annoncent une confrontation imminente, un affrontement de grande ampleur entre l’Iran et Israël est peu probable.
Il aurait d’ailleurs déjà pu avoir lieu depuis bien longtemps, notamment lors de la centaine de frappes israéliennes précédentes sur la Syrie et qui ont parfois causé la mort d’officiers iraniens et de la milice chiite libanaise.
Toutefois, comme on le voit encore ces derniers jours, Téhéran et la milice chiite libanaise font le dos rond.

Les Iraniens, comme le Hezbollah d’ailleurs, n’ont jamais engagé des représailles d’envergure contre Israël, et ce pour trois bonnes et simples raisons :
D’abord, s’ils le faisaient, ils perdraient immédiatement leurs derniers soutiens européens notamment depuis le récent retrait fracassant des Américains de l’accord sur le nucléaire iranien.
Ensuite, malgré leur expertise et leur efficacité certaine du combat au sol, ils n’en ont, pour l’instant, absolument pas les moyens militaires.
Enfin, ils savent pertinemment, connaissant les Israéliens, que cela leur en cuirait.
Et puis ne soyons pas naïfs, Israéliens et Iraniens, malgré les apparences, sont des pragmatiques, et encore une fois, dans l’arrière cuisine, des canaux de discussions existent en cas de crise trop grave…

Par ailleurs, les Russes et même Bachar el-Assad, ne voient pas d’un très bon œil une présence iranienne pérenne en Syrie. Signe des temps, ce 9 mai, Netanyahou a été l’invité d’honneur de Poutine au défilé de la victoire de la Seconde Guerre mondiale…
A terme, si les Iraniens (comme le Hezbollah au Liban), ne souhaitent pas perdre tous les bénéfices économiques et commerciaux de leur victoire en Syrie, il est fort possible que sous la pression du Maître du jeu russe (qui n’est au final qu’un partenaire tactique et non un allié), ils préféreront calmer le jeu et effectuer un certain retrait afin de préserver leur influence politique mais aussi leurs billes dans les parts de marchés de la reconstruction du pays.
Sauf incident grave, Trump comme les Israéliens ne veulent raisonnablement pas d’un conflit ouvert avec l’Iran.

Ce n’est dans l’intérêt de personne.
De fait, comme le disait le général de Gaulle à propos de la Russie et du communisme, la grande Perse finira par boire comme un buvard le fondamentalisme chiite. La question est de savoir comment et dans combien de temps.
Le Président américain veut simplement accélérer ce processus inéluctable. Avec son retrait du JCPAO, il pense, comme l’a fait Reagan avec l’Union soviétique, imposer une pression insupportable sur Téhéran, asphyxier et mettre à genoux les mollahs.
C’est un pari risqué car le régime est solide et pour l’instant, il n’est pas prêt de s’effondrer comme un château de cartes.
Au mieux, les responsables iraniens, pris à la gorges et déjà confrontés à de gros problèmes socio-économiques (cf. les manifestations violentes de cet hiver - et qui se poursuivent encore aujourd’hui sporadiquement - contre la corruption des élites, la vie chère et les aventures extérieures), se résignent finalement à revenir à la table des négociations afin de sauver ce qui peut l’être encore… Nous verrons bien. 
Pour finir, beaucoup critiquent le fait qu’Israël a depuis 70 ans défini ses relations avec les Arabes par la force et la violence brute. Ses réactions « disproportionnées » lui sont souvent reprochées. Soit. Mais je leur rappelle, que nous sommes en Orient et non en Scandinavie et que sans cela, l’Etat hébreu n’aurait pas tenu une semaine. En s’étant construit et se comportant telle une Sparte moderne et orientale, Israël est certes voué aux gémonies par ses voisins mais il a toujours été respecté et craint.
Et cela compte énormément dans cette partie du monde. Mais la grande force des Israéliens, c’est qu’ils n’ont pas le droit de perdre, qu’ils ne laissent rien au hasard et que surtout, ils savent reconnaître leurs faiblesses et surtout apprendre de leurs erreurs (guerre de 1973, les 2 Intifadas, guerre de 2006 au Liban...).
Aujourd’hui, la suprématie militaire et conventionnelle israélienne sur toutes les forces arabes ou régionales reste plus que jamais incontestable. Grâce à sa puissance de feu inégalée et sa supériorité dans le renseignement hi-tech comme humain (tel qu’on l’a vu avec la précision des raids en Syrie ou la récente exfiltration d’Iran de 500 kg de documents sensibles), l’Etat hébreu est un pivot stratégique.
Moscou l’a d’ailleurs très bien compris… De toute évidence donc, Israël est encore loin de connaître le sort des Etats latins d’Orient aux XIIe et XIIIe siècles et les dirigeants arabes actuels l’ont parfaitement assimilé en se disant qu’il serait temps à présent de composer avec « l’Etat sioniste ».
Dans ce sens, de plus en plus de chefs d’Etats arabes, comme l’égyptien Sissi ou encore le jeune prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS), ont pris conscience, comme le prouvent ces dernières années de drames, qu’Israël devait être un partenaire à part entière et que surtout, il n’était pas l’unique « problème » du Moyen-Orient.
D’autre part, ils savent que d’autres défis plus urgents (souvent pour leurs propres intérêts) étaient à relever à l’instar de la lutte contre l’islam politique et radical, le terrorisme, la misère et le développement socio-économique ou la corruption des élites…
Par Roland Lombardi

Source Atlantico
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