mardi 10 avril 2018

Juraj Herz, le réalisateur de « L’Incinérateur des cadavres », s’est éteint

 
Juraj Herz est né en 1934 dans la famille d’un pharmacien juif de la ville de Kežmarok en Slovaquie. Son enfance s’annonce heureuse mais le premier chapitre prometteur de sa vie ne sera que de courte durée. Après l’éclatement de la guerre en 1939, son père cherche le moyen pour protéger ses proches contre la déportation et toute la famille se convertit au protestantisme......Détails.......


Cependant cette mesure ne se révèle efficace que pendant quelque temps et finalement la famille du pharmacien protestant n’échappera pas au sort des autres Juifs. En décrivant cette étape de son existence, Juraj Herz prend un ton quasi neutre et ne se laisse pas aller à l’émotion, mais son témoignage n’en est pas moins poignant.
L’enfant qui vers la fin de la guerre n’a que dix ans passe successivement par trois camps d’extermination, Auschwitz, Ravensbrück et Sachsenhausen. Il est témoin et victime des pires atrocités et ce n’est que par miracle qu’il n’est pas broyé par cette machinerie de la mort.
Evidemment, ces épreuves terribles seront gravées à jamais dans sa mémoire et il les évoquera beaucoup plus tard dans son film « Zastihla mě noc » (Je fus surprise par la nuit) situé en grande partie dans le camp de Ravensbrück.

Aux prises avec la censure communiste

Après la guerre, le garçon miraculé subit un attrait irrésistible pour le monde du spectacle. Adolescent, il s’inscrit d’abord à la faculté de marionnettes, puis déserte pour le cinéma.
D’abord assistant de réalisateurs renommés, il signe son premier long-métrage en 1966 mais c’est en 1968 qu’il s’impose définitivement dans le cinéma tchèque en portant à l’écran le roman « Spalovač mrtvol » (L’Incinérateur des cadavres) de Ladislav Fuks.
Mais ce premier grand succès risque aussi de devenir son dernier parce que le pays est occupé en août 1968 par l’armée soviétique et l’envol du jeune réalisateur est arrêté. Il est convaincu que sans l’occupation sa carrière aurait été tout-à-fait différente :
« J’ai tourné ‘L’Incinérateur de cadavres’, et j’avais en réserve déjà les projets de quatre films. Je n’ai finalement pu en réaliser aucun parce que le régime communiste ne me l’a pas permis. Et tous mes autres films n’étaient pas les sujets que je voulais faire. ‘Les Lampes à pétrole’ ou ‘Morgiana’ ne correspondaient pas à mes désirs de réalisation. Après avoir tourné ‘L’Incinérateur de cadavres’, j’avais à ma disposition trois romans de Ladislav Fuchs, et le scénario, d’abord autorisé puis interdit, de l’adaptation du ‘Surmâle’ d’Alfred Jarry. »

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'Petrolejové lampy' - Lampes à pétrole'Petrolejové lampy' - Lampes à pétrole Tombé en disgrâce, Juraj Herz réussit à réaliser dans les années de la normalisation, entre 1970 et 1987, malgré la malveillance voir l’hostilité du régime communiste à son égard, toute une série de films.
Obligé de faire des compromis avec le pouvoir, il réalise quand même quelques-uns des meilleurs films du cinéma tchèque de cette période difficile dont par exemple l’adaptation du roman « Petrolejové lampy » (Lampes à pétrole) » de Jaroslav Havlíček.

L’exil allemand et le retour au pays

Cependant, la patience du réalisateur avec ses censeurs communistes est soumise à de trop rudes épreuves et n’est pas sans limites.
Ainsi, en 1987, il décide de couper les ponts et de s’exiler. Il s’installe à Munich et continue à travailler dans les studios allemands mais cette activité ne lui apporte pas une véritable satisfaction :
« Je pense que les films que j’ai réalisés en Allemagne ne sont pas très importants parce que je suis parti en Allemagne pour tourner un conte de fées. J’avais déjà tourné deux contes et ils me considéraient comme spécialiste du genre bien que les contes de fées ne soient pas mon genre préféré. J’ai été obligé de les tourner parce que je devais gagner ma vie.
Mes films réalisés en Allemagne ne sont donc pas très intéressants pour moi, ceux que j’ai pu faire en Tchéquie étaient plus intéressants. »
'Habermannův mlýn''Habermannův mlýn' Après la chute du régime communiste en 1989, Juraj Herz retourne dans son pays et poursuit son œuvre de cinéaste. En 1994 et 1996 il collabore entre autres avec la télévision française et signe deux épisodes de la série des Maigret avec Bruno Crémer dans le rôle principal. Sa filmographie s’arrête en 2010 lorsqu’il réalise en coproduction germano-tchèque le film « Habermannův mlýn » (Le moulin d’Habermann ), une œuvre qui suscite des réactions contradictoires car elle évoque la coexistence difficile des Tchèques et des Allemands dans les Sudètes.



Source Radio Prague
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