mercredi 7 mars 2018

Des oiseaux migrateurs en pleine confusion.....

 
Régulièrement, de grands coups de klaxons retentissent au bord d’un champ de la réserve naturelle de Houla, en Israël. Comme une vague, des milliers d’oiseaux aux plumes cendrées s’envolent et se reposent quelques centaines de mètres plus loin......Détails........


« Les grues doivent libérer ce champ qui va être planté », relève Shai Agmon, l’ornithologue responsable du site, en braquant ses jumelles vers les échassiers qui se sont remis à picorer tranquillement.
Dans cette réserve qui s’étend dans une vallée de Haute Galilée, dans le nord du pays, la vie commune entre faune sauvage et agriculteurs se règle ainsi, à coups de lumières vives et de tintamarre.
Pour éviter les conflits, les grues reçoivent aussi jusqu’à 12 tonnes de grains de maïs par jour. «Sans cela, les champs alentour seraient dévastés et les oiseaux en danger », souligne l’ornithologue.
Cette stratégie interventionniste mise en place dans les années 1990 prend aujourd’hui une nouvelle dimension, alors que la pression des oiseaux sur la région s’accentue.

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La réserve n’était qu’une halte sur la route de migration vers l’Afrique, une aire de repos où les échassiers ne s’arrêtaient pas plus de quelques jours pour reprendre des forces.
Elle devient un lieu d’hivernage pour un nombre de plus en plus important d’oiseaux. «C’est un phénomène très récent, relève Shai Agmon. Cette année, quelque 50000 grues cendrées ont passé l’hiver chez nous, renonçant à voler plus au sud.
Pour vous donner une idée, elles n’étaient que 1 500 il y a trente ans - et ce nombre, à l’époque, était jugé “record” par l’ornithologue en charge du comptage. »

Transmission entre générations

Environ 150000 grues cendrées survolent Israël deux fois par an, en suivant une des plus importantes routes de migration du monde. «À l’automne, elles quittent l’Europe de l’Est et la Russie, où elles ont nidifié, pour passer quelques mois en Éthiopie.
Elles font le chemin inverse au printemps », raconte Sasha Pekarsky, une chercheuse au laboratoire d’écologie de l’Université hébraïque de Jérusalem qui étudie le comportement des migrateurs en les équipant de GPS ou en collectant des plumes abandonnées. Elle observe leur impressionnante capacité d’adaptation.

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Les grues peuvent manger toutes sortes de graines. Contrairement aux passereaux, elles voyagent en famille et enseignent à leur descendance les nouveaux trajets.
Cette transmission plus rapide donne un avantage à l’espèce, au moment où le rythme des bouleversements écologiques s’accélère.
«En raison du réchauffement climatique et des interventions de l’homme, la traversée du Sahara est devenue plus difficile, s’inquiète Shai Agmon. Le désert a gagné 800 km en moyenne en quarante ans et des points d’eau, où les oiseaux s’abreuvaient sur la route, ont disparu.
En Éthiopie, la culture des fleurs à grande échelle les prive de ressources. » Les échassiers profitent aussi de la transformation de la réserve de Houla menée dans les années 1990 par la Société de protection de la nature.
C’est à cette époque que l’eau a été réintroduite sur le site - une ancienne zone marécageuse asséchée peu après la création de l’État d’Israël.
Le lac et les marais forment aujourd’hui un environnement accueillant pour des dizaines d’espèces : pélicans, cigognes, canards, flamants roses ou rapaces.
Vu de France, le phénomène n’est pas surprenant.
Expert à la Ligue pour la protection des oiseaux, Jérémy Dupuy souligne l’enchevêtrement de facteurs qui influencent l’évolution des migrations. «L’espèce connaît une très forte augmentation de sa population partout en Europe, dit-il. Cela joue forcément. »

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Plus à l’ouest, sur une autre voie de migration, les grues profitent aussi d’hivers adoucis et des ressources offertes par l’agriculture pour raccourcir leur voyage et paresser plus au nord. Ces grands oiseaux peureux sont de plus en plus nombreux à passer l’hiver en France.
Mais bien d’autres espèces, plus discrètes que les échassiers, semblent avoir modifié leurs habitudes.
En Galilée, Shai Agmon pense à la fauvette à tête noire, un petit passereau qui migre de nuit, en célibataire. Selon l’ornithologue, des dizaines de milliers d’individus hivernent maintenant en Israël plutôt que de se lancer dans un long périple vers l’Afrique.

Source Le Figaro
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