Découverts il y a 70 ans déjà, les manuscrits de la mer Morte continuent de dévoiler leurs secrets encore aujourd’hui. Depuis leur découverte en 1947, les manuscrits de la mer Morte n’ont cessé de susciter questions et fascination. Cet ensemble de près de 1000 textes reconstitué à partir de plusieurs dizaines de fragments de parchemins et papyrus a été retrouvé sur le site archéologique de Qumran, il promettait de formidables avancées pour l’histoire des religions.......Détails.......
Trouvaille de taille pour les chrétiens
«Parmi les quelque 930 documents trouvés dans les grottes, près de 220 sont des rouleaux de la Bible hébraïque, soit l’Ancien Testament», précise James Morgan, professeur en Nouveau Testament à la HET-PRO.
L’intérêt de ces manuscrits est évidemment manifeste pour le monde chrétien. D’autant plus que la majorité de ces manuscrits ont été copiés au cours du premier siècle avant Jésus-Christ et que le site de Qumrân se situe à moins d’une vingtaine de kilomètres de Jérusalem.
«Il s’agit de la découverte archéologique la plus importante pour les sciences bibliques», atteste le professeur.
Découverte miraculeuse
Cette incroyable découverte n’est cependant pas due à un groupe d’archéologues mais plutôt à trois Bédouins qui faisaient paître leurs troupeaux dans ce désert rocailleux au nord-ouest de la mer Morte.
La légende retient qu’ils sont fortuitement tombés sur ce «trésor» en tentant de retrouver une brebis qui s’était vraisemblablement égarée dans une grotte.
«En somme, la découverte des manuscrits de la mer Morte est ce que beaucoup de chrétiens considèrent comme un miracle de Dieu», s’enthousiasme Antony Perrot, spécialiste de littérature hébraïque.
Bien qu’analphabètes, les Bédouins ont évalué la valeur financière de leur trouvaille et ont vendu les précieux rouleaux à des marchands de Bethléem. De nombreuses fouilles archéologiques, de 1947 à 1956, sont venues ajouter des morceaux au corpus.
Une question de légitimité
Au lendemain des 70 ans de leur découverte, la HET-PRO consacrera une journée d’études à ces textes, le 21 mars prochain. Le but ? Faire le bilan de l’état des recherches et s’interroger sur leur impact «pour l’Eglise et son dialogue avec la société».
Qu’en est-il en effet des questions que ces écrits soulèvent par rapport au canon de l’Ancien Testament ? «Tous les livres de l’Ancien Testament sont attestés à Qumrân, à l’exception du livre d’Esther», précise Antony Perrot.
«Si certains livres sont fragmentaires, d’autres sont très bien attestés à l’instar du livre d’Esaïe ou des Psaumes.»
La question est de savoir si l’absence du livre d’Esther est dû à de simples dégâts matériels ou les Esséniens, qui ont rédigé une grande partie de ces textes, l’avaient-ils volontairement exclu de leur bibliothèque ? La question reste en suspens, avec toutes ses conséquences possibles.
«Ainsi on se demande si Qumrân permet de contribuer à définir la canonicité de tel ou tel livre ou si les croyances de cette communauté ont joué un rôle important dans la sélection des livres qu’ils considéraient comme faisant autorité», formule le spécialiste.
Et d’ajouter: «Il en va de même pour le livre d’Hénoch: on connaît plusieurs copies de ce livre parmi les trouvailles faites à Qumrân et il est cité par Jude dans le Nouveau Testament, mais il ne figure pourtant pas dans le canon protestant.»
Nouvelle compréhension
Aux manuscrits de la Bible hébraïque s’ajoute encore toute une littérature sur la vie et le fonctionnement de ces Juifs esséniens.
«Les écrits de la communauté nous aident à mieux comprendre la manière dont une partie du peuple juif vivait, mettait en pratique sa foi, et interprétait les Ecritures», indique James Morgan.
«Ainsi, ces éléments nous ouvrent une fenêtre pour mieux comprendre le milieu dans lequel s’est développé le mouvement chrétien.»
Plusieurs questions se posent encore aux chercheurs. «Tous les textes de Qumrân ont-ils été rédigés par les Esséniens ? Combien de scribes ont produit ces 930 manuscrits ? Quel scénario explique au mieux la répartition de ces manuscrits dans les onze grottes de Qumran ? Parviendra-t-on à déchiffrer les derniers textes en écriture cryptique ?» interroge Antony Perrot.
Une chose est sûre: Qumrân n’a pas encore livré tous ses secrets.
Anne-Sylvie Sprenger
Source Christianisme Aujourd'hui
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