mercredi 22 novembre 2017

Saad Hariri de retour au Liban : 4 scénarios possibles

 
Le Premier ministre libanais démissionnaire est rentré mardi soir au Liban. Démissionnera-t-il réellement ? Pour quelles conséquences ?.......Détails.........



Selon la Constitution libanaise, le Premier ministre, s'il souhaite démissionner, doit remettre en main propre sa lettre de démission.
Après avoir lue depuis Riyad une déclaration annonçant son intention de renoncer à son poste, le Premier ministre libanais Saad Hariri est arrivé ce mardi à Beyrouth où il est donc question qu'il remette sa démission au président Aoun. Le fera-t-il ?
Quels scénarios politiques sont envisageables à la suite de ce geste ?
Quelles sont les attentes des Iraniens et des Saoudiens ?
Le politologue Ziad Majed, professeur à l'université américaine de Paris, nous aide à y voir plus clair.

Quels sont les scénarios possibles ?

1. Le président Aoun accepte la démission de Saad Hariri et décide de lancer des consultations parlementaires en vue de la constitution d'un nouveau gouvernement
"Ces consultations mènent de nouveau à la nomination de Saad Hariri, mais celui-là ne parvient pas à former un gouvernement, et les négociations politiques se prolongent jusqu'aux prochaines élections législatives de mai 2018", souligne Ziad Majed.
"Il y a des précédents, le pays pourrait alors rester sans nouveau gouvernement pendant des mois. Saad Hariri serait Premier ministre nommé, et son ancien gouvernement reste par intérim en attendant la transition". Une solution d'attente, d'entre-deux.
2. Hariri est nommé Premier ministre et nomme un nouveau gouvernement sans le Hezbollah
"Ce scénario n'est envisageable qu'à condition que des 'relais' du Hezbollah soient surreprésentés au gouvernement.
A la fois des membres du mouvement Amal et des Aounistes", estime Ziad Majed.
Une option qui pourrait contenir temporairement la colère saoudienne et tenir compte de la déclaration ministériel arabe de dimanche dernier condamnant le Hezbollah et ses actions dans la région.
3. Hariri décide de ne pas être candidat à sa propre succession, et le président Aoun nomme une autre personnalité du Courant du Futur, le bloc sunnite que Hariri-même dirige
Mais qui ? Peu de personnalités émergent pour le moment. "Le nom de l'ancien Premier ministre Fouad Siniora circule, sauf qu’il pourrait soulever le veto des camps adverses.
Celui du frère de Saad, Bahaa, a été évoqué dans la presse, mais c'est un homme en retrait de la vie politique libanaise, et cela paraît peu probable", estime Ziad Majed.
Ashraf Rifi, ancien chef des forces de sécurité interne ? "S'il est populaire dans le nord du pays à Tripoli, Rifi est loin de faire l'unanimité, le proposer maintenant serait précoce".
4. Le président Aoun décide, suite à un accord politique dans le pays, de nommer une personnalités sunnite "indépendante" en vue de la constitution d'un gouvernement de technocrates
"Il y aurait fort à parier que de nombreux enjeux pratiques et économiques seraient bien mieux gérés avec un gouvernement de technocrates : la question des ordures, le scandale de l'électricité, etc.

Mais aucune question politique ne serait alors réglée"
Que veulent les Saoudiens ?

"Riyad souhaite la fin de la cohabitation gouvernementale avec le Hezbollah. Ils n'ont probablement pas l'illusion qu'ils peuvent gagner la bataille face aux iraniens au Liban.
Leur objectif est surtout de montrer à Téhéran qu'il n’est plus le maître du jeu à Beyrouth, et que sa politique expose ses alliés aux sanctions américaines et arabes et aux risques d’une nouvelle guerre avec Israël".
Que veulent les Iraniens ?

"Les Iraniens sont en position de force, souligne Ziad Majed. Ils ne souhaitent pas pour autant, occupés qu'ils sont en Syrie et en Iraq, voir un nouveau front s’ouvrir là où les choses leur semblaient acquises.
Ils craignent une volonté américaine de changer les rapports de force dans le Levant.
Pour le moment les intentions de Trump sont peu lisibles. L'Iran préfère en attendant rester mesuré sur la scène libanaise et le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah s’est montré ces derniers jours très prudent. Mais cela pourrait bientôt changer".

Céline Lussato

Source L'Obs
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