dimanche 27 août 2017

Dans la mémoire du village.....

 
Il y a peu, le président de la République mentionnait les « Français qui offrirent aux juifs pourchassés un refuge hospitalier » mais aussi ceux qui choisirent le « chemin de l'obéissance active » au régime de Vichy avec son « poids d'abomination et de malheurs »......Détails........



« Offrir un refuge », c'est ce que fait Claude Robert, habitant de Saint-Claude, pour la famille Eideliman, en mai 1942.
Celle-ci, dispersée en partie, comprend Moïse et Etty, Sarah, leur fille, leurs garçons, Abram, Iankel et Ghers devenus, une fois naturalisés, Albert, Jacques et Henri. Liliane, la fille d'Henri, est là également.
Albert écrira : « nous vivions paisiblement à Saint-Claude. Certains savaient que j'étais un prisonnier évadé, l'ancien maire, le père Robert, connaissait ma situation mais il n'en parlait à personne, il avait donné sa démission parce qu'il ne voulait pas être un instrument dans les mains des Allemands ».
Albert poursuit, parlant des Saint-Claudins, « j'ai gardé le souvenir de gens très serviables, laborieux, sobres, et pourtant, ils produisaient leur vin ! ». Les Eideliman viennent de Bessarabie, à l'Est de l'Europe, que se disputent la Roumanie et la Russie.

Ils habitaient à Richkon, village où vit une communauté juive « privée de tout droit politique », explique Albert. Dures années, les enfants sont confrontés à l'antisémitisme, à la grande pauvreté.
Jacques, Iankel à l'époque, se souvient : « je regarde tomber la pluie, le nez collé au carreau de la fenêtre. La boue et l'ennui ont tout envahi. J'ai des bottes percées, je ne peux pas sortir. Pas le moindre jouet à la maison ».
La tendresse soude la famille, efface la tristesse. Les enfants grandissent, découvrent la politique, le sionisme, les luttes syndicales, et le désir d'émigrer. L'aîné, Philippe, part pour l'Amérique, puis Henri et Jacques pour la France, « nous sommes comme des bateaux impatients de lever l'ancre » racontera ce dernier.

Le 29 février 1929, c'est le départ. La famille se retrouve à Paris tout à la fois « hostile et fraternel ». Les garçons travaillent, vient l'heure de l'engagement, « ça discute dur, le soir autour de la table », au club de la Jeunesse ouvrière juive puis au Parti communiste. Avril 1934, les jeunes gens sont naturalisés, ils seront français et soldats.
Après la débâcle et la promulgation des lois antijuives, les Eideliman se réfugient à Saint-Claude, dont les habitants selon Jacques, « étaient, pour la plupart, hostiles à l'occupant et aux hommes de Vichy ».
Moments de répit jusqu'au jour où Moïse, Etty et Sarah doivent renouveler leurs documents d'identité, la préfecture les signale à la Gestapo. Moïse, Sarah et Henri sont arrêtés avec Liliane, âgée de 4 ans, et déportés, dans le convoi 52 quittant Drancy, vers Sobibor, où ils seront assassinés.
Albert et Etty sont parvenus à s'échapper, celle-ci se suicidera peu après en se jetant dans un puits. Une plaque, au 40, rue de la Loire, invite à ne jamais oublier « ces victimes de la haine raciale ».

Sources : archives, « Deux rescapés du génocide racontent », Ed. Messidor.
Source La Nouvelle Republique
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