mercredi 12 juillet 2017

Noga Erez, le chant des possibles....

 
 

Surnommée la « M.I.A. de Tel Aviv », la musicienne Israélienne délivre avec Off the Radar une électro singulière et robotique. Et si elle explore des thèmes contemporains, elle rejette l’étiquette de chanteuse engagée pour mieux célébrer les charmes de l’altérité.....Détails......



Le titre du premier album de l’Israélienne Noga Erez, Off the Radar, a l’éclat et la concision d’un slogan choc, mais n’en demeure pas moins ouvert aux quatre vents de l’interprétation.
Un peu comme sur le toit du Point Éphémère, la salle parisienne où elle se produit le jour de notre rencontre, début mai : « C’est une ­expression à sens multiples, confirme la jeune musicienne.
Dans la chanson du même nom, je parle de la peur de l’anonymat, de passer inaperçu, du manque de reconnaissance, en somme. Mais échapper aux radars peut en même temps être un truc positif.
C’est quasiment impossible aujourd’hui et il y a quelque chose d’héroïque à ne pas se fondre dans la masse. »
Il y a aussi quelque chose d’héroïque à soutenir le regard vert grisant de Noga Erez sans rougir…
À la différence de sa musique, inclassable électro robotique croisée avec un rap neurasthénique, la chanteuse de 28 ans a une beauté qui n’échappe pas aux radars, même si elle n’en joue jamais dans ses clips sophistiqués, parfois tournés très loin de Césarée, ville du nord d’Israël où elle a grandi : « Mes parents étaient des passionnés de musique, confie-t-elle.
Des gens extrêmement aimants et encourageants qui m’ont toujours soutenue dans mes choix, voire mes lubies.
J’ai commencé par le piano, puis la guitare et je suis passée ainsi d’un instrument à un autre, avant les cours de chant. »
Cette enfance heureuse dans l’art contredit certaines humeurs ou angoisses qui traversent Off the Radar, un disque où l’on danse en même temps qu’on mitraille et où la peur est une affaire collective et totale.
On est tenté, peut-être de manière naïve, d’y déceler l’impact du conflit israélo-­palestinien.
Elle tempère aussitôt : « Il me semble que la peur est un sentiment qui peut définir notre génération, mais je ne parle en aucun cas d’Israël en particulier. J’écris depuis un lieu intime, très personnel. C’est mon ressenti que je documente. Je ne voudrais surtout pas être perçue comme une ambassadrice de mon pays. »

« Mieux connaître l’autre »

Ce souci de ne pas être réduit à sa nationalité n’a pas empêché celle qu’on surnomme parfois la « M.I.A. de Tel Aviv » d’accepter une invitation du ministère des Affaires étrangères de son pays à jouer aux Jeux de Rio en 2016 : « Ce n’était pas dans le village olympique, précise-t-elle, et il n’y avait pas de drapeau sur scène ou quoi que ce soit dans le genre. La proposition m’a plu car elle était vraiment étrange. »
Noga Erez, qui a grandi à distance de la religion dans une région où certains tentent de « l’imposer dans la vie quotidienne », cultive un regard critique sur son pays, brasse des thèmes politiques dans sa musique, mais refuse catégoriquement l’appellation « activiste » à la ville comme sur scène.
Dans l’entrelacs syncopé de beats métalliques, de basses ludiques et de mots accrocheurs conçu avec son producteur et co-compositeur Ori Rousseau, c’est tout autre chose qui se joue : une envie manifeste de démanteler les mélodies pour mieux se perdre dans l’expérimentation, quitte à frôler le trop-plein.
« À une époque, j’écrivais de manière classique des mélodies et des harmonies sur mon piano, explique la chanteuse. Mais ce n’est plus vraiment le cas. Avec Ori, on écrit les chansons en studio. En général, le beat arrive en premier et le reste se greffe autour. L’écriture se confond avec la production. »
Cette démarche particulière peut dérouter, mais jamais autant que les souvenirs qui sont à l’origine de certains titres, comme « Muezzin », marche militaire éclatée :
« Quand j’étais jeune, je vivais juste à côté d’un village musulman. Il y avait l’appel à la prière cinq fois par jour. Je l’entendais notamment quand je rentrais de l’école.
Il résonnait en moi, Israélo-juive, de façon très particulière. Dans le contexte, il me faisait peur en fait. C’était vraiment intense. Puis j’ai grandi. La nécessité d’apprendre à mieux connaître l’autre est forcément un thème important du disque », conclut la chanteuse.
Il est surtout nécessaire de découvrir la musique de Noga Erez.

Off the Radar, de Noga Erez (City Slang), album disponible



Source GQ Magazine
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