mercredi 18 janvier 2017

La Sayeret Matkal : des Soldats de légende

 
 
Considérée comme la meilleure unité de combat israélienne et l’une des meilleures unités d’élite des forces spéciales au monde, la Sayeret Matkal se pose comme le fleuron de Tsahal....



Dans la nuit du 9 au 10 avril 1973, une embarcation israélienne approche des côtes de Beyrouth.
A son bord, 6 membres de la Sayeret Matkal, l’unité d’élite des forces spéciales de Tsahal, déguisés en touristes. Trois sont habillés en femme, dont Ehoud Barak – futur chef d’état-major et Premier ministre – alors âgé de 31 ans, affublé d’une perruque brune.
Attendus à quai par des hommes du Mossad, ils s’apprêtent à prendre part à un des plus brillants raids militaires jamais conduit par l’Etat. L’opération Printemps de la Jeunesse, Mivtsa Aviv Nourim, en hébreu, lancée à Beyrouth et à Sidon, au Liban, ou l’élimination, dans leur lit, de quelque 50 hommes haut placés de l’OLP, dont l’adjoint de Yasser Arafat, Abou Youssef.
Menée conjointement par la Sayeret Matkal, une unité de parachutistes et un commando des forces navales, elle s’inscrit dans un plan de bien plus grande envergure, Colère de Dieu, qui vise à éliminer les auteurs du massacre des Jeux Olympiques de Munich l’année précédente, où 11 athlètes israéliens avaient été abattus par des membres de l’OLP.
En ce début des années 1970, la Sayeret Matkal signe parmi certains de ses plus beaux faits d’armes.

Un des plus notables n’étant autre que l’Opération Tonnerre – plus tard rebaptisée Opération Yonathan en hommage à Yonathan Netanyahou qui y laissera la vie – quand ce commando d’élite, accompagné par une centaine de soldats et appuyé par la brigade Golani, parvient à libérer les passagers juifs du vol Air France 139, détourné par quatre terroristes.
Depuis, l’unité a signé d’autres nombreux exploits et essuyé quelques échecs. Comme le sabotage de 14 avions de ligne arabes à Beyrouth, en 1968 ; le raid sur l’Ile verte, au nord du canal de Suez, en 1969 ; le sauvetage des otages du vol 571 de la Sabena, en 1972; la reconquête du mont Hermon des mains des commandos syriens, dans le cadre de la Guerre de Kippour, en 1973 ; ou la tentative ratée de sauver l’otage Nahshon Wachsman, en 1994.

Pour l’essentiel, ses actions restent inconnues du public. Car même si elle constitue aujourd’hui un maillon officiellement établi de l’armée israélienne, ses actions demeurent sous le sceau du secret.

Se fondre en territoire ennemi

Quand elle voit le jour en 1957, un an après la brigade parachutiste, la Sayeret Matkal est rattachée au renseignement militaire Aman, avant d’opérer de façon indépendante.
C’est le légendaire Abraham Arnan, ancien combattant du Palmah, qui crée ce bataillon modelé sur le SAS britannique, dont il emprunte la devise, Who Dares Wins (Qui ose gagne).
Les premières recrues sont pour la plupart des Juifs sépharades, formées par des pisteurs bédouins pour ressembler et penser comme des Arabes.
Aujourd’hui, avec ses 200 commandos à temps-plein, l’élite des forces spéciales israéliennes, la Sayeret Matkal est considérée comme la meilleure unité de combat de Tsahal, et l’une des meilleures unités de forces spéciales au monde. Sobrement surnommée “l’Unité” dans les rangs de l’armée, elle ne répond aux ordres que de l’état-major, à qui elle est directement rattachée.
Forte de son propre budget et de son propre fonctionnement, elle conçoit, planifie et prépare seule ses opérations, jouit d’une liberté totale d’action, et n’a besoin que du feu vert final des leaders du pays pour se lancer sur le terrain. Ses principales missions consistent en des actions de contre-terrorisme et de reconnaissance, mais elle se consacre d’abord et avant tout à la collecte d’informations, en particulier derrière les lignes ennemies. Elle peut aussi être en charge de missions spéciales, de secours ou de rapatriement d’otages en dehors des frontières d’Israël.
On lui prête par exemple une tentative d’assassinat de Saddam Hussein en 1992, ou un important raid sur Baalbeck au Liban, lors de la Seconde guerre du Liban à l’été 2006.
Son influence au sein de l’armée est tout sauf négligeable. Ce sont ses hommes qui ont développé en Israël les techniques d’infiltration de commandos par hélicoptère.

Et c’est également eux, suite à leur usage intensif des pistolets Uzi, qui ont convaincu les Industries militaires de développer un modèle de mitraillette avec crosse rabattable.

Entraînement intense

Au cours des premières années, l’existence de l’unité est gardée secrète et nombre d’Israéliens en ignoraient l’existence jusqu’à leur incorporation dans l’armée.
Combattants et commandants sont triés sur le volet, piochés individuellement dans les différents corps de l’armée, et choisis en fonction de leurs compétences. Ce n’est qu’à la fin des années 1970, quand elle  se dévoile officiellement, suite à ses succès, qu’elle va s’ouvrir aux candidatures volontaires.
Depuis, c’est un vaste camp de sélection connu pour ses conditions extrêmes, tests rigoureux et examens physiques éprouvants, dont beaucoup sortent à la limite de l’épuisement.
Les aspirants soldats, sous surveillance constante de médecins et psychologues, sont amenés à aller au bout de leurs limites.
Pour les rares choisis, l’aventure commence avec une formation de 20 mois. Les 4 premiers mois consistent en un entraînement commun avec les soldats de la brigade parachutiste, suivis d’un entraînement spécifique qui les soumet à des épreuves physiques intenses.
En point d’orgue : une marche éreintante de 120 kilomètres, la fameuse marche du Béret, au terme de laquelle les jeunes enrôlés reçoivent le fameux béret Rouge, emblème de l’unité (mais également celui des parachutistes).
Par la suite, les membres de la Sayeret Matkal prennent le cap d’une base du centre du pays pour une formation spécialisée.
Au menue : maniement des armes légères, arts martiaux, 15 semaines de navigation dans le désert, entraînement anti-terroriste, séances de camouflage, formation de tireurs d’élite de Tsahal, maniement de l’équipement uniquement dédié à cette unité, exercices de repérage, et tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour bien utiliser pour survivre derrière les lignes ennemies.
Une bonne partie de l’entraînement consiste en des missions de reconnaissance longue distance, avec l’accent mis sur le développement d’aptitudes de navigation et d’orientation, de première importance pour l’unité.
Si beaucoup de ces exercices sont pratiqués en duo, pour des raisons de sécurité, la Sayeret Matkal est l’une des rares unités de Tsahal à conduire des exercices de navigation en solitaire.
En situation réelle, la pratique n’est pas sans risque. Tant pis pour celui qui se perd ou se casse la jambe.
En 1988, une recrue avait trouvé la mort dans un exercice en solitaire au critère Ramon. Et en 2008, Tamir Nubuani, un jeune Bédouin de la Sayeret Matkal, avait aussi péri lors d’un exercice de navigation dans le Néguev.

Un pour tous, tous pour un

Pour autant, n’allez pas croire que les mem­bres de l’Unité soient tous des Hercules au physique d’Apollon. Non, mais ils ont tous un talent caché. Dans les rangs de la Sayeret Matkal, on peut trouver le soldat tout en muscle aussi bien qu’une recrue de petite taille.
Ehoud Barak, surnommé en interne “la brunette”, pour sa prédisposition à se déguiser en femme, était  capable de déjouer n’importe quel cadenas dans le monde en moins de 8 secondes.
Aujourd’hui, nombre des recrues sont à l’image du combattant-type de Tsahal : de jeunes Israéliens de souche, issus des moshavim ou kibboutzim du nord du pays, et pétris d’idéologie.
On aime à dire que l’unité se compose de ceux qu’on ne remarque pas forcément au premier regard. Ils peuvent être bruns ou blonds, aux yeux verts ou marrons, mais tous sont déterminés.
Pour les hommes de la Sayeret Matkal, il n’y a pas de problème sans solution. Lors de la formation, chacune des recrues est kidnappée par des anciens déguisés en terroristes, malmenés et interrogés.
Leurs supérieurs veulent tester leur résistance et savoir lesquels d’entre eux peuvent “craquer”.
Ehoud Barak, qui a intégré l’unité en 1969 avant d’en assurer le commandement de 1971 à 1973, est incontestablement un acteur emblématique de la Sayeret Matkal.
On lui reconnaît son charisme et sa bravoure. Son leadership s’est révélé très innovant et inspirant pour ses hommes dont il a su booster la confiance pour en faire une force d’une efficacité redoutable. Si Barak s’est orienté vers une carrière politique, il n’est pas le seul. Benjamin Netanyahou – tout comme ses frères, Iddo et Yonathan – est passé par la case Sayeret Matkal.
Ou encore l’ancien ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, et l’actuel, Moshé Yaalon.
C’est un fait, Netanyahou aime s’entourer de ses anciens frères d’armes, toutes générations confondues, pour gérer la Défense du pays. Il reste ainsi fidèle à l’esprit de fraternité institué par Avraham Arnan qui voulait que ses hommes ne forment qu’un. Comme une grande confrérie du secret.

Source Israel Magazine
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