mardi 20 septembre 2016

Dordogne : ils ont sauvé deux jeunes enfants juifs








À titre posthume, le couple Lamargie a reçu dimanche, à Sorges, le titre de Justes parmi les nations pour son action exemplaire durant l’Occupation. C'est une maison modeste, bordant la route nationale 21, dans le bourg de Sorges (24). C'est ici que deux jeunes Juifs, Liliane Wecksler, 7 ans, et son frère cadet Jean, 3 ans, ont vécu dans la clandestinité de 1941 à la Libération sous la protection de Jean Lamargie, artisan plombier, et de son épouse Rachel....





Pour sauver ces enfants de la déportation, ce couple a risqué sa vie.
Un seul Sorgeais un peu trop zélé, dans cette commune qui comptait alors 1 100 habitants, aurait pu dénoncer les Lamargie qui, savait-on partout, n'avaient jamais eu d'enfant.
Mais personne n'a parlé. Liliane et Jean, qui avaient dû se séparer de leurs parents entrés dans la Résistance, n'ont pas été cachés dans l'anfractuosité d'un escalier, ni dans une cave obscure en attendant des jours meilleurs. Ils ont pu rejoindre les bancs de l'école et s'inscrire au catéchisme au vu et au su de tous.


Au risque de leur vie


Il n'empêche que Jean et Rachel Lamargie avaient recueilli les deux enfants en prenant un risque phénoménal. La torture, la déportation et la mort auraient pu leur faire payer leur audace.
La rédaction vous conseille  Dordogne : qui es-tu, mystérieux silure ? 
Un morceau d'histoire qui est bien sûr resté gravé profondément dans la mémoire de Jean Wecksler (sa sœur Liliane est décédée). Soixante-dix ans après la Libération, il s'est démené pour que le couple Lamargie, aujourd'hui décédé et enterré à Sorges, soit honoré à titre posthume du titre de Justes parmi les nations, la plus haute distinction honorifique délivrée par l'État d'Israël à des civils, qui récompense ceux qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs.





L'histoire gravée dans le marbre


C'est pourquoi, à l'initiative de la commune de Sorges-et-Ligueux-en-Périgord et du Comité français pour Yad Vashem, représentés par le maire Jean-Jacques Ratier et le délégué régional Gérard Benguigui, une cérémonie à la mémoire de Jean et Rachel Lamargie était organisée dimanche matin à Sorges. Elle s'est déroulée en présence de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, préfète de la Dordogne, et Colette Langlade, députée.






Jean Wecksler assistait à la manifestation au cours de laquelle Ronit Ben-Dor, ministre conseiller aux affaires politiques auprès de l'ambassade d'Israël, a remis à titre posthume aux Lamargie la médaille et le diplôme de Justes parmi les nations.
Une cérémonie émouvante à laquelle 200 personnes ont assisté. Et désormais, deux plaques gravées dans le marbre, apposées sur l'ancienne maison des Lamargie et à la mairie, rappellent pour la postérité le courage de ceux qui ont recueilli, caché et sauvé de la déportation deux enfants juifs, non par héroïsme, mais parce qu'il fallait le faire.

Source Sud-Ouest