jeudi 29 septembre 2016

Au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn veut lever le soupçon d’antisémitisme





Quand Jeremy Corbyn s’est installé à la tribune devant l’affiche des Amis travaillistes d’Israël, mardi 27 septembre au soir, smartphones et tablettes se sont soudain levés pour saisir cette image inattendue. Jamais sans doute la réception traditionnellement organisée par l’association lors du congrès du Labour n’avait attiré autant de monde....





Alors que M. Corbyn, vieux militant propalestinien, est accusé de faiblesse à l’égard d’expressions d’antisémitisme au sein du parti qu’il dirige, nombre d’adhérents du Labour sont venus tout spécialement.
« Je suis ici pour soutenir mes camarades juifs, montrer ma solidarité en ces temps incertains », expliquait Sarah Clark, une médecin de 31 ans, militante à Londres.
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Prenant la parole entre Michal Biran, députée travailliste à la Knesset, et Mark Regev, l’ambassadeur d’Israël à Londres, Jeremy Corbyn a aligné quelques platitudes sur la paix, la justice et la stabilité. Mais il a surtout parlé de « solution à deux Etats » et de son « opposition à toute forme d’antisémitisme où que ce soit » dans le Labour.
« Il a fait des progrès : l’an dernier, il n’était même pas arrivé à prononcer le mot “Israël” », se réjouissait Neil Nerva, élu municipal travailliste.


« Manipulation »


Depuis que M. Corbyn a pris les rênes du parti, les accusations de dérapages antisémites se sont multipliées.
Plusieurs députés qui avaient dénoncé ces pratiques affirment avoir été injuriés et une dirigeante de Momentum, le courant pro-Corbyn du Labour, a été suspendue temporairement pour avoir affirmé que des financiers juifs étaient responsables de la traite négrière.
Parry Mitchell, un lord juif du Labour, a démissionné en accusant Jeremy Corbyn d’avoir « laissé l’antisémitisme infester le sommet de notre parti ». Mais certains militants estiment que le sujet a fait l’objet d’une « manipulation » pour tenter de déstabiliser le dirigeant très à gauche.
« Je ne pense pas que Jeremy soit antisémite, mais certains dans le parti croient que, sous prétexte qu’il défend les Palestiniens, ils peuvent dire n’importe quoi », tempère Daniel Cousins, un consultant de 31 ans. Alors que traditionnellement les juifs britanniques étaient massivement favorables à la gauche, ils ne seraient plus que 8 % dans ce cas, selon un récent sondage.


Source Le Monde