vendredi 27 mai 2016

Haftara Behoukotaï : Nos véritables racines




Dans cette haftara, le prophète Jérémie compare celui qui a foi en Hachem à celui qui ne met sa confiance que dans l’homme. Tandis que le premier est comme un arbre planté près des eaux, dont le feuillage est toujours vert, et qui continuera, même pendant les sécheresses, de porter ses fruits, le second sera comme arbrisseau dans le désert, voué à la stérilité (Jérémie 17, 5 à 8)...







Texte de la Haftara :


Éternel, ma force et mon appui, mon refuge au jour de la détresse ! Les nations viendront à toi des extrémités de la terre, Et elles diront : Nos pères n’ont hérité que le mensonge, De vaines idoles, qui ne servent à rien.
L’homme peut-il se faire des dieux, Qui ne sont pas des dieux ?
C’est pourquoi voici, je leur fais connaître, cette fois, Je leur fais connaître ma puissance et ma force ; Et ils sauront que mon nom est l’Éternel.
Le péché de Juda est écrit avec un burin de fer, Avec une pointe de diamant ; Il est gravé sur la table de leur cœur, Et sur les cornes de vos autels.
Comme ils pensent à leurs enfants, ainsi pensent-ils à leurs autels Et à leurs idoles d’Astarté près des arbres verts, Sur les collines élevées.
Je livre au pillage ma montagne et ses champs, tes biens, tous tes trésors, Et tes hauts lieux, à cause de tes péchés, sur tout ton territoire.
Tu perdras par ta faute l’héritage que je t’avais donné ; Je t’asservirai à ton ennemi dans un pays que tu ne connais pas ; Car vous avez allumé le feu de ma colère, Et il brûlera toujours.
Ainsi parle l’Éternel : Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, Qui prend la chair pour son appui, Et qui détourne son coeur de l’Éternel !
Il est comme un misérable dans le désert, Et il ne voit point arriver le bonheur ; Il habite les lieux brûlés du désert, Une terre salée et sans habitants.
Béni soit l’homme qui se confie dans l’Éternel, Et dont l’Éternel est l’espérance !
Il est comme un arbre planté près des eaux, Et qui étend ses racines vers le courant ; Il n’aperçoit point la chaleur quand elle vient, Et son feuillage reste vert ; Dans l’année de la sécheresse, il n’a point de crainte, Et il ne cesse de porter du fruit.
Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ?
Moi, l’Éternel, j’éprouve le cœur, je sonde les reins, Pour rendre à chacun selon ses voies, Selon le fruit de ses œuvres.
Comme une perdrix qui couve des oeufs qu’elle n’a point pondus, Tel est celui qui acquiert des richesses injustement ; Au milieu de ses jours il doit les quitter, Et à la fin il n’est qu’un insensé.
Il est un trône de gloire, élevé dès le commencement, C’est le lieu de notre sanctuaire.



Prière de Jérémie


Toi qui es l’espérance d’Israël, ô Éternel ! Tous ceux qui t’abandonnent seront confondus. -Ceux qui se détournent de moi seront inscrits sur la terre, Car ils abandonnent la source d’eau vive, l’Éternel.
Guéris-moi, Éternel, et je serai guéri ; Sauve-moi, et je serai sauvé ; Car tu es ma gloire.



Analyse :


Une Michna des Pirqei avoth (3, 17) développe comme suit cette idée : « Rabbi El‘azar ben Azarya a enseigné : Celui dont la sagesse est plus grande que les actions, à quoi ressemble-t-il ?
A un arbre dont les branches sont nombreuses et les racines clairsemées, et le vent vient et le déracine et le jette sur sa face.
Car c’est ainsi qu’il est écrit : “Et il sera comme un arbrisseau dans le désert, qui ne jouit pas de ce qui est bon, qui se trouve sur un terrain aride dans le désert, sur un sol salé et inhabitable.”
Mais celui dont les actions sont plus nombreuses que sa sagesse, à quoi ressemble-t-il ? A un arbre dont les branches sont peu nombreuses et ses racines touffues.
Même si tous les ouragans du monde grondent sur lui, ils ne peuvent pas le faire bouger de sa place, comme il est écrit : “Et il sera comme un arbre planté auprès des eaux, dont le feuillage est toujours vert, et qui continuera, même pendant les sécheresses, de porter ses fruits ” »
Cette primauté que confère cette Michna à l’action sur la sagesse est comprise par Tossafoth yom tov dans le même sens que celle que donne une autre Michna (Avoth 1, 17) : « Ce n’est pas l’érudition qui est l’essentiel, mais l’action. »
En d’autres termes, les véritables racines de l’homme, celles qui lui procurent son épanouissement, ce sont ses actes et non l’accumulation d’un savoir.


Source Massorti et Chiourim