mardi 26 janvier 2016

Gaza : Le Hamas, 10 ans au pouvoir et un triple échec





Le 25 janvier 2006, le Hamas se présentait pour la première fois aux législatives en Palestiniennes, et l’emportait à plate couture sur le Fatah du président Mahmoud Abbas....Analyse de 10 ans de pouvoir du Hamas...





1. Une Palestine coupée en deux


Il y a dix ans, le Mouvement de la résistance islamique (Hamas), la branche palestinienne des Frères musulmans, fondée par le cheikh Yassine (mort en 2004), remportait les élections au Conseil législatif palestinien.
Un petit mois plus tard, l’un de ses dirigeants, Ismaël Haniyeh, était nommé Premier ministre par le président Mahmoud Abbas, issu du Fatah (nationaliste et laïc) de feu Yasser Arafat.
Jamais auparavant le Hamas n’avait participé aux élections désignant une instance de l’Autorité palestinienne : il considérait que cela aurait indirectement légitimé les accords d’Oslo (1993).
Dès son arrivée au pouvoir, le Hamas réitère son refus de reconnaître Israël et d’abandonner la lutte armée.Conséquences : le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, cesse tout contact avec l’Autorité palestinienne et de nombreux pays –États-Unis en tête– suspendent leurs subventions à l’Autorité palestinienne, dirigée par un mouvement qu’ils considèrent comme terroriste.
Très vite, le ton monte entre le Fatah et le Hamas et tourne à la confrontation armée dans la bande de Gaza, bastion des islamistes.
Le 15 juin 2007, la Force exécutive, police créée par le Hamas, mène ce qui s’apparente à un coup d’État local, et prend seule les rênes à Gaza. Les dirigeants du Fatah se réfugient en Judée-Samarie, de nombreux cadres du parti laïc sont arrêtés.


2. Une démocratie à l’arrêt


Dix ans après, toutes les tentatives de réconciliation sont restées lettre mortes. Il y a, de facto, deux Palestine : la bande de Gaza administrée par le Hamas, et la Judée-Samariegérée par l’Autorité palestinienne, elle-même dominée par le Fatah.Dans la bande de Gaza, le Hamas a instauré un quasi un régime de parti-unique, plaçant ses fidèles dans tous les rouages.
Le parti islamiste, qui dénonçait la corruption du Fatah, a aujourd’hui pris le contrôle des trafics, opérés en particulier via les tunnels creusés sous la frontière (bouclée) avec l’Égypte.
En dix ans des centaines de militants du Fatah ont été arrêtés, torturés, ou bien sont intimidés. Des milliers d’autres sont désoeuvrés, l’Autorité palestinienne leur ayant interdit de travailler l’administration islamiste.
Enfin, faute d’accord entre les factions, la démocratie palestinienne s’est arrêtée : il n’y a plus eu, depuis 2006, d’élections législatives ou présidentielle.


3. Une bande de Gaza exsangue


Le million et demi d’habitants de Gaza est soumis, depuis l’avènement du Hamas, à un blocus terrestre et maritime total, de la part d’Israël qui contrôle tout ce qui est importé dans la bande de Gaza.
Depuis le coup d’État du maréchal Sissi en Égypte, en juillet 2013, la seul point d’accès « arabe » à Gaza s’est lui aussi fermé. Sissi loge le Hamas palestinien à la même enseigne que les Frères musulmans égyptiens, qu’il a renversés : il les considère tous comme terroristes.
Après 10 ans de pouvoir du Hamas, la bande de Gaza est exsangue.
Surtout, la bande de Gaza a été victime de trois campagnes de bombardements israéliens : Pluies d’été en 2006, en représailles à l’enlèvement du soldat Gilad Shalit ; Plomb durci (décembre 2008-janvier 2009) et Bordure protectrice (juillet-août 2014), en riposte à des tirs de roquettes. Ces trois campagnes militaires israéliennes ont fait au total plus de 3500 morts, rasé des centaines d’habitations et détruit de nombreuses infrastructures.
En revanche, l’Etat d’Israël, dont la charte du Hamas prévoit toujours la destruction, est toujours là avec à sa tête le gouvernement le plus nationaliste de son histoire, qui poursuit une colonisation à marche forcée en Judée-Samarie.


Source Ouest France


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