mardi 28 avril 2015

Budget : quelles marges de manœuvre pour 2015 et 2016 ?

 
Analyse. De bons indicateurs économiques attendent le prochain ministre des Finances: une dette publique réduite, une croissance du PIB soutenu, etc. Tout juste sorti de festivités de son soixante-septième anniversaire, Israël est reparti à la recherche d’une coalition gouvernementale. L’homme qui prendra les rênes des Finances, Moshe Kahlon, bénéficiera d’un environnement macro-économique que ses prédécesseurs pourraient lui envier...


CROISSANCE SOUTENUE

Malgré les 50 jours de guerre à Gaza durant l’été 2014, l’économie israélien n’a rien perdu de sa vigueur. Après avoir récupéré les pertes de la guerre (estimées à 0,3% du PIB), la machine économique a retrouvé son dynamisme. Au 4e trimestre 2014, l’économie d’Israël a même connu un rythme record de croissance annuelle, de l’ordre de 7%.
Sur toute l’année 2014, le taux de croissance aura été de 2,8%, notamment tirée par la consommation des ménages (+4,1%).
En fait, toute une série d’indicateurs est au beau fixe comme impôts, emploi, tourisme, sans compter l’inflation qui a été négative (-1%) au cours des 12 derniers mois.
Sous l’effet de l’augmentation des recettes fiscales, le déficit public est resté contenu à 2,6% en mars dernier. Pour 2015 et 2016, la Banque d’Israël table sur une hausse du PIB de 3,2% et 3,5% respectivement.

DETTE PUBLIQUE EN BAISSE

Dans ce contexte favorable, le ministère des Finances vient de publier une autre bonne nouvelle : le rapport dette/Pib a encore baissé de 0,5 point pour tomber à 67% à la fin 2014. Ce succès est d’autant plus surprenant qu’en 2014, Israël a fait face à un conflit militaire qui l’a contraint à accroître ses dépenses militaires de 7 milliards de shekels tout en perdant 3,5 milliards de PIB.
Le rapport dette/Pib est l’indicateur le plus significatif pour déterminer le classement international de crédit d’un pays : Israël se trouve en bonne place parmi les 34 pays de l’OCDE qui affichent un taux d’endettement moyen de 94%.
Les gouvernements israéliens précédents se sont fixés l’objectif de ramener le taux de la dette à 60% d’ici à 2020. Reste à savoir si cet objectif sera réalisable sans augmentation de la fiscalité comme le recommandent les experts de la Banque d’Israël.

BUDGET BIANNUEL ?

À s’en tenir aux indicateurs macro-économiques, le futur Grand Argentier Moshe Kahlon aurait la tâche facile.
En revanche, il devra gérer les fonds publics avec rigueur pour régler les grands dossiers qui restent ouverts (comme le prix des logements et les inégalités sociales), sans augmenter les impôts. Le pari sera d’autant plus difficile à tenir que la pratique du budget biannuel sera sans doute ressuscitée pour 2015 et 2016, mais aussi pour 2017 et 2018.
On se souvient que la dernière expérience d’un budget qui a couru sur deux années (2013 et 2014) s’était soldée par un échec cinglant : dans l’impossibilité de réaliser des prévisions fiables sur deux ans, le ministère des Finances s’était résolu à apporter des correctifs budgétaires successifs, pour un montant global de 30 milliards de shekels, soit 10% des dépenses publiques.
En l’absence d’une synchronisation totale entre les recettes fiscales et les dépenses publiques, un budget biannuel durant les quatre prochaines années pourrait élargir significativement le « trou budgétaire » d’Israël, c’est-à-dire accroître les dépenses imprévues et dont le financement n’est pas assuré.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley