dimanche 29 mars 2015

Les Français sur les campus israéliens


Ils sont rares ceux qui s’immergent brutalement dans la société israélienne. Comme leurs aînés, les étudiants français semblent privilégier un plongeon en douceur dans cette nouvelle réalité qu’ils ont adoptée. Pour Amélie Hababou, directrice “Information et Orientation” du Centre National des Etudiants Francophones (CNEF), c’est la meilleure manière de s’intégrer...


« Il serait en effet irréaliste de demander à des jeunes d’absorber une culture, un mode de vie et une langue différents tout en entreprenant un cursus universitaire de haut niveau.
S’entourer d’un petit cocon à la française pendant un ou deux ans permet d’éviter les écueils sans empêcher une intégration réussie » explique cette professionnelle de l’intégration estudiantine.
Principalement localisés dans les universités et écoles de Jérusalem, Bar Ilan, Hertzlya et Netanya sans oublier le Technion de Haïfa, les étudiants français sont estimés à environ 1500 par année universitaire. Un chiffre qui devrait selon les spécialistes doubler d’ici les 2 prochaines années.
Une arrivée que deux nouveaux pôles universitaires montants - l’université d’Ariel et l’école d’ingénieurs de Beersheba – encouragent en proposant des formules d’accueil adaptées aux Français.
Celles-ci se traduisent notamment par la possibilité de faire une année préparatoire (avec oulpan intensif) à l’issue de laquelle les étudiants, sur présentation de notes excellentes, sont dispensés de passer les examens psychométriques. Le fameux sésame pour l’université qui représente souvent un obstacle pour les Français.
 Des efforts que le Technion n’a plus à faire. 150 étudiants français y font leur cursus, et là-bas une véritable vie francophone étudiante est organisée. « Ils sont en réseau permanent !
Dès qu’un nouveau Français arrive, il est immédiatement “repéré” par les différents acteurs francophones locaux pour être inclu dans cette grande famille qui propose des chabbat pleins, des mentors pour les études ou des aides financières si besoin est » explique Amélie.
Bénéficier des expériences des plus anciens, d’un soutien spécifique et d’un entourage accueillant représente des atouts presque indispensables pour les jeunes Français.
Ainsi pour David, en 1e année de sciences sociales à Bar Ilan. « Il faut avouer qu’on est un peu perdu quand on débarque sur une université israélienne. Peut-être le serait-on aussi sur un campus en France, toujours est-il que la possibilité de rencontrer des autres jeunes dans la même situation et d’avoir des interlocuteurs professionnels rassure et surtout fait économiser beaucoup de temps.
On s’échange des bons plans, on étudie ensemble, on se serre les coudes au moment des examens tout en prenant soin de nous intégrer avec les autres étudiants israéliens. On sait pourquoi on est là. Entreprendre des études supérieures en Israël implique forcément un désir de s’intégrer parfaitement. Mais cette intégration peut aussi être progressive ».
Selon Amélie, au bout de deux ans, les étudiants français volent de leurs propres ailes dans la société israélienne. « La première année, ils participent à notre barbecue de Yom Haatsmaout, la seconde, ils reviennent parce que « c’était sympa la dernière fois », la troisième année ils prennent une voiture avec des copains israéliens pour de nouvelles expériences. Et nous avons atteint notre but ! ».

Plutôt que de se fondre dans la masse, les étudiants français semblent privilégier la vie en bande. Une caractéristique qui s’accentue au fil des années. « On est confronté à une jeunesse francophone, qui s’identifie comme totalement israélienne mais qui n’est pas pressée de s’insérer dans la société israélienne.
Les réseaux sociaux encouragent le maintien du lien culturel avec la France. La question se pose de savoir si finalement l’intégration nouvelle génération ne consiste pas à conserver sa culture tout en vivant ici, comme deux parallèles possibles ».
Source Actuj