jeudi 28 août 2014

Faire son allyah en Haute Galilée dans les années 1900


Vous rêvez de retrouver le feeling des premiers ‘haloutsim, ces pionniers qui s’installèrent en Israël envers et contre tout plus d’un demi-siècle avant la création de l’Etat ? Mettez le cap sur la Haute Galilée, et venez visiter la ferme Dubrovin dans la vallée du ‘Houlé, à une dizaine de kilomètres au nord de Roch Pina...


En 1904, Yoav Dubrovin et sa famille quittent la Russie et se dirigent vers la Palestine alors sous contrôle turc. A l’origine, les Dubrovin sont des chrétiens qui observent le Chabbat et qui, finalement, se convertiront au judaïsme peu après leur arrivée en Israël. Yoav Dubrovin, qui avait déjà une vaste connaissance de l’agriculture, décide de s’installer près de la communauté agricole de Yessod HaMa’ala créée en 1884 par des immigrants polonais de Mezeric et Brisk. Le nom de Yessod HaMa’ala (littéralement : « le fondement de la montée ») fait référence au retour d’Ezra vers Jérusalem, quand il ramena sur leur terre les Hébreux au terme de leur exil à Babylone. D’ailleurs, les restes d’une ancienne synagogue attestent qu’une communauté juive avait existé dans la région quelque 1600 ans plus tôt.

Force de caractère
Yoav Dubrovin, âgé alors de 64 ans, se rend aussitôt acquéreur de 650 dounam de terres sur lesquelles il construit, aidé de ses 4 fils, sa propriété, comprenant des maisons d’habitation, une cuisine, des logements destinés aux ouvriers, quelques hangars, une écurie, une étable et un grenier. Rien n’est pourtant facile : leurs terres font face aux marais du ‘Houlé, infestés de moustiques, vecteurs du paludisme et de la terrible malaria. De plus, les colons sont régulièrement l’objet d’attaques de la population arabe locale. A un moment où le moral était particulièrement faible, le baron Edmond de Rothschild leur fournira des eucalyptus, réputés pour leur capacité à absorber de grandes quantités d’eau. Ils seront plantés dans la région et contribueront à drainer la vallée. Dans ces conditions difficiles, les Dubrovin réussiront à établir une exploitation prospère. Et en 1922, la famille Dubrovin reçoit le premier prix du concours agricole organisé à Rosh Pina. Connus dans la région pour leur force de caractère, les Arabes hésitent à les provoquer. Et si les Dubrovin parlent entre eux russe, Yoav écrit dans ses mémoires : « J’ai une consolation dans ce monde : celle de voir les plus jeunes parmi les miens ou ceux nés ici s’exprimer en hébreu. »

La terrible malaria
La malaria va alors attaquer les membres de la famille, qui sera frappée par plusieurs décès. Agé à ce moment-là de 93 ans, le père Yoav Dubrovin déclare à ses enfants : « Mes fils, ne pleurez pas sur les morts. On ne peut deviner les intentions de D.ieu, béni soit-Il. Quant au matériel, ne savez-vous point que je ne suis justement pas venu en Terre d’Israël, dans l’intention d’y faire fortune. Les temps durs ont une fin. Rappelez-vous que, même durant les souffrances les plus dures que nous ayons connues, pas un parmi vous n’a même pensé à quitter la Terre d’Israël. Mes fils, je sais que vous m’êtes fidèles, que vous vivrez encore de longs jours et que vous serez les témoins du fruit de votre labeur et de l’aide de Dieu, béni soit-Il. » Mais la situation sanitaire est trop grave et sur ordre des médecins, la famille se sépare et s’installe à Roch Pina. Les filles se marient et fondent des familles dans différentes régions du pays. Seul le fils aîné, Its’hak Dubrovin, va rester sur les lieux et continuera à s’occuper des terres, des troupeaux et des cultures. Il y habitera jusqu’à 1968, faisant alors don de sa propriété au KKL, à qui son père avait acheté la terre plus d’un demi-siècle plus tôt.
S’émerveiller
Aujourd’hui, la ferme Dubrovin (tél. 04-693 73 71, entrée 10 sh) est devenue un musée, un lieu symbolique et un endroit très agréable à visiter pour s’y reposer et rendre hommage aux efforts surhumains de ceux qui ont lutté pour viabiliser une région hostile et aride. Des jardins paysagers et des bancs en bois ont été placés dans des coins ombragés. Les visiteurs découvriront le puits et la roue à eau de la ferme. Un parcours pédagogique explique comment on produisait du pain à partir du blé récolté dans les champs. Un film de 20 minutes retrace l’épopée de ces courageux immigrants. On peut même y organiser des mariages, et s’émerveiller des multiples grappes de raisin muscat, aux grains bleus qui pendent sous la ‘houpa. La rénovation de la ferme a été financée par un certain nombre d’organismes gouvernementaux, l’Autorité Réserve naturelle, le Fonds Rothschild et la famille Feher de France.

Source Hamodia