lundi 31 mars 2014

Israël: le processus de paix au bord de la rupture


Les consultations se sont intensifiées dimanche pour tenter de sauver les négociations israélo-palestiniennes, au bord de la rupture en raison du refus d'Israël de relâcher un dernier groupe de prisonniers palestiniens...



Le sort du processus de paix «pourrait être une question de jours. Ou bien nous résolvons le problème ou bien le processus explosera», a averti dans la matinée le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou devant les ministres de son parti, le Likoud (droite nationaliste).
Ces déclarations surviennent au moment où le secrétaire d'État américain John Kerry s'efforce de maintenir sur les rails les pourparlers, menacés par un contentieux jusqu'à présent insurmontable sur la libération par Israël de prisonniers palestiniens.
«Quoi qu'il arrive, il n'y aura aucun accord tant qu'Israël ne saura pas clairement ce qu'il gagnera en échange. Et si accord il y a, il sera soumis au vote du cabinet pour approbation», a promis M. Netanyahu.
Le président Shimon Peres, en visite en Autriche, a déclaré de son côté que les parties «travaillaient sans discontinuer afin de parvenir à une percée dans les discussions». «J'espère qu'il y aura des développements positifs dans les négociations dans les jours prochains», a-t-il ajouté.
Selon un responsable palestinien, Israël a proposé dimanche au président palestinien Mahmoud Abbas un projet d'accord pour relancer les négociations. M. Abbas devait examiner la proposition israélienne, a-t-il précisé.
Interrogé, un responsable israélien s'est refusé à détailler la proposition mais a répondu à l'AFP que «maintenant les Palestiniens ont besoin de répondre s'ils veulent poursuivre les négociations».
Les consultations entre les deux parties se poursuivaient dans la soirée à Jérusalem, selon une source palestinienne.
Le refus d'Israël de procéder samedi comme prévu à la libération d'un groupe de 26 prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations de paix, relancées en juillet 2013 sous l'égide des États-Unis, a compliqué encore davantage la tâche de M. Kerry.
La porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki, a réaffirmé dimanche qu'«aucun accord n'a été atteint sur la libération des prisonniers».
«Nous continuons à travailler intensivement avec les deux parties», s'est-elle bornée à répéter.
John Kerry, en visite à Paris pour rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, s'est entretenu dimanche au téléphone avec le Premier ministre israélien, selon des sources officielles américaines.
Par ailleurs, le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a salué «les efforts déployés» par M. Kerry  et le président Barack Obama dans le processus de paix, au cours d'une rencontre dimanche avec le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey. M. Yaalon avait précédemment vivement critiqué la politique étrangère américaine, s'attirant les foudres de Washington.
Les Américains tentent de convaincre Israéliens et Palestiniens de prolonger jusqu'à la fin de l'année ces négociations de paix qui, après bientôt neuf mois, n'ont permis aucun progrès.
Un haut responsable gouvernemental israélien a accusé samedi les Palestiniens de «créer des difficultés».
«Israël a intérêt à continuer les négociations de paix avec les Palestiniens et est disposé à mettre en oeuvre la quatrième phase de libération de terroristes condamnés», a déclaré à l'AFP ce responsable, sous couvert de l'anonymat.
«Mais les Palestiniens créent des difficultés quand ils disent que sitôt les prisonniers libérés, ils stopperont les pourparlers», a-t-il argué.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a répété qu'il refusait toute discussion sur une éventuelle prolongation des pourparlers tant que le dernier contingent de prisonniers n'aurait pas été relâché.
La direction palestinienne se réunira lundi soir à Ramallah, en Cisjordanie, pour discuter de la suite à donner au refus israélien.
«Je crois qu'Abou Mazen (Mahmoud Abbas) a donné aux Israéliens jusqu'à demain pour répondre. Le cas échéant, les Palestiniens prendront les décisions qui s'imposent quant à la poursuite des négociations», a déclaré dimanche Mohammed Chtayeh, un dirigeant du Fatah, le parti nationaliste de M. Abbas.
Selon l'accord signé au moment de la reprise des négociations en juillet, la direction palestinienne s'engageait à suspendre pendant neuf mois toute démarche d'adhésion aux organisations internationales, y compris à des instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, en échange de la libération en quatre phases de 104 prisonniers par Israël. 78 ont déjà été libérés.
«Israël essaie désormais de nous faire payer le prix de la libération de ce quatrième groupe en exerçant le plus grand chantage possible. Mais nous ne céderons pas à ce genre de chantage», a prévenu M. Chtayeh.

Source La Presse