lundi 27 janvier 2014

Elbit, Zim : Des Firmes Israéliennes Veulent une Restructuration de Leurs Dettes


Nouvelle vague d’effacement de dettes : après IDB et Africa-Israel, c’est au tour de Zim et Elbit de demander un moratoire à leurs actionnaires. En Israël, ce phénomène porte un nom : « tisporet » ou « coupe », comme chez le coiffeur ; autrement dit, on coupe dans les dettes des entreprises, et tant pis si les actionnaires trinquent. Au mieux, il s’agit d’une restructuration de la dette, au pire d’un effacement pur et simple d’une partie de la dette. La « tisporet » n’est pas une nouveauté dans le milieu des affaires, mais elle est de plus en plus fréquente : les patrons israéliens n’hésitent pas à faire appel à la générosité de leurs petits actionnaires pour les aider à redresser les comptes de leur entreprise.

GESTION IMPRUDENTE
Le moratoire de dettes des entreprises existe dans de nombreux pays mais en Israël, cette pratique semble être devenue un instrument de gestion pour les entreprises : pour faire face à leur surendettement, de plus en plus d’entreprises israéliennes proposent à leurs créanciers des plans de redressement, incluant souvent un effacement d’une grande partie de leurs passifs.Paradoxalement, la vague de « tisporet » déferle au moment où l’économie israélienne ne se porte pas trop mal. Seulement voilà : certains patrons se sont montrés imprudents dans leurs investissements, conduisant des fleurons de l’industrie israélienne à une accumulation des dettes tandis que les banques décidaient d’un assèchement du crédit. L’heure est donc aux négociations entre, d’un côté les entreprises, de l’autre leurs actionnaires et établissements bancaires.
À QUI LA FAUTE ?
Pourquoi les entreprises israéliennes, et les grands consortiums en particulier, sont-elles de plus en plus nombreuses à demander un moratoire de leurs dettes ? Dans certains cas, il s’agit de sauver les sociétés du redressement judiciaire et de la liquidation (comme Ampal) ; dans d’autres, il s’agit de leur donner une bouffée d’oxygène afin d’alléger le montant de leurs échéances ou de rééchelonner leur échéancier (comme Zim). Pour les plus solides d’entre elles (comme Delek), il s’agit plutôt de sécuriser des lignes de financement afin de saisir les opportunités de rachats.Dans le cas de la faillite d’une entreprise, les responsables sont au moins deux : le patron et les banques. Les patrons israéliens d’abord, qui n’ont pas vu venir la crise internationale : ils ont effectué des investissements hasardeux et mal géré leur trésorerie. Les banques ensuite, qui « ne prêtent qu’aux riches » : trop souvent, elles ont accordé des crédits sans contrepartie et sans garanties suffisantes.
ENDETTEMENT RECORD
Résultat : ce ne sont pas seulement les banques qui paieront, mais aussi le petit actionnaire qui a investi ses économies dans des obligations d’entreprise. L’endettement record a été établi par le consortium Africa-Israel de Lev Levaiev : il y a quatre ans, l’entreprise a renégocié sa dette de 7,6 milliards de shekels (1,5 milliard d’euros). Le quart de ce passif a été effacé et le solde des échéances a été rééchelonné.Puis ce fut au tour de Yitzhak Techouva de renégocier une dette de 2,1 milliards de shekels (420 millions d’euros), dont la moitié a été effacée. Et tout récemment, deux autres ex-fleurons de l’économie israélienne ont demandé une restructuration de leur dette : Elbit (électronique) qui affiche un passif de 2,5 milliards de shekels, et Zim (transport maritime) dont les actionnaires israéliens détiennent des obligations insolvables pour un montant de 1,4 milliard de shekels.
NOUVELLE VAGUE
Ces derniers mois, c’est Nohi Dankner qui a demandé le moratoire d’une grande partie de son endettement ; dans le cadre de la cession de son entreprise IDB à deux repreneurs, Eduardo Elsztain et Motti Ben-Moshe, il propose l’effacement de 70 % de la dette d’IDB évaluée à 1,8 milliard de shekels.Pour certaines de ces entreprises en difficultés financières, un second réaménagement de la dette sera nécessaire, après l’échec du premier plan de restructuration. C’est le cas de Zim ou Africa-Israel, qui ont déjà bénéficié en 2010 d’un rééchelonnement de leur échéancier : aujourd’hui, les dirigeants de Zim (la famille Ofer) demandent l’effacement de la moitié de la dette financière de l’entreprise.