lundi 25 novembre 2013

« La capacité nucléaire de l'Iran n'est pas entamée par l'accord »


Selon les services israéliens, l'accord de Genève intervient alors que la République islamique est «déjà au seuil nucléaire». Un responsable estime que l'Iran pourrait se doter de 5 à 7 bombes d'ici à un an. Sur le nucléaire, un «accord intermédiaire permettrait à l'Iran de gagner beaucoup en renonçant à peu», prévenait, il y a quelques jours, un responsable haut placé dans les services de renseignements israéliens. Surtout, insistait cette source, tout compromis n'incluant pas un arrêt total de l'enrichissement de l'uranium par l'Iran continuera de faire peser la menace de la poursuite de son programme nucléaire militaire.


De la part de la communauté internationale, une telle concession serait une «erreur historique», ajoutait ce haut responsable - les mots mêmes utilisés dimanche matin par Benyamin Nétanyahou pour condamner l'accord de Genève.
D'après les services israéliens, l'interdiction faite à l'Iran d'enrichir l'uranium à plus de 5% n'annule pas les capacités de ce pays de se doter à l'avenir de la bombe atomique. «Cela aurait pu être significatif il y a deux ou trois ans, ça ne l'est plus aujourd'hui compte tenu des capacités atteintes par l'Iran», précise ce spécialiste israélien. La République islamique disposerait actuellement d'un stock d'uranium enrichi de 3,5 à 5% et d'environ 20.000 centrifugeuses. En clair, explique cet expert, l'arrêt de l'enrichissement de l'uranium à 20% ne ferait que retarder «de trois à quatre mois» le processus menant à l'enrichissement à 90%, nécessaire pour acquérir l'arme atomique, si Téhéran souhaitait relancer sa course à la bombe.
L'accord entre le groupe «5+1» et l'Iran intervient alors que ce pays est «déjà au seuil nucléaire», affirme le haut responsable des services israéliens. Selon lui, l'Iran pourrait se doter de 5 à 7 bombes nucléaires d'ici à un an. Dans un avenir estimé de 3 à 7 ans, la production annuelle pourrait être de 25 bombes, ce qui permettrait à Téhéran d'avoir 100 à 200 bombes à l'horizon d'une décennie. Les services israéliens s'alarment également des performances croissantes des missiles iraniens susceptibles d'emporter l'arme atomique. L'arsenal susceptible de frapper Israël s'élèverait déjà à «plusieurs douzaines» de missiles. «D'ici à deux ans, les Iraniens auraient la capacité de frapper l'Europe et dans trois à six ans, leurs missiles balistiques intercontinentaux seraient en mesure d'atteindre la côte Est des États-Unis», affirme la bonne source israélienne.
D'après celle-ci, l'arrêt des travaux de la centrale d'Arak, avec sa filière au plutonium, permet à l'Iran d'engranger sur-le-champ des bénéfices en termes de levée des sanctions sans rien concéder dans l'immédiat. Car de toute façon, la mise en marche du réacteur en construction dans l'usine d'Arak n'aurait pas pu intervenir avant dix mois. Par ailleurs, si l'allégement des sanctions va soulager l'économie iranienne étranglée, la logique des sanctions laborieusement mises en place depuis dix ans risque d'être durablement affaiblie. «S'il faut remettre la pression, cela sera très difficile», estime le haut responsable israélien.
Les «services» israéliens déplorent aussi que l'accord de Genève revienne à «légitimer, au moins pour les six prochains mois», les activités d'enrichissement de l'Iran «en violation du traité de non-prolifération et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU». Les responsables iraniens n'ont pas manqué de se féliciter du texte signé dans la nuit de samedi à dimanche en estimant qu'il reconnaît leur droit à l'enrichissement. Un prétexte dont nombre d'observateurs craignent qu'il ne soit utilisé par des pays comme la Turquie, l'Arabie saoudite ou l'Égypte pour se doter à leur tour de l'arme nucléaire. «L'accord avec la Corée du Nord en 2007 était un mauvais accord et ce pays dispose actuellement de 5 à 20 bombes atomiques», souligne la source israélienne. «Mais là, il ne s'agit plus d'un problème régional, ajoute-t-on, puisque l'Iran prétend changer l'équilibre global de la puissance entre l'islam et le reste du monde».

Source Le Figaro