mercredi 27 novembre 2013

Hanouka : L'histoire d'un combat et d'un miracle


A priori, tout le monde connaît l'histoire de 'Hanouka : la victoire des faibles contre les forts, l'inauguration du Temple souillé par les Grecs, le miracle de la fiole d'huile... Mais qu'en est-il du contexte historique de 'Hanouka ? Pourquoi Antiochus Épiphane était-il si déterminé à briser le peuple juif ? Quel processus historico-culturel a abouti à l'émergence des Juifs hellénistes ? L'inauguration du Temple a-t-elle signifié la fin des combats ?


L'Histoire est comme un écheveau qu'il faut démêler pour comprendre l'origine de certains évènements. Dans certains cas, il suffit de remonter quelques mois en arrière, dans d'autres, ce sont plusieurs siècles qu'il faut traverser pour clarifier le contexte historique de l'évènement.
Pour comprendre ce qui s'est passé le 25 Kislev de l'an -164 avant l'ère vulgaire, il nous faut remonter plusieurs siècles auparavant en -515, avec le retour d'une petite partie des exilés juifs de Babylone et la construction du Second Temple dans sa version " minimaliste ". À partir de cette période et pendant près de deux siècles, l'autonomie juive restaurée en Eretz Israël jouit de tous ses droits religieux. La conquête de la Perse par Alexandre le Grand marque une nouvelle ère dans les relations entre le peuple juif et son occupant et Alexandre accorde aux Juifs une entière liberté de culte.
Mais l'idylle entre les Grecs et le peuple juif se termine avec la mort d'Alexandre le Grand et le partage de son territoire entre trois de ses généraux. Antigone se voit confier la Grèce, Ptolémée reçoit l'Égypte et Séleucos va obtenir la Syrie et Eretz Israël.
Les débuts de la dynastie des Séleucides sont favorables aux Juifs qui continuent de jouir de leurs droits au sein de leur autonomie partielle. Antiochus III accorde même des dons substantiels au Beth-Hamikdach. Mais très vite, l'énorme décalage entre la culture grecque et la culture juive entraîne des conflits de plus en plus fréquents et de plus en plus sanglants.
Les Grecs ont du mal à accepter que ce petit peuple ne s’intègre pas totalement à leur civilisation et n'adopte pas ses coutumes.
Lorsqu'Antiochus IV Épiphane - Antiochus l'éclairé - ou Antiochus Épimane - Antiochus le dément, comme l'appelaient ses serviteurs - accède au pouvoir, il est pris d'une obsession quasiment maladive : celle de faire régner la culture grecque sur toutes ses provinces. Et ce sont tout particulièrement les Juifs qui sont visés. Humilié suite à une défaite diplomatique face à l'Empire romain, Antiochus, sur le chemin du retour vers la Syrie, passe par la Judée et Jérusalem. C'est contre la population autochtone qu'il va laisser libre cours à sa colère et à sa frustration.
Il engage des mercenaires à qui il confie une mission : celle d'imposer son diktat aux Juifs et de leur interdire de respecter le Chabbat et la néoménie, et de procéder aux circoncisions. Les villages sont brûlés, leurs habitants passés au fil de l'épée, les morts se comptent par milliers.
À Jérusalem, le 15 Kislev de l'année -167, l'armée grecque pénètre dans le Temple. Antiochus s'empare de tous les ustensiles du Beth-Hamikdach. Le 25 du même mois, un sacrifice étranger est offert sur l'autel.
Cependant, la culture grecque et helléniste attire de plus en plus de Juifs qui adoptent ses coutumes, s'habillent comme des Grecs, changent de patronymes, abandonnent peu à peu la Torah.
Au sein de la prêtrise, la corruption et l'hellénisme font rage. Certains grands prêtres, qui faisaient office d'ambassadeurs et de précepteurs du roi, deviennent de plus en plus débauchés et dépravés. Ils forment peu à peu le noyau dur des Mityavnim, les hellénisés, avec l'aide de deux sectes, les Sadducéens et les Boethusiens.
Un de ces hellénistes, Jason, achète la grande prêtrise et fait construire un gymnase tout près du Temple, ainsi qu'une académie où sont enseignées les matières profanes. Au lieu de servir D.ieu, les Cohanim préfèrent aller voir les combats grecs.
C'est à cette époque qu'a lieu un épisode qui nous est relaté dans le livre des Maccabim : un village entier est décimé après avoir refusé de se battre contre les soldats grecs durant le jour du Chabbat. Lorsque Matityahou, le Cohen Gadol qui habite le village de Modiin, apprend la nouvelle, il décide que cette stratégie est une véritable menace pour la pérennité du peuple juif. « Si tout le peuple décide d'agir de la même manière que nos frères et refuse de livrer bataille contre les Goyim pour préserver nos lois et nos vies, nous allons disparaître de la surface de la terre ». Matityahou et sa famille décident alors de se battre.
Cette décision sera la première étincelle de la révolte. Quelques jours plus tard, lorsque des soldats grecs, accompagnés par des Hellénistes, se rendent à Modiin et exigent de Matityahou qu'il fasse un sacrifice aux dieux grecs, Matityahou refuse. Un Helléniste prend les devants et Matityahou sort une dague qu'il avait dissimulée sous sa robe et le tue. Il lance son cri de guerre : '' Mi Lachem Elaï '', que ceux qui sont avec Hachem soient avec moi ! Et les habitants juifs passent les soldats grecs au fil de l'épée.
À ses débuts, la révolte vise uniquement à rendre aux Juifs leurs droits religieux et la liberté de culte. Les Hasmonéens ne pensent même pas qu'ils sont capables de vaincre la puissante armée grecque et encore moins de redonner son indépendance politique au peuple juif.
Mais les miracles se suivent et, bataille après bataille, les insurgés parviennent à repousser l'ennemi, d'abord sous la houlette de Matityahou, puis de son fils, Yéhouda Hamaccabi.
L'armée de Yéhouda Hamaccabi compte 3 000 hommes. Conscient qu'il ne réussira pas à vaincre les grecs par des méthodes '' classiques '', Yéhouda entame une politique de guérilla. Il prend l'ennemi par surprise et réussit à le vaincre.
Et c'est ainsi qu'en -164, l'armée de Yéhouda Hamaccabi parvient à reconquérir Jérusalem.
C'est là qu'a lieu le miracle de la fiole d'huile et que le Beth-Hamikdach est purifié. Le 25 Kislev, trois ans jour pour jour après qu'un animal impur ait été sacrifié dans l'enceinte du Temple et des siècles après la complétion des travaux du Tabernacle dans le désert au temps de Moché Rabénou, le Beth-Hamikdach est inauguré et la royauté revient en Israël, sous l'égide de la famille des Hasmonéens.
Mais les combats ne s'arrêtent pas là. Au contraire. Durant 27 ans, les combats font rage et ce n'est qu'en -140 que les Grecs sont intégralement repoussés d'Eretz Israël. Shimon, le dernier fils de Matityahou, est nommé roi de Judée. La dynastie des Hasmonéens règnera sur Israël durant plus de 200 ans.
C'est ainsi que se termine l'histoire de 'Hanouka, l'histoire d'un miracle, celui de la victoire, mais aussi celui de la royauté reconquise.

Source Chiourim