mercredi 30 octobre 2013

Mercedes, une petite fille juive


Le surnom donné à la petite Adrienne Jellinek, petite-fille d'un rabbin brillant et distingué, deviendra plus tard le nom du véhicule de prédilection des Nazis. Adrienne Manuela Ramona Jellinek est née, troisième enfant -mais première fille- , au foyer d'Emil Jellinek et Rachel Goggman Cenrobert le 16 septembre 1889. Son grand-père n'était autre que Rabbi Aharon Adolf Jellinek, probablement le rabbin et commentateur le plus connu de son temps à Vienne; il était un grand érudit de la littérature midrashique et mystique.


C'est lui, le premier, qui postule que le Zohar, le texte principal de la Kabbale (écriture ésotérique de la Torah), a été écrit par au XIIIème siècle par Moïse de Léon, contrairement à la thèse établie depuis des siècles qui attribuait ce travail monumental à Shimon bar Yochaï (IIème siècle).
Deux des trois fils d'Adolf Jellinek, Georg et Max, sont professeurs d'université, le premier en Droit, le dernier en Philologie.
Son troisième fils, Emil, pas intellectuel pour deux sous -ni même bon élève-, est envoyé au Maroc au début des années 1870 où, grâce aux bons offices d'un ami de son père, il occupe un emploi dans le corps diplomatique.
Il enchaînera plusieurs emplois consulaires en Algérie où il rencontrera sa future épouse Rachel Goggman Cenrobert, une juive d'Algérie.
Pendant quelque temps, Emil travaille avec le père de Rachel dans sa société d'exportation de tabac algérien vers l'Europe, puis la famille déménage en Autriche et Emil commence à travailler pour une compagnie d'assurance, tout en continuant à vivre sa vie de bon vivant.
Adrienne, née à Vienne, sera très vite surnommé affectueusement "Mercedes" (qui signifie "miséricorde" en espagnol).
Un surnom qui lui restera.
Sa mère, Rachel, meurt alors qu'elle n'a que quatre ans, en 1893.
Le décès de sa femme n'empêche pas Emil de mener grand train.
Il passe les hivers à Nice et s'y passionne pour les voitures de course.
Il commence d'ailleurs à constituer constitue une "écurie" qui baptisera … Mercedes.
Il change à cette époque officiellement son nom en Jellinek- Mercedes.
Parallèlement, il poursuit sa carrière diplomatique et devient consul général de son pays à Nice…tout en commençant à vendre des voitures aux riches célébrités qui se pressent de toute l'Europe sur la Riviera française, où ils acquièrent des villas.
Il commence à représenter la Daimler Motoren Gesellschaft et devient peu à peu le plus important vendeur de la Riviera.
Il rend visite à Stuttgart aux créateurs et dirigeants de l'entreprise, Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach, les inventeurs du moteur à combustion, pionniers de la construction automobile et de camions, leur envoyant régulièrement des notes de suggestions et plaintes sur leurs produits.
En avril 1900, Emil Jellinek- Mercredes, qui jouit d'une influence grandissante dans la société, et Daimler conviennent que la société doit concevoir un nouveau moteur qui sera appelé Daimler-Mercedes.
La première voiture avec le nouveau moteur Mercedes, le modèle de course de 35 chevaux développé par Wilhelm Maybach, sort des ateliers fin 1900 et le premier exemplaire en est livré en gare de Nice le 22 décembre 1900 au baron Henri de Rothschild (au prix de 550.000 Marks, soit l'équivalent de 3 millions d'euros au cours actuel).
En mars 1901, Jellinek participe à plusieurs courses en une seule semaine et gagne, à chaque fois... à bord de la nouvelle Daimler-Mercedes.
Paul Meyan, le directeur de l'Automobile Club français, déclare: "Nous sommes entrés dans l'ère Mercedes".
Emil Jellinek continue quelques années encore à représenter Daimler mais il se consacre de plus en plus à son action diplomatique.
Pendant la Première Guerre mondiale, ses biens sont confisqués par la France et lui-même et sa seconde épouse sont accusés d'espionnage.
Il meurt le 21 janvier 1918, en France.
Adrienne "Mercedes", sa fille, a entretemps épousé un baron autrichien dont elle a eu deux enfants.
Le couple est ruiné par la Première Guerre mondiale et Mercédès en est réduite à mendier dans les rues.
Après avoir quitté son mari, elle se remarie avec Rudolf von Weigl, un baron… lui aussi sans sans le sou.
Mercedes finit ses jours rongée par un cancer des os et meurt le 23 février 1929, à l'âge de 39 ans.
En 1926, la société Daimler qui continue à exploiter le moteur Mercedes, fusionne avec la société Benz et continue à appeler ses voitures Mercedes-Benz.
Elles deviendront les voitures allemandes par excellence.
Sept cent soixante-dix modèles de luxe en seront commandées par le régime nazi pour équiper toute son appareil.
Adolf Hitler savait-il seulement que la superbe limousine qui le transportait partout devait son mystérieux patronyme à la petite-fille d'un autre Adolf, Rabbi Aharon Adolf Jellinek ?
Là voilà sans doute, la vraie miséricorde !


Source Israel Infos