mardi 27 août 2013

Israel Meir Lau, l'enfant de Buchenwald passe le relais


Pour la majorité des Israéliens, Israel Meir Lau est d'abord l'un des plus jeunes survivants du camp de concentration de Buchenwald. L'incroyable parcours de « Loulek »  - son surnom polonais - a été révélé dans une autobiographie best-seller Ne lève pas la main sur l'enfant (Ndlr : publiée en 2010 en français sous le titre « Loulek »). L'ancien grand rabbin ashkénaze d'Israël, originaire de Pologne, est âgé d'à peine huit ans lorsqu'on le retrouve sous une pile de cadavres à la libération du camp. Son père, Moshe Chaim Lau, lui-même rabbin de la ville de Piotrkow, vient de périr dans l'enfer de Treblinka, sa mère a été gazée dans le camp de Ravensbruck. Seul survivant de sa famille avec son frère Naphtali Lau-Lavie, il rejoint la Palestine alors sous mandat britannique en 1945.

Affichant un parcours sans faute, Israel Meir Lau est considéré comme un rabbin très consensuel, non sans raison. Doté de réelles qualités d'orateur, ce personnage de la vie publique israélienne appartient à la 38ème génération d'une chaine familiale ininterrompue de rabbins... Après avoir étudié dans plusieurs écoles talmudiques d'élite -  comme Kol Torah et Ponevezh - il reprend le flambeau à vingt-trois ans. Ordonné rabbin en 1961, il épouse la fille du Grand rabbin de Tel-Aviv, poste qu'il occupera à son tour entre 1988 et 1993, puis à partir de 2005, après avoir officié comme rabbin de la ville côtière de Netanya.
Son élection en 1993 au rang de grand rabbin d'Israël lui permet d'affirmer sa vision de « sioniste modéré ». Entretenant des liens cordiaux avec les ultra-orthodoxes, il se présente comme l'une des rares figures du monde juif religieux à bénéficier à la fois du soutien du public sépharade et ashkénaze, des laïcs et des Juifs de la Diaspora. Sa rencontre avec Jean-Paul II l'année de son élection, la première jamais organisée entre un grand rabbin d'Israël et un chef du Vatican depuis la création de l'Etat hébreu, fera date. Elle coïncide avec la signature des accords d'Oslo et fait écho aux efforts pour relancer le processus de paix dans la région.

 


Sur le plan intérieur, certains détracteurs font valoir qu'en dépit de son image progressiste, Israel Meir Lau s'est toujours rangé du côté des défenseurs de la ligne dure de l'orthodoxie, peu sensibles aux aspirations des Israéliens favorables au mariage ou au divorce civil. Pas de quoi ternir sa réputation. L'homme croule sous les honneurs, dîne à la table de la Reine d'Angleterre, s'entretient avec les grands de ce monde de Fidel Castro à Nelson Mandela. En 2006, son nom est même avancé parmi les candidats possibles à la présidence de l'Etat juif. En 2008, il est nommé président de Yad Vashem, le grand mémorial de la Shoah, situé à Jérusalem, par le gouvernement israélien. Récipiendaire du prix Israël pour sa contribution à la société israélienne, il reçoit en 2011 la légion d'honneur des mains de Nicolas Sarkozy pour ses efforts en matière de promotion du dialogue interreligieux.
L'ultime preuve de la popularité d'Israel Meir Lau a été fournie cet été, à l'issue de l'élection fin juillet de son fils David, le rabbin de la ville de Modi'in, au poste de grand rabbin ashkénaze d'Israël. Avec son chapeau noir et ses relations harmonieuses avec le monde haredi, le nouveau titulaire du poste prend le relais, sans faire de vagues et dans la continuité de sa lignée rabbinique. A l'image de son homologue sépharade, Yitzhak Yossef, l'autre gagnant du scrutin, et qui doit lui aussi marcher dans les traces de son père, le chef spirituel du mouvement Shass, Ovadia Yossef.

Source Faits Religieux