lundi 27 mai 2013

Au secours, je ne suis pas une vraie mère juive !



Lorsque ma charmante ado me lance « en fait t’es vraiment pas une mère juive ! », mon sang ne fait qu’un tour et je sens dans cette phrase a priori anodine du reproche et de la désolation. Je ris jaune et me demande comment je dois la prendre : compliment ou reproche à demi voilé ?

Et pourtant …
C’est vrai, je ne suis pas une vraie mère juive.
Oui, j’assume.

Quand bébé, elle ne finissait pas son biberon, ça ne m’inquiétait pas et je ne courais pas aux urgences voir ce qui n’allait pas chez elle.
Je n’ai jamais pensé à vérifier si son pédiatre (formidable) était vraiment le meilleur de tout Paris. C’est pourtant ce que ma belle-mère exigeait que je fasse.
Enfant, je la laissais aller dormir chez des amis sans même avoir vérifié le casier judiciaire des parents.
Lorsque ma fille a un petit rhume, je peux la laisser seule sans scrupule pour aller au cinéma.
Lorsqu’elle ne sort pas en combi de ski quand il fait 15 degrés à Paris, je n’ai pas peur qu’elle « attrape la mort ».
Je ne me lève pas le matin aux aurores pour préparer son petit déjeuner. De toute façon, elle ne mange rien et n’ouvre pas la bouche. Et je ne suis pas matinale.
Certains jours, notre frigo est tristement vide et je ne trouve pas ça très grave. Un petit régime n’a jamais fait de mal à personne.
Lorsqu’elle rentre tard d’une soirée, je ne l’attends pas en robe de chambre devant la porte d’entrée avec des soupirs de mourante.
Je ne crois pas qu’on attrape froid quand on est pieds nus chez soi.
Je ne veux pas qu’elle devienne médecin, polytechnicienne ou avocate.
Je ne lui ai pas transmis de recettes de cuisine.
Quand ma fille me reproche de ne pas être une vraie mère juive, je sens son dépit. Pour elle, être une « vraie » mère juive, c’est faire preuve d’un amour étouffant.
Pourtant, je sais bien que je lui ai transmis l’essentiel : névrose, hystérie et sentiment de culpabilité. Alors oui, je suis une vraie mère juive, mais je le cache.
Mais ma chérie, ne t’inquiète pas, je serai, c’est promis, une vraie grand-mère juive.

Source JewPop