lundi 4 mars 2013

Turquie : la stratégie Erdogan, faux modéré et vrai extrémiste



Le premier ministre turc, que seuls les naïfs européens qualifient de "musulman modéré", est un grand habitué des déclarations extrêmes envers les Juifs, Israël, les Européens, la France, les Arméniens, l’Occident, ou même l’ex-Pape Benoît XVI.

Depuis que les révolutionnaires islamistes fossoyeurs du “printemps arabe” ont appliqué victorieusement la stratégie du "cheval de Troie" d’Erdogan (islamiser le pouvoir en instrumentalisant la démocratie), le premier ministre turc, très apprécié des Frères musulmans, se verrait bien en nouveau Calife universel. C’est dans ce contexte et pour séduire les masses arabo-islamiques que, le 2 mars dernier, à l'occasion d'une réunion de l'ONU à Vienne consacrée au "dialogue des civilisations”, il a assimilé le sionisme à "un crime contre l'humanité", déclarant : “comme c'est le cas pour le sionisme, l'antisémitisme et le fascisme, il devient inévitable de considérer l'islamophobie comme un crime contre l'humanité”. Préférant plaire à ses électeurs islamistes et aux pro-palestiniens du monde entier plutôt qu’aux démocrates onusiens et occidentaux, Erdogan savait qu’il allait choquer le secrétaire d'État américain John Kerry et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, rencontrés à cette occasion et qui ont dénoncé les propos. En réalité, Erdogan a une fois de plus confirmé qu’il n’a jamais renié son idéologie islamiste radicale de jeunesse, composée d’une forte dose de haine envers Israël, d’une judéophobie à peine dissimulée derrière l’antisionisme; d’un rejet de l’Occident judéo-chrétien et d’un mépris total envers une Europe vieillie et culpabilisée, d’où le fait que lorsqu’il rentra à Istanbul en janvier 2005 après avoir arraché aux dirigeants européens l’ouverture des négociations Turquie-UE, ses centaines de milliers de fans l’accueillirent aux cris de "Ghazi" (conquérant ») de l’Europe, tels les Sultan-Califes ottomans d’antan…

En réalité, le Premier ministre turc, que seuls les naïfs européens qualifient de "musulman modéré", est un grand habitué des déclarations extrêmes envers les Juifs, Israël, les Européens, la France, les Arméniens, l’Occident, ou même l’ex-Pape Benoît XVI, “chef des croisés", qu’il traita avec arrogance après le discours de Ratisbonne, injustement qualifié d’"islamophobe". Et contrairement à l’image fausse qu’ont tenté de livrer nos journalistes et politiques depuis l’accession de l’AKP (le parti islamiste d’Erdogan) au pouvoir en 2002, Recep Taiyp Erdogan est familier des déclarations violentes et des dérapages électoralement contrôlés. Rappelons qu’en janvier 2009, "réagissant" à l'opération militaire israélienne "Plomb durci" dans la bande de Gaza, Erdogan maltraita devant les caméras de télévision l'actuel président israélien Shimon Peres (Prix Nobel de la Paix 1994), lors du forum de Davos, lui lançant brutalement : "Quand il s'agit de tuer, vous savez très bien tuer", et quittant théâtralement le Forum en claquant la porte... Le 31 mai 2010, à l’occasion de l'abordage par l’armée israélienne d'un convoi humanitaire affrété à destination de Gaza par une association islamiste turque (IHH) soutenue par le parti d’Erdgan, au cours de laquelle 9 militants turcs furent tués, Erdogan dénonça le "terrorisme d’Etat" d’Israël, alors qu’il avait lui-même poussé les Israéliens à la faute en sponsorisant la "flotille de Gaza", composée d’extrémistes et partie depuis un port illégal de la partie Nord de Chypre.

Pour séduire les islamistes anti-israéliens les plus radicaux, Erdogan a tenu à dédouaner moralement le Hamas, qui contrôle Gaza, estimant que ce “n’est pas une organisation terroriste"... En 2011, alors qu’il avait tout fait pour qu’Ankara rejette les sanctions onusiennes contre l’Iran (sur son programme nucléaire militaire), Erdogan qualifia l’Etat hébreu de "menace pour la région" en raison de sa bombe atomique... En 2010, des câbles diplomatiques révélés par Wikileaks révélèrent que la dégradation des relations israélo turques devait beaucoup à sa haine viscérale envers Israël, qu’il accuse du "nettoyage ethnique" et du "génocide" des Palestiniens… Il est vrai que les diatribes anti-israéliennes du sultan Erdogan provoquent à chaque fois des manifestations d’euphorie en Turquie et ailleurs. Ainsi, Erdogan et sa femme Emine mirent soigneusement en scène leur enthousiasme lors de la sortie du film judéophobe et christianophobe "Kurtlar vadisi - Irak" (La Vallée des Loups), superproduction qui décrit les soldats américains lecteurs de Bibles et les Israéliens comme des tueurs de civils musulmans irakiens et turcs innocents, l’anti-héros de la superproduction étant un médecin juif orthodoxe suspect de trafics d'organes sur des prisonniers irakiens au profit d'Israël…

Source Atlantico.fr