mercredi 14 novembre 2012

Iréna Sendler : Une grande femme parmi les nations




Irena Sendlerowa, mieux connue sous le nom Sendler, s'est éteinte lundi à 98 ans.Infirmière au Bureau d'aide sociale de Varsovie dans la Pologne de 1940, celle dont le nom est resté quasi inconnu a sauvé la vie de 2 500 enfants juifs parqués avec leur famille dans le ghetto de Varsovie.Le mémorial de l'holocauste de Yad Vachèm,lui a décerné le titre de "Juste parmi les Nations" dès 1965, tandis que la Pologne a attendu l'an dernier pour lui rendre, enfin, un hommage solennel et proposer son nom pour le prix Nobel de la paix.



Cachés dans des valises,dissimulés sous des civières ou simplement glissés sous un manteau, Irena Sendler et quelques autres travailleurs sociaux autorisés à entrer dans le ghetto, ont conduit ces enfants juifs auprès de familles catholiques et de couvents prêts à les accueillir et à leur apprendre quelques prières chrétiennes pour tromper la vigilance des nazis.

Figure de la résistance polonaise,Irena Sendler a sauvé 2.500 enfants juifs de Varsovie au risque de sa vie en les faisant sortir du ghetto instauré par les nazis. "On m'a éduquée dans l'idée qu'il faut sauver quelqu'un qui se noie, sans tenir compte de sa religion ou de sa nationalité", aimait-elle à dire.

1. Juste parmi les Nations


Oskar Schindler


Iréna Sendler
Née le 15 février 1910,Irena Sendler est longtemps restée peu connue en Pologne, à l'image d'Oskar Schindler, qui est mort dans la pauvreté en Allemagne, avant que son action soit immortalisée au cinéma par Steven Spielberg. Il fallut attendre mars 2007 pour que la Pologne lui rende un hommage solennel et propose son nom pour le Prix Nobel de la Paix. Cependant, le mémorial israélien de l'Holocauste, le Yad Vashem, lui avait décerné dès 1965 le titre de Juste parmi les Nations, réservé aux non-juifs qui ont sauvé des juifs (un peu plus de 22.000 à ce jour).


2. Première métropole juive d'Europe


Enfants juifs dans le ghetto de Varsovie

elle travaillait déjà avant la guerre auprès des familles juives pauvres de Varsovie, qui était alors la première métropole juive d'Europe. La capitale polonaise abritait 400.000 des 3,5 millions de juifs de Pologne.Dès l'automne 1940, Irena Sendler a pris des risques considérables pour apporter de la nourriture, des vêtements ou des médicaments aux habitants du ghetto, que les occupants nazis avaient instauré dans un quartier de la capitale. Sur 4 km², ils y avaient entassé quelque 450.000 personnes. En raison du manque de nourriture, beaucoup sont morts de faim ou de maladie. Les autres ont été gazés au camp de la mort de Treblinka. Une poignée de survivants ont mené au printemps 1943 une insurrection désespérée avant que l'armée nazie ne rase complètement le quartier.
"Lorsqu'elle marchaitdans les rues du ghetto, Sendler portait un brassard avec l'Etoile de David, à la fois par solidarité avec les juifs et par souci de ne pas attirer l'attention sur elle", souligne le mémorial du Yad Vashem.

A la fin de l'été 1942, elle a rejoint le mouvement de résistance Zegota, (Conseil d'aide aux juifs). Elle a alors fait sortir clandestinement des enfants du ghetto qu'elle hébergeait dans des familles catholiques et des couvents. Les enfants étaient cachés dans des valises, transportés par des pompiers ou des camions à ordures, ou simplement dissimulés sous les manteaux des personnes qui avaient le droit d'accès au ghetto, comme Irena Sendler et son équipe d'assistantes sociales. Par précaution, elle notait soigneusement les noms des enfants et des familles sur des papiers qu'elle enterrait dans des bouteilles.

Quartier général de la Gestapo à Varsovie
Elle fut arrêtée chez elle le 20 octobre 1943. Au quartier général de la Gestapo, ses tortionnaires lui brisèrent les pieds et les jambes.

Mais elle ne parla pas.Condamnée à mort, elle fut miraculeusement libérée sur le chemin de l'exécution par un officier allemand que la résistance polonaise avait réussi à corrompre.
Elle continua son combat clandestin sous une autre identité jusqu'à la libération. Après la guerre, elle travailla dans la supervision des orphelinats et des maisons de retraite.


Avec les enfants des survivants
Elle a toujours pensé qu'elle n'était pas une héroïne. "Je continue d'avoir mauvaise conscience d'avoir fait si peu", disait-elle. De santé fragile, Irena Sendler était restée l'an dernier à l'écart des cérémonies qui lui rendirent hommage. Mais elle avait fait lire une lettre par une survivante, Elzbieta Ficowska, qu'elle avait sauvée tout bébé en 1942. "J'appelle tous les gens de bonne volonté à l'amour, la tolérance et la paix, pas seulement en temps de la guerre, mais aussi en temps de paix", avait-elle dit.


Source :   Universtorah